En portée par la foule

Ce soir-là, la scène s'était transformée en un énorme bocal, tel du sable, il était rempli de grain d'humain. Un flot crépitant s'engorgeant dans l'amas de sonorités enveloppantes. La chaleur des uns suffoquant les autres, les rires de l'âme s'accouplant aux cris des Hommes. 

 De ce brouillard corporel s'échappait une ombre, fulminant au sein de la masse. Un petit gars s'en allait de ci de là dans cet amas de farfadets vagabond, cherchant cœur à sa main dans ce déluge musical d'épicurien. On remarque toujours un être se démarquant de la masse, ce soir ce fut lui. L'esprit vif, il fulminait contre la sédentarité, il voulait vivre, il voulait être libre, Max.

Oui, nous l'appellerons Max, un petit gars en pleine césure avec le monde.. Il gravitait au-dessus du cosmos puritain qui s'affairait à festoyer sans penser au lendemain. Mais Max, lui, s'épanchait de passion nocturne. Il l'avait vu, cette belle muse affriolante chaloupant la note et courbant l'échine à chaque battement de cil. Il l'a vu, il l'a perdu, et dès lors son graal était de la retrouver. C'était peut-être sa dulcinée, qui le sait ? Lui certainement, il n'y aurait pas perdu les tympans, à se faufiler entre les carcasses terrestre et indigeste. Il n'y aurait pas perdu son temps, si court soit-il, à graviter autour de son électron sans le percuter. Mais là, à dix pas, se trouvait la belle, seule, en proie à ses démons rythmique, claquant sa chaire contre le fluide d'âme humaine. Il n'avait qu'une seule et unique opportunité, c'était maintenant ou jamais.

En fidèle chevalier qu'il était, il s'habilla de son armure de charme et se jeta au pied du fort de son espérance. « Puis-je m'inviter à ta parade ? ».. Un sourire suffit à embaumer son âme puis, l'effervescence en masque de quintessence lui fit vivre la passion démiurgique en sursaut épileptique. Il suffit d'un instant.. Un instant seulement.. Et la foule ne l'emporterait plus..

Il était elle, elle était pour lui, ils seraient à deux la preuve de vie..