Dissident Guy Moquet

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Préambule : L'occasion m'est donnée de présenter un lieu, où si l'on y habite pas jamais on n'y poserai pied. Très loin de la bourgeoisie des quartiers voisins, ce lieu tranche à l'intérieur de mon très chèr 17ème, aussi merveilleusement qu'une cerise sur un gâteau. Bienvenue à Guy Moquet.


Que l'on m'excuse de prendre de la hauteur et d'emprunter à cet oiseau, si plaisamment installé, ses ailes. Je vous en offre aussi une paire, ainsi apprêtés nous sommes enfin prêts !

Le ciel est clair et ensoleillé, il embrasse le cœur de ce quartier qui se trouve n'être autre que les alentours de la station Guy Moquet. Du bruit, du bruit et encore du bruit. Le son des klaxons, les tasses de café qui se posent, le fromager et les primeurs qui vous interpellent comme si vaches et pomme de terres vous aviez élevé et cultivé ensemble. Les cris joyeux des enfants qui percent dans le ciel car nulle part ailleurs ne sont gâtés les enfants comme chez Guy Moquet. Des parcs et des jardins où ils peuvent souiller leurs godasses et égratigner leurs genoux à leur bon vouloir, à chaque coin de rue ils peuvent en trouver.

Le ciel n'est pas le seul à être ensoleillé, le cœur des gens l'est pareillement. Comme cet homme-ci dont je ne connais le nom. A qui il manque un toit mais qui chaque jour, salue sans faillir, d'un signe de la tête tous les habitués qui ne manquent pas de passer à côté de lui pour quitter ou regagner leurs foyers. Et cet autre, qui n'est malheureusement plu. Qui seulement pour le plaisir de jouer et animé d'une énergie folle, nous faisait sourire et nous redonner à tous notre entrain à chaque fois qu'il s'armait de son accordéon. Que ses airs nous manquent !

Si le courage nous gagne et que l'on s'aventure plus en amont, le tintamarre des commerces s'adoucit un peu pour laisser place aux rires des guillerets joueurs de pétanques. Se réunisse sur ce terrain-là tout ce que l'espèce humaine peut offrir. De l'enfant au centenaire. De l'Asie à l'Occident. Du grincheux à l'excentrique. Tous ce joyeux petit monde lorsqu'il tire ou pointe, n'a cure de ce qui l'entoure. Chaque fois que la boule quitte sa main, clameurs ou rires moqueurs accompagnent sa performance. C'est le pas et le coeur léger qu'il y vient chaque fois que l'envie lui en dit.

Il est temps de rendre leurs ailes à nos charmants oiseaux. Le reste doit être vu et senti à hauteur d'homme. On aime souvent à dire que dans la foule des gens qui passent et nous dépassent, la solitude nous envahit. Cette foule-ci ne vous ignore pas, vous faites parti d'elle. Elle se presse à vos côtés si quelques désagréments vous arrivent. Elle s'élève d'une voie rageuse si quiconque ose vous tancer. Et elle vous tient la main si seul vous ne pouvez traverser. 

Au chaud au milieu de cette foule ou bien seul, vous ne pourrez échapper aux milles odeurs qui viendront vous chatouiller le nez. Il y'en aura pour vous faire saliver. Comme ces crêpes bien chaudes, ce rôti qui tourne, cette bonne odeur de pain que l'on trouve à chaque recoin. Et d'autre pour vous transporter très loin de Paris, des fleurs aux odeurs entêtantes qui vous attireront auprès d'elle, aussi sûrement que des sirènes. 

Je ne sais ce que l'illustre courageux Guy Moquet pense de cet endroit qui porte son nom. Mais à cette station où l'on ne s'arrête jamais, Paris explose. Paris est grandiose. Ce ne sont pas les bâtisses qui font Paris et encore moins Guy Moquet, mais le cœur de ceux qui y vivent.

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