Douceur d'enfance

Mini Pouce

Alors que j’étais enfant, à l’approche de l’automne j’adorais m’allonger dans les carrés de lumière du matin. L’hiver est encore loin mais il se fait déjà sentir, la luminosité faiblit mais est encore tout juste suffisante pour réchauffer mon corps tout endolorit par la nuit qui vient de s’écouler. J’aimais sentir le soleil réchauffer mes vêtements et me donner cette impression d’être encore dans mon lit douillet malgré la dureté du sol sur lequel je m’allongeais.

A chaque fois et c’était un rituel, mon chat venait lui aussi profiter de ce bout de soleil, peut-être était-il aussi amusé de me voir à sa hauteur. Je pouvais ainsi le contempler de près pendant un long moment. J’aimais voir ses grand yeux vert si expressif, la pupille s’affinait elle aussi avec la lumière gênante. J’observais chaque détail de son corps élancé à travers cette lumière blanche qui venait bientôt effacer tous les détails de ma vue. Je sentais sa pâte de poser contre mon bras, ses griffes venaient lentement se planter dans mes vêtements sans pour autant qu’il y est une douleur. Je sentais son regard posé sur moi, je me demande ce qu’il pouvait se dire. Son poil semblait doux et moelleux, je n’avais qu’une envie c’était de plonger mon nez dans son pelage et de sentir l’odeur si douce de cet animal qui avait bercé mon enfance. Il me suffisait de lui adresser la parole pour l’entendre miauler, comme une plainte pour me faire comprendre qu’aucun bruit ne devait  venir perturber ce moment de tranquillité.

Et puis le soleil tournait, il se dirigeait dans un coin de ma chambre ou je n’avais plus accès, mon chat disparaissait à d’autres occupations, le réveil sonnait pour la deuxième fois, il fallait qu’enfin ma journée commence vraiment.

J’ai parfois d’autres souvenirs comme celui-ci qui viennent se jeter dans mon esprit. C’est un peu comme quand je rentre chez mes parents et que je découvre encore l’odeur des draps propres qui viennent tout juste d’être déposé sur mon lit. Ils ont beau sentir l’adoucissant de la machine à laver, il y a aussi cette odeur de la maison, celle de votre enfance, celle qui vous emmène des années en arrières. Elle agit instantanément dans mon esprit, je me sens alors calme et reposé, je meurs d’envie d’être cette petite fille qui appelait sa maman pour se plaindre des vilains sorts de la vie ou pour simplement attirer ses faveurs.

Aujourd’hui je me rappelle des bruits de mon animal de compagnie, qui dans sa cage le soir faisait des pirouettes, ses bruits me rassuraient car ils étouffaient ceux de la nuit. Je me souviens du goût de la fleur d’oranger que ma mère glissait dans mon lait du soir afin de m’apaiser et de me souhaiter une douce nuit. 

Et puis il y a cette odeur des feuilles mortes qui après un été, viennent s’écraser contre le sol, je peux encore sentir le chaud à la fin de la journée, l’automne qui approche à grand pas.

Aujourd’hui encore j’aime venir mettre mon corps contre le radiateur brûlant en hiver, je me souviens de cette sensation sur mon corps qui était celle du poêle à fuel ou je venais me réchauffer avec mon frère à la sortie de la douche.

La douceur de l’enfance me paraît parfois très loin, j’ai souvent le sentiment que tout se complique en vieillissant et que je ne peux plus me contenter de ces sensations, aujourd’hui il faut comprendre, il faut une raison à tout ça, éprouver ne suffit plus. 

  • Il est certain que le souvenir de l'impression d'une chose est moins fort que l'impression de la chose même. Et pourtant, n'éprouve-t-on pas mille sensations liées au souvenir ?

    · Il y a plus de 13 ans ·
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    Rébecca Brocardo

  • Merci Amouami, mais les autres sont un peu moins doux :)
    Je suis d'accord avec Jef... des "autres" il ne nous reste que l'idée d'une odeur que l'on apprécie et qui nous était plaisante, les reste s'est évaporé, où alors il faut vraiment y réfléchir longuement pour retrouver des petits quelques choses. Heureusement d'un coté! ça nous aide à avancer.

    · Il y a plus de 13 ans ·
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    Mini Pouce

  • On se souvient d'une personne à son odeur (pour ma part), c'est une certitude. Le reste, sait t'on seulement l'avoir vécu.

    · Il y a plus de 13 ans ·
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  • Merci beaucoup
    Plus les années passent et plus ces souvenirs me reviennent comme des flashs.
    Je ne sais pas si on ose plus... ou peut être que tout est bien trop compliqué pour oser, on doit laisser les enfants à leur tour profiter de ces moments.
    Maintenant on se souviendrait plus d'une personne et de son odeur non?

    · Il y a plus de 13 ans ·
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    Mini Pouce

  • Je me souviens aussi du poêle à fuel; et ces odeurs, de feuilles mortes, de la poussière mouillée après une fine pluie!
    Je ne suis pas certain que cela soit de comprendre qui nous freine, mais peut être de ne plus "oser"; "oser" s'allonger sur le sol pour ressentir cette douce chaleur(?).
    En tout cas, j'aime l'évocation que tu en fais!

    · Il y a plus de 13 ans ·
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    amouami

  • 40ans après, je regrette encore que mon ours en peluche ne me réponde plus. J'aime et je coupdecoeurise.

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Mcs btndown orig

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