Éclat de Rêves

eaurelie

Je rêve beaucoup ces derniers temps. Je rêve fort. Je me lève épuisée, indécise à donner la limite du vrai et celle du songe. Je suis perdue. Rongée. Mangée. Aux mites. 

Il y a bientôt 1 mois, il a rompu un silence qui durait depuis plus de 8 ans. Quelques mots, une photo. Je venais de faire une grosse sieste. On rencontrait un collègue à S. le soir même. Et, c'est en montant l'escalier que j'ai ouvert le message. J'étais encore dans le gaz, un peu groggy, les yeux collés. Son prénom s'est affiché et puis le reste ensuite. 

J'ai pas analysé. J'ai pas pris d'arrêt. S. m'attendait en haut, je devais me préparer, m'habiller. J'ai posé le téléphone. 

On a fait la soirée et puis les jours d'après. J'ai pris un tunnel au boulot, terrible. Le plus terrible de tous, je crois. A en faire péter les nerfs. Et maintenant que ça se décante, il revient à la charge. Dans mes songes. J'ai rêvé qu'on se revoyait. Incroyable. Et cette nuit, pareil, on passait beaucoup de temps avec mes cousines et mes grands parents, chez mes grands parents. Morts. 

Je me suis mal réveillée. 

Je rêve beaucoup de mes grands parents. Ils sont tous partis. Ça y est. Jo est parti le 12 Juillet de cette année. J'ai pas fait mon deuil. J'ai pas le temps. Et puis, je les revois presque toutes les nuits depuis des semaines.. je ne sais pas ce que ça veut dire. Mais je vis aussi la nuit. A leur raconter ma vie, à m'imprégner d'eux, à prendra la moindre seconde avec eux. Comme s'ils étaient encore là. 

Mais l'épuisement, le lendemain matin, quand tu as la sensation d'avoir fait deux journées. Une réelle et une nocturne. 

Je pense de plus en plus à aller consulter. Je suis en train de mourir.

Je le répète. A chaque passage ici. La mort est partout. Mais.. c'est vrai. Tout a goût de cendre. Non, c'est pas vrai. S. cuisine si bien.. 

Mais S., si tu savais à quel point je suis désolée. A quel point je suis à des années lumière de toi maintenant. Tu dors comme un prince juste à côté, là. Tu dors et moi, j'écris à la lueur de mon téléphone. 

Si tu savais, mon amour, comme j'aimerais réussir à m'ouvrir à toi, à te dire les choses, à m'excuser. Encore et encore. D'être physiquement présente mais à des années lumières de toi mentalement. J'ai plus de plaisir dans la vie. 

J'ai plus rien. J'attends que les jours passent. Mais passent pourquoi..  va savoir. J'attends un changement. Mais.. les changements n'arrivent pas seuls. Et je ne fais rien pour influer sur la courbe.. J'attends. J'attends la suite. Je piaffe à l'intérieur. Je veux toute la suite, tout de suite. 

Donc finalement, je veux qqchose ? 

Élan coupé. 

Il n'y a rien à répondre à son message. Il me dit n'avoir gardé que les bons moments. Sauf que moi, j'ai encore la douleur imprégnée dans la chair. J'ai encore cette errance à vouloir me faire du mal physiquement pour espérer vider un peu de cette douleur intérieure. Moi, j'ai gardé que le pire. Moi, j'ai pris dans la tête tout le combo. Et puis, une amitié, une vraie, on fait pas l'impasse sur certains pans. On prend le tout. C'était pas une amitié. 

J'ai mis des années à dompter la douleur. La haine. La jalousie. C'est la jalousie qui m'a détruite. Parce que, quand on s'est rencontré, je me suis rapidement dit que tu étais l'homme de ma vie. C'était une évidence. Terrible, massive, implacable. Et il a fallu que je revienne de cette évidence. Tu te doutes bien qu'elle s'est Pas laissée enterrer avec le reste sans rien dire, hein. Oh non. C'est contre cette évidence et contre cette jalousie dévorante, silencieuse que j'ai du me battre pendant des mois qui se sont accumulés en années. 

Et ensuite, il a fallu trouver la force de retenter une nouvelle expérience. Un nouveau saut dans le vide. La douleur est revenue une fois, deux fois. Mais en version soft. Et puis il y a eu S. . 

Et toi, tu reviens 8 ans et demi après. On a jamais vraiment réussi à se séparer finalement. C'est étrange. Mais je t'ai aimé. Désespérément, inconditionnellement, de toute mon âme. Je le sais maintenant. Tu as été mon premier amour. Et c'est pour ça que ce SMS restera sans réponse. Ya pas de bons ou de mauvais côtés à garder. Il y avait tout. On avait un truc à construire. J'avais la matière première mais tu as choisi de donner les outils à une autre. C'est comme ça. C'est que ça ne devait pas se faire. Mais je refuse de mettre en danger la vie que je me suis construite pour une putain de chimère. Pour une autre danse sur deux tempos différents. 

S. mérite tellement. Il mérite tellement. Tellement. Tellement. Je vais te revenir, mon Amour. Je dois absolument reprendre la nage à contre courant. Je dois te rattraper avant qu'il ne soit trop tard. 

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