Diving #1
camishka
Je me disais que le pire, ce serait le premier jour. L'annonce terrible de cet incident qui fait tout basculer. Le choc qu'elle provoque. L'émotion à vif. Tout qui s'effondre d'un seul bloc.
Puis vint le second jour. Le noir total. Je fuis l'inactivité pour ne pas avoir à regarder en face son existence et ce vide.
Et je veux croire… j'espère que cela sera moins pire le troisième jour. Mais c'est de pire en pire. Le vide m'envahit de plus en plus. Je ne peux pas lutter. Non : pire. Je n'ai plus envie de lutter. Je me laisse dévorer par ce vide qui gagne peu à peu plus d'instants de ma vie. La moindre inattention provoque une montée irrépressible de larmes que je retiens du mieux que je peux. Mais mon corps commence à m'abandonner à son tour. La fatigue mentale et physique provoque des migraines atroces et des douleurs dans le dos. Et je m'affaiblis de plus en plus. Je cède au vide et à la tristesse. Il est de plus en plus difficile de distraire mon esprit de ce mal-être permanent, de cette indicible douleur.
A partir du quatrième jour, mes angoisses croissent dans mon cœur. La douleur commence à se passer de larme car elle s'infiltre partout dans mon corps. L'appétit diminue de façon significative. Même dans les instants passés en compagnie d'autres personnes, habituellement gages de paix, se délitent pour laisser apparaître ces angoisses. Apparaît un univers plus sombre, où rien ne peut me réjouir. Je suis de plus en plus fatiguée de lutter contre la vie. Je ne supporte plus rien. Et encore moins le lien social que je tentais d'entretenir les jours précédents pour ne pas sombrer. Je m'enferme dans ma douleur car elle est légitime. Et je la garde jalousement. Je refuse de la montrer à qui que ce soit. La confession reste coincée par je ne sais quelle force dans ma gorge nouée. Je commence à être rongé par ce qui ressemble à un trou noir, par le froid physique et mental. Je redoute de devoir me lever le lendemain alors que la journée n'est pas terminée et traîne en longueur. Je redoute l'avenir alors que je n'en ai plus. Je ne veux plus tenter de m'élever. Trop dure sera la chute. Je ne veux plus rien. Jamais.
Il y a aussi ce phénomène qui grandit en moi. Cette impression d'inutilité totale. De rater la moindre chose que j'entreprend, la moindre infime petite chose. Constater que tout le monde arrive à vivre sans moi, mieux même. Voir que, dans mon ancien travail, celui qui me remplace propose des innovations auxquelles vous n'avez jamais pensé. Qu'il me remplace dans le cœur de mes collègues et amies. Que les choses, les passions que je pouvais avoir avant ne sont plus attractives. Que les autres me renvoient tout ça au visage, sans même s'en rendre compte. Ne plus se sentir capable de reproduire ce que je faisais avant, par passion. Inutile. Invisible. Oubliée.
Très fort et touchant, les mots nous entraînent, ne nous lâchent pas, sans relâche. Très beau.
· Il y a environ 10 ans ·mamzelle-plume
Merci. C'était mon ressenti il y a quelques semaines. La suite bientôt :)
· Il y a environ 10 ans ·camishka