E-Barbares

verbal-krysz

Révolutionnaires pré-pubères en quête d’un Graal nommé célébrité, voyous, assassins en herbe, ils ne sont pourtant que vos successeurs.

A qui faut-il en vouloir pour ces Huns nouvelle génération, si ce n’est à vous, pauvres parents mal éleveurs, enchaînés à votre désir d’être tuteurs plutôt que pères.

A leur dire oui à chaque demande incongrue, à ne pas appuyer assez les non tout en restant persuadés que ce sont les autres qui font changer le monde en ce sens.

Terminé le temps des bagarres dans la cours de récréation, ce sont maintenant des guerres qui se déclenchent sur le net, et finissent en pugilats ahurissants sur la place publique.

A tous ces parents qui cherchent à sanctionner le professeur, à ces ignorants qui hurlent à la bavure dès que leur chiard se fait gauler avec son premier pétard, vous êtes la perte de ce monde que vous chérissiez tant, et de ses valeurs bénies que vous foulez allégrement du pied sans même vous en rendre compte.

Vous vouliez vous hisser sur les sommets de l’exemplarité éducative, le ravin creusé par vos gosses vous rappellera à vos responsabilités.

La télévision et sa violence que étiez fiers de leur interdire n’a pas fini de se foutre de vos gueules dans ses sournois reportages, rediffusés sur le web devant lequel vous les claquiez en pensant les installer dans le progrès que vous avez loupé de peu.

A trop vouloir leur faire vivre ce que vous avez manqué lors de vos tristes premières années, incapables de vous remettre en selle et en question, ce sont eux qui maintenant vous renvoient à votre préhistoire que vous n’auriez jamais du quitter, pour ne pas avoir su la faire évoluer.

Ces barbares virtuels que vous avez enfanté peuvent vous dire merci pour ces cadeaux empoisonnés.

Sans parler de la terre nucléaire et de cette mer bleue pétrole que nous leur laissons en guise de terrain de jeu miné, sans s’étendre sur la tristesse de votre prise de conscience tardive de peur de vous enfoncer encore un peu plus, la liste est longue.

Longue comme la monotonie qui vous a poussé à les laisser prendre le pouvoir, longue comme vos préjugés infâmes qu’ils interprètent maintenant comme une bible maudite, longue comme vos souffrances qui ne font que commencer.

Malheureux soient les imbéciles qui vivront centenaires, et passeront leurs maladives existences à regretter leurs accouplements frénétiques qui, pour quelques espoirs de bonheur procréateur, ont donné vie à leur propre chagrin et au début de leur fin.

Comme si la jeunesse de 68 avait été équipée de panzers, comme si les sans-culottes avaient eu l’arme nucléaire, comme si les Allemands d’une triste époque avaient eu de la chance, vos mouflets vous infligeront camouflets jusqu’à ce que de vous ne restent que caveaux et autres fosses communes.

Ni la technologie, ni la raison, ni l’éventuelle alliance entre vieux amis ne vous sauveront.

Merci aux adeptes de la repentance intergénérationnelle.

Chercher à se faire pardonner les injustices que vous n’avez pas infligé aura été le chemin que vous leur aurez montré pour vous détruire sans regrets.

Ils y repenseront quand leur tour sera venu mais en vous, ils auront trouvé le coupable idéal, puisqu’il l’est vraiment.

Exit Nounours, Nicolas et Pimprenelle, raus Casimir et ses monstres gentils, oubliés sauf par les nostalgiques, tendres figures de vos enfances, images parfois niaises qui auraient pu vous sauver en gardant vos gentils loulous sous contrôle dans un monde de doux nuages chauds et confortables.

Leurs successeurs aussi ont suivi la contre évolution, féodalité sous rayons lasers, esclavage starisé en loft à intimité ouverte, à les faire entrer trop tôt dans un monde de communication ou personne ne parle à son voisin, vous n’avez que la jeunesse que vous méritez.

Toutes mes félicitations car sans vous, mes réserves d’âmes risquaient de passer sous le seuil critique, ne me permettant plus de recrutement intensif.

Bien cordialement,

Votre dévoué Satan.  

Report this text