Droit des femmes
veroniquethery
Lysias me foudroie du regard. Je suis moi même étonnée par ma propre audace... Cependant, il est trop tard pour reculer :
- Cette organisation est fort intéressante -je prononce ce mot avec le plus grand mépris dont je suis capable-, cependant, ton grand Romulus n'a-t-il fait aucune loi en faveur des femmes ?
J'entends dans la foule des cris de surprise et aperçois plusieurs visages scandalisés parmi les membres du Conseil. Toutefois, quelques femmes de l'assistance m'applaudissent et je me redresse heureuse d'obtenir quelques approbations. Je vois Lysias en face de moi danser d'un pied sur l'autre. Parfait ! Je l'aurais déstabilisé au moins une fois...
- Hé bien... Si un mari répudie sa femme, la loi ordonne que la moitié de son bien soit dévolue à la femme, l'autre moitié consacrée à Cérès, et qu'il soit lui-même dévoué aux dieux infernaux...
- Hum ! Mon cher Lysias, il semblerait que tu ais une mémoire défaillante...
- Que veux-tu dire ?
- Que tu oublies de citer la moitié de la loi : c'est celle qui, en défendant aux femmes de quitter leurs maris, autorise les maris à répudier leurs femmes quand elles ont empoisonné leurs enfants, qu'elles ont de fausses clefs, ou qu'elles se sont rendues coupables d'adultère. Coupables de posséder de fausses clefs ou coupables d'adultères ? ! Voilà là de bien grands forfaits, en effet ! On le voit bien : Romulus a continué d'accabler les femmes, bien après l'enlèvement des malheureuses Sabines...
Un immense vacarme explose alors dans les gradins. Apparemment, les spectateurs se lancent à leurs tours dans des discours. J'entends derrière moi Sophos s'exclamer :
- Votre élève, Melle Artémis, est aussi rusée qu'Ulysse lui-même. Grâce à ce désordre, Lysias perd du temps pour achever son discours. Regardez la clepsydre1 ! Tempus fugit2...
Enhardie par ces propos, je reprends la parole à mon adversaire, dès que le silence revient :
- Cher Lysias, puisque tu as si souvent cité l'illustre Plutarque, à mon tour d'y faire référence : « Enflé de ses succès, plein d'une orgueilleuse confiance en lui-même, Romulus perdit cette affabilité populaire qu'il avait conservée jusqu'alors, et prit les manières odieuses d'un despote. Il offensa d'abord les citoyens par le faste de ses habits. »
Lysias éclata de rire :
- Est-ce la seule critique dont tu sois capable ! Le faste de ses vêtements...
- Ce n'est pas le seul... Sois patient... Numitor son aïeul étant mort, Romulus devait réunir à son domaine le royaume d'Albe. Mais il en avait laissé le gouvernement au peuple, pour gagner par là sa confiance, et s'était seulement réservé d'y nommer tous les ans un magistrat pour rendre la justice.
- N'est-ce pas là noble décision ? m'interrompt Lysias avec agacement.
- Laisse-moi terminer ! « Les patriciens, décorés simplement d'un vain titre et de quelques marques d'honneur, mais n'ayant aucune part aux affaires, étaient appelés au conseil par coutume, plutôt que pour y délibérer. Ils écoutaient en silence les ordres du roi, et se retiraient ensuite sans avoir d'autre avantage sur le peuple que d'être instruits les premiers de ce qui avait été décidé. Ce n'était pas encore ce qui les eût le plus blessés ; mais quand Romulus, de sa seule autorité et sans leur approbation, sans même les avoir consultés, eut distribué aux soldats les terres qu'il avait conquises, et rendu aux Véiens leurs otages, alors le sénat se crut indignement outragé ». Ce grand roi était devenu un despote ; à tel point que, lors de sa disparition, on crut les Sénateurs responsables...
- Absurdité ! hurla Lysias hors-de-lui. Chacun sait que Romulus disparut au cours d'un orage et qu'il devint un dieu. Il apparut même à un Romain et on dit qu'il prononça ses mots : « « Les dieux veulent, Proculus, qu'après avoir vécu si longtemps avec les hommes, quoique fils d'un dieu, après avoir bâti une ville qui surpassera toutes les autres en puissance et en gloire, je retourne au ciel d'où je suis descendu. Adieu ; allez dire aux Romains qu'en pratiquant la tempérance, en exerçant leur courage, ils s'élèveront au plus haut point de la puissance humaine. Pour moi, sous le nom de Quirinus, je serai votre dieu tutélaire. »
A ses mots, Lysias se penche légèrement vers le Conseil, puis vers les spectateurs. Un silence de mort règne alors quelques instants, puis soudain, c'est l'explosion : chacun se lève et applaudit mon rival. Je dois admettre que son éloge était brillante.
- Ça va être ton tour ! me dit Melle Artémis. A toi de faire le panégyrique de Thésée et sois convaincante ! L'honneur de notre collège en dépend...
débat très animé...
· Il y a presque 8 ans ·Benjamin Angelik
vous cherchez un éditeur, j'ai été publié par les Editions Mélibée, Toulouse, pour une nouvelle "Salut ma hargne", à voir sur amazone ou FNAC; c'est une vraie maison d'éditions, pas d'entourloupe, pourrai vous donner plus de détails, mon site "jcblanc63orange.fr" solidaire JCB
· Il y a presque 10 ans ·Jean Claude Blanc
Je n'ai pas réussi à accéder à votre site. Est-ce une maison comme édilivre ? Et la couverture, vous devez la payer ? On trouve les ouvrages aussi en librairie ?
· Il y a presque 10 ans ·veroniquethery