En allant à l'école

Sylvia Herbez

En allant à l'école

En allant à l'école

je trainais des deux pieds

je freinais des deux yeux.

Je n'ai pas pris le train,

Monsieur Prévert,

pour le tour de la terre

aucun wagon doré

tout autour de la mer.

En allant à l'école

dans la main de mon père

j'étais en apesanteur,

apétale petite fleur.

Des épingles aux cheveux,

le gilet en bataille,

j'avançais le pas.

En allant à l'école,

la forêt est en fête

sous son manteau d'avril.

Rien ne sert de courir

à qui sème le vent.

Il faut partir à point

et récolter la tempête.

En allant à l'école

par le chemin des rufians

au royaume des nymphes

nous avons rencontré

Diane tremblante

la belle nue des sous-bois,

furieuse déesse,

que nul ne doit voir

tel Actéon en son temps.

En allant à l'école,

sous les grandes arches

du maître fontainier,

nous avons suivi

la licorne marine

au bassin du Neptune

où Jupiter impétueux ordonne.

Le guet du bord de l'eau

nous conduisit à grands signaux

par souterrains et canaux.

En allant à l'école,

les poches pleines de coquillages

et autres marchandises,

nous avons rencontré

le printemps

et son nouveau visage

qui jouait du piano

à toutes les fleurs,

flâneurs et arroseurs

et nous nous sommes sauvés

à l'anglaise

ou bien à la bordelaise!

En allant à l'école,

je trainais encore un peu,

fille à l'abordage,

plus d'épingles aux cheveux

et la tête en naufrage

sans lâcher cette main

que mon père tenait

en chantant le refrain

En allant à l'école...

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