Elle.
hama
Il parait qu'en septembre c'est la fin. La fin du pire été de ma vie. J'aurais bu, pleuré, fumé, merdé, crié. J'aurais été un déchet, je me serais détestée, j'aurais détesté, angoissé, crisé, chialé, gueulé, vomi de dégoût, vomi d'alcool, vomi de haine. Quelle fin ? Une belle fin ? La fin d'une débauche répétée toutes les semaines, trois ou quatre soirs, bleuie par des coups dont la provenance nous échappe, on était trop bourré, on voulait trop oublier, on a rigolé, on a oublié l'éphémère du moment, et on s'est réveillés, cadavériques, vides, vides de tout.
J'étais bien, oh si tu savais comme j'étais bien, allongée sur le bitume, des étoiles plein les yeux, ta voix rassurante dans mon oreille, ta voix qui m'aura trahie peu après. Je te croyais, je te jure. J'arrête, je suis minable à t'enfoncer, j'espère juste que tu tiens ta promesse, que t'y touches plus, je t'en supplie, au nom de notre histoire jamais écrite, au nom de "T'es belle" à la guitare, de nos heures au téléphone, de ton soutien, de ta présence. Je suis comme toi, j'aime me détruire, mais la différence c'est que moi j'ai besoin d'aucun produit malsain pour me détruire ; c'est sûrement pire tu me diras.
Je n'irai pas sur Rennes, parce que je n'aurai pas le dossier brillant qu'ils voudront, puis avant de penser à une ville, je devrai penser à l'école que je veux faire. Mais je n'ai pas envie de penser, je pense trop déjà, et je hais l'avenir autant que le présent, quel avenir ? Quelle petite vie bien rangée ? Quel fiancé ? Je ne me marierai pas, jamais. Je ne crois pas à l'amour et jamais je ne croirai à l'amour. Je suis une fille de dix-sept ans, pitoyable, qui n'a même pas le courage de quitter quelqu'un qui lui piétine le cœur chaque jour un peu plus et qui l'a probablement trompée. Mais à quoi ça rime ?
J'ai pas d'espoir, pas de courage, pas de liberté, pas d'amour, pas de confiance, pas de talent, que des amis. Des amis ? Des amis auprès de qui, soit je me plains trop, soit je les écoute parler de leur bonheur, comme si tout allait bien, comme si j'étais aussi heureuse qu'eux. Et je suis désagréable, et je fais pleurer ma mère et souffrir mon père. Je suis même pas capable de rendre fiers mes parents ? Qui est-ce que je vais rendre fier ?
Ne pars pas, ne pars jamais. Ne me quitte pas dans un an, reste, toujours. J'aurai du temps pour toi, à l'infini, et excuse-moi si ce sera pour pleurer sur ton épaule. Je ne suis qu'une fille de dix-sept ans, pitoyable, qui n'a même pas le courage d'arrêter ses plaintes face à un homme en détresse, qui est passé par toutes les souffrances de la vie. Je t'admire, je t'admirerai toujours, et en premier pour ta générosité.
Même le soir de notre rencontre je ne croyais pas à l'amour. J'y ai cru une fois, une courte fois. Jusqu'à l'abandon. Maintenant c'est fini, tout est fini, ma dignité comme le reste. Tu m'as promis d'être toujours là, tu me l'as promis. Je suis comme une gosse, aussi naïve, aussi conne, aussi pitoyable, pitoyable, pitoyable.
Je t'ai tellement livré ce qui sort d'un coup. J'ai tellement confiance en toi. Dis-moi que tu m'aimes, encore et toujours car moi, je t'aime à en crever.
"On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans"
· Il y a environ 12 ans ·Ou peut-être qu'on l'est trop, déjà trop.
Frédéric Clément