Dirty sneakers and underwear

sandrafrzn

OS sur une musique d'Emily Wells. C'est par un de ces soirs d'automne, où le temps est ambivalent et nous rend nostalgique, que l'on finit par perdre son amour en rhapsodie.

Disclaimer : Je ne gagne rien en écrivant cet OS, et les paroles de la chanson ne m'appartiennent pas. 


   Elle marchait sur le trottoir de la gare, ses écouteurs vissés aux oreilles, le souffle court, elle tentait de reprendre sa respiration calmement. Elle profitait de l'air frais qu'offrait les soirs d'automne. Elle sentait ses poumons se remplir et se vider, et les battements de son cœur ralentir. Ses converses étaient recouvertes de terre séchée, elle se sentait sales jusqu'au sous-vêtements. Ses yeux se posèrent quelques secondes sur ses pieds, observant le mélange de boue salissant les bords. Un léger rictus se dessina au coin de ses lèvres.
   La douce vision de sa main agrippée à ses cheveux bruns, salit par le temps, lui revint à l'esprit. Elle secoua la tête, prit une grande respiration, mêlant les odeurs les plus contradictoires et reprit sa marche. Elle claqua la porte après son passage, dézippa sa veste, la jeta sur le canapé, et courra prendre une douche.

   Elle prit une rame de papier, un crayon et commença à écrire quelques lignes. Elle perdait son amour en une rhapsodie, pour en trouvait un autre dans une fabrique. Le crayon pendu aux lèvres, son doigt caressait lentement son genou. Elle pensa à ses genoux marqués de petits hématomes. Elle s'en était aperçue le soir où ils étaient allés au Multiplex de la ville, elle ne s'était pas beaucoup préoccupée du film. Elle n'avait vu que lui au milieu de cette salle comble. Encore ignorante des pots cassés qu'il traînait, et du sale con qu'il était.
   Elle repensait à tout ce qu'elle avait tenté de bâtir, ce joli bateau sur lequel ils naviguaient, jusqu'au jour où il avait décidé d'y mettre le feu et de tout laisser s'éteindre pour de bon.
Il ne jetait jamais d'eau sur ces filles en feu, il ne laissait jamais s'éteindre l'envie, comme avec elle. Au contraire, il ne l'avait pas épargné, laissant la flèche brûlante se glissait vers ses sous-vêtements.

   Ses converses sales encore aux pieds, elle s'en fichait. Tout ce qu'elle voulait s'était se sentir mieux. Se sentir bien. Ne plus penser à rien, surtout pas à lui.

    Elle les revoyait sur le parking, se serrant dans les bras, comme le font des meilleurs amis. Et pourtant, elle s'était perdue, prenant une balle au creux de sa poitrine en les regardant s'étreindre. Elle perdait son amour dans une fabrique, ne pensant plus à lui. Et elle le trouvait à nouveau dans une rhapsodie.
Ses lèvres meurtries par les coups de dents nerveux, toutes les belles paroles qu'il avait prononcées sonnaient dans ses oreilles. Elle alla se couchait, voulant oublier tout ce qui pouvait le concerner, de loin ou de près. Mais il lui était impossible de penser à autre chose.
   Des discussions ils en avaient eu, des différents ils en avaient eu quelques uns, certes. Mais ça ? Elle devait encore essayer de le digérer. Des moyens pour y parvenir ? Ils en avaient eu pleins. Elle repensait à toutes les fois où ils s'étaient vus en ville, il l'attendait au coin d'une rue, dans un café où ils avaient l'habitude d'aller. Des habitudes ? Ils en avaient trop. Le même pincement au cœur lorsqu'elle le voyait apparaître, le sourire taquin aux lèvres. Il avait toujours était très attentionné, il s'était préoccupé de ses désirs, ses passions, ses émotions. De l'amour ? Ils en avaient reçu, plus qu'ils n'avaient d'argent en poche. Elle se voyait écouter, réagir à ses réflexions piquantes, à ses compliments maladroits. Tous ces moments de joie qu'ils avaient partagé.
   La vision de ces deux meilleurs amis s'enlaçant sur le parking lui revenait en tête. Mais ce n'était pas eux. Elle voulait que son image disparaisse. Elle avait juste besoin de se sentir mieux, de se sentir bien.

   Elle retira ses converses sales, et se glissa en sous-vêtements entre les draps propres de son lit. Elle voulait simplement se sentir mieux, se sentir bien. Le vieux souvenir de son contact, de ses mains autour d'elle rejaillit. Elle s'était sentie mieux, elle s'était sentie bien. C'est tout ce qu'elle voulait. C'est tout ce dont elle avait besoin.

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