Do you Kaboul ?

Lisa Azorin

Viens là que je te racole !

"Arrête de te prendre la tête. On est là, cool, on passe une bonne soirée, on fait de la communication, alors détends-toi, ok ?"

Viens là que je t'accole ! Ca aurait pu être ça, la suite de cette "communication" au sommet, une scène de la vraie vie digne de Kaboul Kitchen, la pépite de Canal + avec Gilbert Melki dans le rôle de Jacky et Simon Abkarian pour incarner le colonel Amanullah, version kaboule de Maître Capello.

"Arrête de te monter le tire-bouchon, Jacky… Pourquoi tu montes comme ça sur ton grand cheval ? Depuis que je suis élu, ils m'ont donné l'humanité parlementaire, ça veut dire que je peux tuer qui je veux, quand je veux, en toute impunition. Toi, tu es, comme on dirait dans les nouvelles télévisuelles, une victime collagène. D'accord ? Viens que je te racole…"

Sérieusement, jamais vous ne vous êtes retrouvé(e) muet face aux circonvolutions et interprétations (très) libres de la langue française de votre interlocuteur ? Louable intention que de vouloir faire honneur à la richesse de notre langue en ne se restreignant pas aux formules d'usage. Encore faut-il en faire bon usage…

"La culture généraliste, c'est important ! Tu peux aller jouer à Questions pour un champion après!" Aïe… Revoilà la mer Noire…

"Il semble que l'avion roulait encore dans le ciel lors du dernier appel du pilote à la tour de contrôle." France Info, dehors !

"Elle est partie en bataille contre son proprio." Marchons, marchoooons, qu'uuuun sang impuuuur, AAbreuuuve nos sillons pon pon pon pon !

"Désolée, je ne vais pas pouvoir t'aider, je suis dans l'eau." Ah ! désolée ! J'avais oublié que tu avais piscine aujourd'hui.

"Le coeur a ses raisons qu'il connaît pas." Ah…

De grâce ! N'en jetez plus ! Communiquer repose sur une règle simple : se comprendre. Pour cela, pas besoin d'en faire des caisses. On est entre nous, donc restons simples : sujet + verbe + complément, ce sera parfait ! Pas d'esbroufe, pas de chichis, pas de tentative hasardeuse avec des expressions que tu ne maîtrises pas non plus. Sûr de toi ? A 101 % ? Raison de plus pour t'abstenir : trop de licence poétique finit par tuer le poète…

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