Emma B. : suicide d’une boulimique de l’amour

Clara Paps

Erotomane. Est-ce si simple ? Mettre des êtres dans des cases, en cage. Comme si l’étiquette suffisait à embrasser un drame complexe. Les propos du psychanalyste de l’enquête laissent perplexes. Emma se mentait-elle ? Quand fantasme et réalité ont-ils fusionné ? Est-ce le réveil, la brûlure de ses dettes indicibles, les illusions perdues dans des corps à corps vides qui ont conduit Emma au suicide ? Réel, douloureux réel.

Emma était secrète. Elle aimait les livres. D’après son père, elle souhaitait être journaliste. A l’époque, l’on ne jurait que par les sciences, la France avait besoin d’ingénieurs. Il l’a alors poussée dans cette voie, contre nature.

Derrière ce vieux sage, l’on peine à imaginer le père autoritaire et violent qu’il a été. Il terrorisait Emma, nous confesse sa cousine.

Emma a épousé Charles et sa bourgeoisie. Trop d’ambitions, un cadre étriqué pas à sa démesure.

En collectionnant les amants, c’est la brûlure de l’amour qu’elle désirait. La sensation grisante d’exister. Aimer pour aimer, pour être aimée. Donner, sans savoir recevoir. Combler la morsure du manque par l’excès.

Les derniers visages croisés par Emma, sont ceux des forains. Ils se souviennent d’une gamine enjouée. Incompréhensible. Elle a tenté les attractions les plus sensationnelles. Elle n’a eu peur de rien. Recherchait-elle une ultime brûlure de vie ? Dans cette quête mortifère qui pousse à faire et éloigne toujours d’être…

Le mystère reste entier.

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