.Rue Rollin.

Alice C.

J'ai tellement eu le besoin de râler que j'en ai totalement oublié ma phrase de description.
"Vous pourriez vous excuser ?!"
"M'excuser de quoi madame ?"
"De m'avoir bousculée pendant votre monologue dithyrambique."
"J'aimerai bien m'excuser mais cela fait déjà des rues et des rues que je cherche mes mots pour m'excuser."
"Alors continuez à marcher s'il-vous-plaît."

J'ai continué mon monologue dans les rues de Paris, le sol mouillé faisait glisser cette paire de chaussures bon marché que j'avais dû acheter en vitesse dans un vieux boui-boui parce que les talons sont définitivement mes ennemis. J'ai donc continué à parler toute seule, essayant de trouver ce que j'aurais dû répondre une heure plus tôt à Lily. Je chuchotais de temps en temps lorsque je sentais les regards inquiets des passants qui me croisaient .

"Tu sais Lily, je pense au fond que je suis jalouse. Ouais jalouse tu m'as bien entendue. De quoi ? Mais de toi, de vous, d'eux. Pourquoi ? Mais parce que Lily, vous faites ce que vous voulez, vous quittez telle personne au bout de trois mois parce qu'il ou elle n'est plus à la mode, vous montez et démontez les boîtes dans lesquelles vous travaillez, vous vous retrouvez une fois par semaine autour d'un café, vous n'êtes pas seuls. Et moi à côté de ça je me suis enfermée. J'ai pris le chemin inverse. J'ai pris tout vos messages entre vous comme étant contre moi. J'ai parlé à des murs, des réseaux sociaux où même le roi des cons à plus d'amis que moi. J'ai eu envie de tout foutre en l'air, j'ai décidé de vous laisser venir à moi. Et regarde-moi aujourd'hui. Je ressemble à quoi ? J'ai ma tronche sur une affiche de cinéma ? J'ai mon nom sous celui du producteur de la dernière pièce en vogue ? J'ai un bouquin en top des ventes? Non. J'ai ma jalousie, ma rancœur qui passe et trépasse dans mon dos, j'ai mes courbatures d'avoir dormi des heures durant, j'ai ma gouaille qui fait une sieste à mes côtés depuis des mois. Et puis j'ai les réseaux. Ces saloperies de réseaux qui m'ont transformée en vieille dame aigrie et désagréable qui critique ce qu'elle n'a pas su faire. J'ai le bouton "supprimer des contacts". J'ai investi dans l'option ''effacer ces moments du passé pour essayer d'en créer des nouveaux''. Seulement je fais comment pour créer de nouvelles choses si j'ai personne avec qui les partager ? Alors ouais Lily j'suis jalouse et je me lamente parce que c'est plus facile d'écrire parce que c'est plus facile au fond d'son lit ou sur les quais de lâcher sa faiblesse, plutôt qu'autour d'un énième café après m'avoir tiré les vers du nez pendant deux heures. Parce que j'aurai préféré l'ouvrir et accepter qu'il faut se bouger. Parce que j'aurai voulu avoir les couilles que vous avez eu. Parce qu'aujourd'hui je suis celle qui regarde ses anciens camarades de cours avancer sans même lever le pouce bleu pour dire qu'elle aime parce que c'est trop dur d'accepter. Je suis cette personne dont on riait quand on était en cours comme quoi seulement dix pourcent d'entre nous allaient réussir les autres pourraient applaudir. "

"Excusez-moi.."
"Quoi encore ?! J'ai bousculé personne à c'que j'sais !"
"Non c'est pas ça, je me demandais seulement.. quand est ce que vous alliez continuer à me suivre. Vous êtes un peu déprimante à la fin."
  • Plus facile de tout coucher sur le papier, plutôt que de vivre sa vie...
    J'aime beaucoup ta fiction Alice !

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Tout écrire ça peut être un tremplin pour commencer à vivre sa vie..?
      Merci Louve toujours un plaisir d'avoir ton retour !

      · Il y a plus de 5 ans ·
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      Alice C.

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