Du hard pour la première fois
lazyjack
Comme toujours, il a claqué la porte d'entrée, s'est défait de son manteau, balancé vite fait sur un fauteuil ainsi que son classeur d'école qui a valdingué sur la table du salon. Il n'a pas hésité une seule seconde. Il a approché l'ampli Jazz-Chorus « effet Police » de la prise, s'est aperçu qu'il manquait ce foutu réducteur pour prises antiques. Il a cherché partout et surtout aux mauvais endroits. Il a fini par le trouver sous son classeur au bout d'un quart d'heure. Il a pesté, pas trop fort pour garder de la voix pour après. Il a eu vraiment envie de jouer à ce moment-là. Il a pris la valise noire, doux cocon de son Aria Pro II, a sorti sa guitare maladroitement, comme d'habitude, se l'est mise en bandoulière, entortillée comme une ceinture de sécurité mal arrimée, l'a défaite pour la remettre. Il a appuyé du bout du pied, pour ne pas se baisser, sur le bouton Power. Le rouge lumineux l'a requinqué d'avance. Il a enfoncé son jack dans le trou adéquat. Et il n'y a pas eu de son. Il a démonté son jack, a pris le fer à souder, a cherché pendant deux plombes de la soudure, a réparé tant bien que mal les fils mal connectés, au hasard. Il a rebranché le tout. S'est énervé un peu plus quand il a vu que les piles étaient nazes, avec un son de guitare comme un grattement parasitaire et lointain de Radio-Bagdad, aux notes de sitar fracassées. Il a sauté vite fait au Codec d'à côté, a payé la peau des fesses deux malheureuses piles d'une marque inconnue. Il a eu du mal à dévisser le compartiment piles à l'arrière de la guitare, sans petit tournevis cruciforme. Il a finalement réussi avec un couteau de table pointu après avoir cassé deux lames en disant dans un soupir: « Yep ! ». Au moment où il allait attaquer un rock'n'roll de derrière les fagots, histoire de se mettre en jambes après une heure d'accordage pénible, le téléphone a sonné. Il a décroché et raccroché et décroché pour avoir la paix. Alors, il a joué du hard-rock, ça l'a surpris, ça a été sa première fois...