Dix secondes

kelen

Dans l'antichambre de nos tendresses avortées

Les cendres de nos idéaux s'étalent dans nos apartées

Il était tard quand j'ai dévié ma route

Et quand l'espoir s'est fait shooter par le doute

Dis t'entends ces flash-backs de ces coups au corps

Qui m'laissent le coeur comme du bois mort?

Ils me lacèrent de la tête au ventre, vaincue

Voici comment l'alter altère l'égo de l'inconnue

Si j'me remémore avec amertume ces nuits de paralysie

Quand j'ai débranché mon corps par instinct de survie

J'me revois prendre peur cent fois sous ces draps

Quand se teintait de haine l'éclat de sa voix

Et si aujourd'hui je pose la tête sur l'oreiller

Je ne ferme pas l'oeil, condamnée à payer

Le tic-tac de la montre vocifère encore

Seconde... Minute... Indécente chute...

Pas d'doute, coûte que coûte, t'es l'plus fort

Douze ans plus tard, ça fait toujours « chut »...

Pourtant, si tu tends l'oreille collée contre mon thorax

Tu sentiras une onde de choc, un coeur qui s'casse.

Et si l'agresseur assure, assagi, sa repentence

Au fond d'ma terreur, j'y mets toujours pas d'sens

Alors je joue et rejoue l'histoire

Déclarant qu'rien n'ébranle l'espoir

Alors j'perds mon temps et mon âme

Quand l'respect s'éclate sous leurs armes

J'ferme les yeux sur leurs sourires

Gageant que le vice apaise nos ires

Délaissant mes rêves de prince charmant

J'me contente d'arnaqueur de renom

Et à trois heures du mat', derrière les vapeurs éthyliques

Ils sont cent à m'déclarer être en phase critique

Funambules entre ciel et terre, ils luttent contre eux-mêmes

Tant de paumes béantes où s'égarent des lames à fleurs d'épiderme

Quand vous voyez un triste masochisme dans ces rencontres

Vous oubliez qu'ici, c'est un bout d'humanité qui s'conte

J'crachote mes idéaux à la con à coup de colère

Croyant à tort ou à raison que c'est tout c'que j'peux faire

A cette heure, j'serai prête à offrir ma vie pour leur salut

Oubliant presque mon sursis dans tout c'bitume...

Et quand j'tourne autour de ma colonne vertébrale

Je tangue encore et toujours dans ce vide sidéral

Et puis au milieu de nulle part, il m'électrise, brûlante

Jusqu'au soir très tard, mes douleurs se fragmentent

Tant gueuler pour toujours couler la corde au cou, fatal

Quand sa langue m'allonge dans ce corps à corps viscéral

Il ne nous reste plus que dix secondes à vivre ensemble

Un drame après dix longues années de pénombre

Dix secondes. A tout casser. Ca pourrait être pire

Y'a toujours le risque de caner sans prévenir

Dix secondes ca peut être une éternité dans ses bras

Quand ils m'enserrent et me donnent vie en un éclat.

Du bord de rien, j'ai fini au coeur de la stratosphère

En un battement d'coeur, j'ai cramé tout c'qui m'lacère

Dans mes artères, une puissance indescriptible

Un mélange de vers, de rimes et d'indiscible

J'ai transcendé ma vie et mes envies au creux et au gré d'ces pulsations

Imprimant dans mes rétines une fresque vierge des fausses notes d'antan

Zéro. Le temps est écoulé. Game over.

La parenthèse se ferme sur un battement d'ailes

J'savais bien qu'le bonheur souffre de turn-over

Une roue ne tombe jamais sur la case « éternel »

Peu importe. Pour ces dix secondes trop éphémères

J'ai trouvé un chemin de paix sur cette Terre.

Et si nos tensions s'écroulent demain comme hier

Mes espoirs, eux, brilleront toujours comme ce soleil d'hiver.

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