Douche chaude
deep_immaturity
C'est bien le seul moment où j'ai l'impression d'être enfin déconnectée, de pouvoir souffler et m'asseoir dans un recoin de ma tête pour essayer de trier et comprendre mes pensées. Mes idées ont l'air d'être moins floues quand je sens l'eau bouillante glisser sur ma peau. Ce lieu pourtant si basique, me donne l'impression d'un soulagement et d'une douce mort. Au fond je sais que se doucher trop souvent et trop longtemps est mauvais pour moi, mais c'est trop difficile d'y résister. En vérité quand je prends ces longues douches, j'ai l'espoir que cette eau bouillante désagrège tout mon corps. Qu'elle décape ma peau et mon âme jusqu'à qu'il n´en reste plus rien. Je voudrais qu'elle ai la possibilité de faire fondre tout ce que je traîne au quotidien et tout le reste. Je voudrais que cette eau me renouvelle entièrement. Je voudrais détruire ma personne, mon passé, mon vécu, mes idées. Je voudrais être une autre personne, dans un autre monde. Je voudrais avoir des goûts différents. Tout ce que je touche devient dégoûtant et mort. Quand je me rapproche de quelqu'un j'ai l'impression de prendre la responsabilité de le salir. Quand j'aime quelqu'un, si je veux continuer à lui parler ça signifie que consciemment je suis d'accord pour glisser mes mains dégueulasses sur sa peau. Je suis consentante à l'idée de laisser des traces et des séquelles, des poids sur la personne pour mon propre bien. C'est un cercle vicieux, puisque je me sens coupable de m'autoriser à aimer des gens tout en sachant qui je suis. J'aimerais n'être qu'une particule, ça me suffirait amplement.
Moi je prends une douche par an, même si parfois j'oublie.
· Il y a environ 2 ans ·Plus sérieusement, il faut t'aimer, je me permets de te tutoyer, n'y vois aucune offense.
Ce sont les autres, et l'image fausse qu'ils renvoient, qui te mine, j'en sais quelque chose étant aussi fragile.
Ayant coupé tous les ponts, j'ai retrouvé confiance et joie de vivre
A éviter ABSOLUMENT, tous ces bouquins de charlatans sur l'estime de soi.
Quand autrui te martyrise, tu fais un doigt d'honneur et tu goûtes un bon whisky sur la terrasse, ou autres, selon ses plaisirs.
Pas besoin des autres pour se marrer ou se faire du bien, et je peux te dire que j'en ai chié toute ma vie, j'ai attendu 61 ans pour être heureux enfin. Je garde quand même de bons souvenirs de l'enfance, l'adolescence et les années d'études, pour relativiser tout ça.
Les traversées du désert touchent tout le monde, y compris ceux qui ne s'en vantent pas.
Courage!
Christophe Hulé