Economie de langage
Jean Claude Blanc
Economie de langage
Amoureux passionnés de la langue française
Grammaire, conjugaison, pas toujours bien à l'aise
On doit à nos génies, du siècle des lumières
Notre façon d'écrire avec délicatesse
Nos gosses pour nous surprendre, faudrait qu'ils persévèrent
Hélas la phonétique supplante l'orthographe
Plus de virgules, de trémas, vite on s'en débarrasse
Griffonner comme ça vient, c'est tellement plus pratique
Plus de vocables galants, suffit d'avoir la trique
N'arrête pas le progrès, plus besoin de crayons
On pianote sms, facile prononciation
Plus de phrases alambiquées, on a juste le temps
S'avouer en abrégé nos obsessions d'amants
Dès lors la poésie ce n'est que du boucan
Pour ceux qui savent causer, seulement avec les gestes
Se contentent de montrer, leur gueule sur l'écran
Le charme en est rompu, au rebut la tendresse
Défenseur fidèle, de notre langue austère
Jacter avec un con, n'arrive pas m'y faire
Fais semblant pas comprendre, son baratin pas clair
Alors par pitié, lui tends mon dictionnaire
Bien sûr serais ravi, de les envoyer braire
Les grossiers personnages, qui ne savent qu'ânonner
Mais si je les corrige, vont se mettre en colère
Les laisse à leur primaire, de la classe ânes bâtés
Ça marchait bien plus droit, à l'école autrefois
Porte-plume, encre violette, les accents et les signes
Majuscules courtoises, joli chapeau chinois
Pour le maitre exigeant, pas de fautes, point à la ligne
Au bout du CM2, c'était la fin d'études
Pour les moins éveillés pas bouillants de culture
Mais pour les plus calés, direction la 6ème
Sachant lire et compter, à coups de pieds dans les fesses
Ministre des éduqués, Blanquer grand manitou
Va nous pondre une loi, une sorte de passe partout
Rétrécissant les mots, (géniale économie)
Les lettres de l'alphabet, un savoir qu'on oublie
Nos chères têtes blondes, bien sûr s'en réjouissent
Plus de mauvaises notes, que des sigles illisibles
Erreurs, pattes de mouches, qu'importent les préjudices
Consonnes et voyelles, parfois incompatibles
Le mode est au changement, à l'abrutissement
Se foulent plus la rate, nos écoliers fainéants
Ne demandent que ça, apprendre en jouant
Ont leur vocable fleuri, entre eux, ces garnements
Le plus fort dans tout ça, avec bénédiction
De l'Etat qui régresse, en sotte éducation
Plus besoin d'instituteurs, suffisent ordinateurs
Abréviations servies, souvent avec verdeur
Ainsi prospère rudement, le dialecte de la rue
On use et on abuse, de ce verbiage du cru
Discutant le bout de gras, on se tape dessus
Les hommes des cavernes, hélas, revenus
Foutu idéaliste, corrosif de nature
Je fais péter ma science, pour clamer la culture
Car notre humanité, de savoir, elle a faim
Alors pour la nourrir, que des jeux et du pain
Passée discrètement, cette loi à l'Assemblée
Répudiant le français, sagement articulé
Finies récitations, qui ornaient les cahiers
Plus que chèques à signer, ou cartes prépayées
Bien venues interjections et onomatopées
Instinctifs cris sauvages, âge de pierre annoncée
Comme les animaux, juste pour s'identifier
Se renifler le cul, spectacle à pas louper
Nous restons quelques-uns, sans doute dépassés
A soutenir la vieille Académie Française
Qui s'en donne de la peine, pour se renouveler
De tournures compliquées, à en faire des thèses
Nos pauvres institutions, avides de merveilles
Voudraient nous faire parler, langage des sourds muets
Mais les vieux de la vieille, « n'oient » pas de cette oreille
Conteront toujours fleurette, en poèmes versifiés
Ce matin pris le tram, dans la grand'rue de ST E
Des incultes vauriens, dégoisaient « le franglais »
Cité certes ouvrières, faut pas exagérer
J'aurais même espéré, qu'ils causent en étranger
Se délabre la Nation, y'a plus d'éducation
S'épate de ses mots, pour faire illusion
Ce cri « Allez les verts », témoignage de bêtise
Tablettes et portables, objets de convoitise
Plus de langage fleuri, on fait dans l'à peu près
Punis de leurs dictées, les maitres au piquet… JC Blanc février 2022 (fout le camp la culture)
plaidoyer magistral! Merci!
· Il y a presque 3 ans ·Laurent Cacciatore