DRAG QUEEN

     L’autre jour dans le métro (et oui encore ! que voulez-vous quand on n’a pas de Vespa, et une carte Imagin’R, on en profite !), j’assistais avec ma charmante cousine à une scène tout à fait exceptionnelle en ces temps de crise émotionnelle, une légende urbaine on ne peut plus romantique : le coup du petit papier à une station. Je m’explique : une jeune femme et un jeune homme, tous deux absolument charmants et manifestement en bonne santé, font un bout de chemin souterrain ensemble. Ils ne se connaissent pas, mais des regards échangés entre Odéon et Sèvres-Babylone laissent penser qu’il pourrait en être autrement, et plus si affinité… la jeune femme doit malheureusement descendre à la prochaine station, mais elle a pris soin de préparer à l’avance une courte missive, presque aussi importante que celle envoyée à Louis XVI un certain 14 Juillet, et dans laquelle figure son nom, ou tout du moins son téléphone. Et les portes se fermèrent sur le sourire réjoui du jeune homme qui rangea religieusement le précieux sésame dans son porte-feuille. N’est-ce pas là un conte de fée moderne ? Leur histoire fonctionnera ou ne fonctionnera pas, mais elle n’a pas plus ou moins de chance d’aboutir que s’ils s’étaient rencontrés à une soirée d’amis communs.  Dans un monde où faire des rencontres paraît si simple mais s’avère pourtant si difficile, ne devrions-nous pas arrêter d’attendre que nos connaissances ou notre moteur de recherche nous trouvent la perle rare, et revenir à la bonne vieille drague des familles.

    Rétrospectivement, il fût un temps où faire la cour à une dame était le lot commun des jeunes hommes désireux d’aventures ou de convoler. Egalité des sexes oblige, les femmes s’y sont mises aussi, développant le concept de femme fatale à la Samantha Johns. Mais inutile d’avoir un physique à faire se dérouler la langue du loup en costard de Tex Avery pour tenter sa chance. D’après mon humble expérience, ça fonctionne dans 98% des cas (et on a droit aux galipettes dans 97% des cas…). On sait bien que flatter l’ego d’un mâle, ça peut faire gagner gros. En tout cas plus que les actions de la Société Générale en ces temps de crise économique. Maintenant, Info Conso Que Choisir : quelles sont les méthodes qui rapportent ? Comme pour tout ce qui touche à l’engagement, on essaie de prendre le moins de risques personnelles possible. Eviter les meutes, les endroits trop (ou au contraire pas assez) fréquentés.  Et bien-entendu, les pigeons bagués… Après, Inch’Allah, advienne que pourra et que vogue la galère.

   Vous avez l’heure, s’il-vous-plaît ?