embarcation

fionavanessa

poème


 Enfant je naquis dans un coquillage
Et j'eus pour la plage dorée
Des élans de tendresse filiale
J'appris la longueur des jours
Etirés et rassemblés par de successives marées
J'appris à guetter chaque soir la lumière bleue des phares orientaux
Chaque matin en guise de rosée
Les écumes salines
Volonté de l'eau d'investir l'air le ciel et nos narines
J'appris ainsi
Le paradis sur mer

Jeune fille je tendis mes filets
Curieuse de voir qui s'y perdrait
Mais bientôt ma queue sertie d'écailles
Me fit désespérer d'y trouver
Tout autre que moi-même
Quiconque me trouverait chaussure à son pied
Se retrouverait unijambiste pour la vie
Ou à défaut, statue de sel
J'étais condamnée à ne rien partager de ma patrie Immensité
Mon El Dorado était désert
Je perdis le chant, l'appétit et le sel de la vie
Devenant écume à mes lèvres,
Tonnerre et battements fous de mon cœur trop plein
Qui ne pouvait rien donner que de la voix
J'étais Méduse, j'étais Gorgone,
Embrumée de toutes parts de colère froide et bleue
Les flots en rouleaux trahissaient ma fureur
J'hurlais avec les loups
Les serpents de mes cheveux pointaient leur dard
Et je fusillais du regard
Toute âme qui vive
Toute embarcation qui s'égare

Aussi
M'éteignais-je petit à petit
Je laissais à la mer ma chevelure serpentine
Je me coulais dans ses bras ondoyants
Je perdis le nacre de mes joues, cadeau de bienvenue
Et le vert bronze de ma peau
Au creux de l'eau embarquée pour longtemps
J'y devins oisillon dans son nid d'algues
Je pépiais pour un festin de bigorneaux
Et m'envolai enfin vers l'aventure d'un grand mât
Perchoir de roi
Laissant l'écume aux communs des marins
Ne gardant de ma vie
Que le chant céleste
Qui me fit entrer dans l'histoire...

  • thanks !

    · Il y a presque 9 ans ·
    Mai2017 223

    fionavanessa

  • M'éteignais-je petit à petit
    Je laissais à la mer ma chevelure serpentine
    Je me coulais dans ses bras ondoyants
    Je perdis le nacre de mes joues, cadeau de bienvenue
    Et le vert bronze de ma peau
    Au creux de l'eau embarquée pour longtemps
    J'y devins oisillon dans son nid d'algues
    'Je pépiais pour un festin de bigorneaux
    Et m'envolai enfin vers l'aventure d'un grand mât'
    Là, c'est du lourd ! Cœurs X 5 !

    · Il y a presque 9 ans ·
    Philippe effect betty

    effect

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