D'ouïes que pour vous

Jean Claude Blanc

hommage vibrant à la musique

          D'ouïes que pour vous

 

Je n'ai d'ouïes que vous, charmante demoiselle

De mes songes tourmentés, inspiratrice fidèle

Ce que vous êtes belle, musique pleine de zèle

Mes doigts se dégourdissent sur vos touches bien frêles

 

De guitare et piano, de mon harmonica

Je susurre des mots de vos sons délicats

Des romances insolites, j'en ai plein les oreilles

Je n'ai pas de répit, mes sens sont en éveil

 

Mes compagnes silencieuses sont rangées près de moi

J'ai juste un geste à faire, elles me tombent dans les bras

Toujours promptes à servir mon imagination

Me donnent la réplique, se mettent au diapason

 

Je leur tends un refrain, surgi je ne sais où

Un air qui s'adapte, surtout qui se dévoue

Pas simple d'agglomérer, poèmes et tablatures

Ne suis qu'un troubadour, disert d'aventures

 

Je n'ai d'ouïes que pour vous, mes cordes d'abondance

Je vous préfère aux femmes, car vous prenez patience

Le temps de titiller, conjuguer verbe aimer

Dans les dièses, les mineurs, je viens vous allécher

 

Modeste saltimbanque, accroché à mon manche

Si le talent me manque, l'inspiration compense

Composer et créer, sont mon obstination

Pour nourrir son art, il faut de la passion

 

Dévoué à ma cause, en moi seul j'ai confiance

Les amis tout autour, me couvrent de louange

« C'est beau ce que t'écris, ta musique est fleurie »

Çà ne me suffit pas, je crains les flatteries

 

Je tripote sur mon ventre, ma gratte obéissante

Module vibrations qui émanent de ses hanches

Je mélange à loisir, les accords et le chant

Je tire de cette mixture, suprême jouissance

 

Morceau de volupté, ou simple plaidoyer

Le quotidien m'inspire, parfois je le devance

Je torture de rimes, mes pensées enragées

Mes majeurs jaillissent, j'en rythme les cadences

 

Toute ma féminité est contenue ici

J'en emprunte les charmes et la subtilité

Sur les cordes sensibles, je me plais à presser

Petites touches d'émotion, l'air de rien, tout est dit

La musique a ses lois, intangibles et précises

Elle ne se suffit pas de coups de gueules, de pastiches

Vouloir tout accoler, c'est une douce ineptie

Pas facile d'arriver à la belle harmonie

Car en avoir ou pas, je parle de l'oreille

Çà demeure un mystère, ce don venu du ciel

Si on en est pourvu, alors on s'émerveille

C'est là qu'on prend son pied, on sent pousser ses ailes

 

Chantez, chantez en moi, mes rengaines personnelles

Ce qui sort de mon cœur, c'est un cri d'hirondelle

Comme un jour de printemps, qui soudain se révèle

Faut se sortir les tripes, faire marcher sa cervelle

 

24 heures sur 24, dévolu à ma flemme

Je n'ai d'ouïes que vous, mes tendres ritournelles

Je cultive mes songes, sans en compter les vers

Toutes façons, c'est logique, reste toujours sur ma faim

 

A la maîtresse de mes pensées

J'ai consacré toute ma vie

Toutes mes nuits et mes journées

Sont asservies à ma zizique

 

 

JC Blanc                         juin 2012

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