Elle est pourtant jolie ma maison!
mno
Depuis qu'il avait acheté cette maison, Martha n'avait cessée de lui faire des reproches. Cette maison ne lui plaisait pas et elle ne se privait pas de le lui rappeler toute la journée. Dès le petit déjeuner elle commençait par critiquer la vue sur l'océan (qu'il adorait pourtant), qu'une maison perchée au bord d'une falaise ça lui semblait dangereux. Martha n'avait pas le vertige, cependant elle avait peur de la terrasse, elle lui laissait une impression de fragilité, comme si elle était prête à tomber dans le vide, n'importe quoi! Pour peu que le temps soit un peu humide, elle y allait de son petit couplet sur la Bretagne et son climat pourri… L'après-midi il avait droit à un peu de répit lorsqu'il allait bricoler dans son atelier, vu qu'elle n'y mettait jamais les pieds. Mais le soir elle remettait ça, râlant sur le fait que les travaux n'avançaient pas assez vite à son goût, qu'il pourrait finir la peinture dans la cuisine ou réparer cette chasse d'eau qui fuyait: c'est qu'il était tout seul pour la retaper cette baraque! Et la nuit au lieu de la laisser dormir elle se plaignait des courants d'airs ou des bruits de la charpente, qu'est-ce qu'il y pouvait lui? Les vielles boiseries ça travaille toujours un peu, c'est normal!
Ce soir elle ne les lui briserait pas, il ne l'entendrait pas non plus bougonner en buvant son petit café du matin, plus jamais il ne l'entendrait critiquer la solidité de la terrasse. Ça lui fit quand même mal au cœur de devoir admettre que Martha avait raison quand elle disait que la rambarde était complètement vermoulue. Ça lui fit presque aussi mal que lorsqu'il s'écrasa sur les rochers au pied de la falaise.
Brrrrrr
· Il y a presque 7 ans ·anna-c
J'aime cet humour noir, malgré sa tragédie ; tant que cela est fiction
· Il y a presque 7 ans ·Aurore Rodi (Ancienne Alice Gauguin)