Drogues dures

Hervé Lénervé

Nous, mon amour et votre auteur préféré, passions notre passion en Lune de Miel en Grèce, contre l’avis des Vénitiens.

Je ne savais pas que les drogues dures étaient en vente libre à Athènes. Je ne connaissais rien aux drogues, si bien que je ne me suis pas méfié. J'ai donc acheté innocemment deux paquets de pistaches à un vendeur à la sauvette, un pour mon adorée à l'or fin et un autre pour ma gueule.

L'addiction fut immédiate, vous mangez une pistache, vous mangez le paquet. Ensuite, vous mangez le paquet de votre chérie, car elle est plus faible que vous. Elle se défend, évidemment, mais comme décidément elle est beaucoup plus faible que vous, vous la balancez du haut d'un pont sur la tronche d'un beau gondolier qui a vaguement entendu parler de voyage de noce au début et s'est gondolé avec tout son matos pour quémander une petite pièce. Là, mon sang n'a fait qu'un détour.

-         Que fais-tu, mon amour, dans les bras de ce marinier qui n'est pas le tien ?

Trop tard, le bellâtre avait des pistaches sur lui, il en offrit une à ma chérie qui ne chérit plus que lui et les deux partirent à tire de rames vers des canaux qui puent dans une ville sinistrée par inondation reconnue comme catastrophes naturelles.

Je n'ai plus eu de nouvelles de ma jeune épouse depuis cette malencontreuse chute, mais j'étais passé à autre chose et j'ai continué ma vie de junkies dans une Athènes polluée. J'ai volé, trahi, fait chanté dans les cours pour ma dose quotidienne. Mes ongles rognés par tant d'ouvertures de coquilles, sont tombés les uns après vous… je n'en ferais rien, vous d'abord, voyons ! Non, j'insiste, je suis un gentleman ! Tout mon argent de poche y est passé, j'ai dû puiser dans ma cachette secrète, mon caleçon, puis le caleçon a été vendu à son tour pour un paquet de mauvaise qualité.

Ainsi, j'errai, nu comme un verre de gin, dans un Pays, où si les drogues sont en libre-service, il est formellement interdit d'y tourismer à poil. Je fus emprisonné pour atteinte aux bonnes-sœurs. Depuis, je moisis toujours dans une geôle où les pistaches se trafiquent à la pelle.

Voilà, ma triste histoire, excusez-moi de ne pas y joindre de photos, j'ai revendu mon appareil à un aveugle qui l'avait pris pour une carabine à plomb.

Si je peux donner un conseil à tous les jeunes couples, je leur conseillerais vivement de passer leur voyage de noce dans le Loir-et-Cher, c'est plus cher, peu cher ! Certes ! Mais c'est plus prudent si vous voulez garder votre chéri(e).

A bon entendeur, salut à tous… Bises !

Signaler ce texte