Dialogue avec le jardinier

rechab

incitation: texte de Lucien Suel - dessin-aquarelle Albert Dürer


Ce sont les oignons et les poireaux,
les salades et les tomates,
qui ont entrenu longtemps
un dialogue avec le jardinier,
même si celui-ci
se fait en silence.
Cela se mesure avec l'humus,
la sueur et l'effort,
l'origine du monde retrouvée,
la pluie bienfaitrice,
et la dorure du soleil .
Je me rappelle du chat tigré
se roulant de plaisir
dans la terre retournée :
il y avait peut être le son ténu,
que captaient ses oreilles fines ,
la lente alchimie des profondeurs,
le réveil des insectes,
et la vibration imperceptible de l'air...

Il faut attendre
sans impatience ,
que s'étirent les racines,
profitant des circonstances,
que se développent les feuilles ,
millimètre par millimètre
que les fleurs s'épanouissent,
lentement
que les fruits rosissent,
imperceptiblement
ainsi la vie suivant son cours
dans le sablier du temps,
qui peut s'inverser,
comme le chant se relâche,
parfois brusquement.
C'est ainsi qu'au détour d'une saison,
on retrouva incrusté dans le sol,
le corps du jardinier,
les plantations reconnaissantes,
lui donnant un dernier ombrage ...

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