En allant à l'école
Sylvia Herbez
En allant à l'école
En allant à l'école
je trainais des deux pieds
je freinais des deux yeux.
Je n'ai pas pris le train,
Monsieur Prévert,
pour le tour de la terre
aucun wagon doré
tout autour de la mer.
En allant à l'école
dans la main de mon père
j'étais en apesanteur,
apétale petite fleur.
Des épingles aux cheveux,
le gilet en bataille,
j'avançais le pas.
En allant à l'école,
la forêt est en fête
sous son manteau d'avril.
Rien ne sert de courir
à qui sème le vent.
Il faut partir à point
et récolter la tempête.
En allant à l'école
par le chemin des rufians
au royaume des nymphes
nous avons rencontré
Diane tremblante
la belle nue des sous-bois,
furieuse déesse,
que nul ne doit voir
tel Actéon en son temps.
En allant à l'école,
sous les grandes arches
du maître fontainier,
nous avons suivi
la licorne marine
au bassin du Neptune
où Jupiter impétueux ordonne.
Le guet du bord de l'eau
nous conduisit à grands signaux
par souterrains et canaux.
En allant à l'école,
les poches pleines de coquillages
et autres marchandises,
nous avons rencontré
le printemps
et son nouveau visage
qui jouait du piano
à toutes les fleurs,
flâneurs et arroseurs
et nous nous sommes sauvés
à l'anglaise
ou bien à la bordelaise!
En allant à l'école,
je trainais encore un peu,
fille à l'abordage,
plus d'épingles aux cheveux
et la tête en naufrage
sans lâcher cette main
que mon père tenait
en chantant le refrain
En allant à l'école...
Merci!
· Il y a plus de 13 ans ·Sylvia Herbez
Quel bel hommage ! Superbe poème.
· Il y a plus de 13 ans ·minou-stex
j'adore !!!
· Il y a plus de 13 ans ·Arnaud Quercy