En quête de joie

Toujours ! Toujours je tombe amoureuse instantanément d'un homme qui me fait rire. Mais quand je dis instantanément c'est là, maintenant tout de suite, vas-y ! Sors-moi ta blague, fais-moi un calembour maintenant ! Oh putain j'ai enviiie !!!

Je n'ai jamais compris quel était l'ingrédient magique, cet espèce de baume, qui immédiatement m'enveloppe dans une bulle multicolore enchantée. J'aime les humoristes, certains, pas tous, mais à chaque fois que je les retrouve, c'est un bonheur qui me donne ce petit souffle au cœur indescriptible. Je sais qu'on va me faire du bien, qu'on va me caresser ou me faire éprouver un truc qui y ressemble.

On dit que pendant l'amour, il ne faut surtout pas faire rire un homme parce qu'il perd alors tous ses moyens. Moi, je me souviens un jour avoir éclaté de rire en pleine action. J'ai alors senti instantanément (oui, du même style que celui dont je parlais tout à l'heure) mon corps s'ouvrir et mouiller, mes hanches se tendre, mes seins bomber, comme jamais. Ça m'émoustille, ça me fait pétiller, mes yeux brillent et je m'abandonne alors aux mains de cet homme complice et plus proche que proche dans son approche. Enfin, c'est un secret, il faut le dire à personne, hein ?

Cela crée une intimité particulière, le rire en coin, le retenu hurlant à l'intérieur, le rire sous cape... Le rire se partage et si on reçoit un clin d'œil entendu, c'est une petite attache qui se construit.

La jouissance on la recherche tous, c'est clair. Moi, je suis en quête de la joie.

Mais mon seul souci avec les hommes qui ont de l'humour et s'en servent, c'est qu'au fil du temps, si « relation » il y a, je finis par les faire pleurer. Je prends leurs rires et leurs sourires et je ne le leur rends pas. Ils deviennent tristes par ma faute, je bousille leur « heureux pour toujours ». Peut-être parce que je ne sais même pas sortir une histoire drôle, ce qu'on pourrait appeler « une déclaration de rigolade ». Ils me font donc de moins en moins rire et je m'aperçois qu'à part leur humour, parfois rien ne me plaisait d'autre en eux. Ce fut le cas, très récemment. Chaque jour des mots drôles, des histoires burlesques. Je me suis attachée, il m'a plus ou moins laissé faire. Puis notre discours à tous deux a changé, des sentiments nouveaux s'en mêlant. Depuis ce jour, je l'ai laissé tomber comme une vieille godasse, pour partir m'amuser avec un autre. Et ainsi de suite.

Avec le temps, je dois désormais l'avouer, j'ai fini par m'intéresser aux hommes, au début « pince sans rire » ou maniant « l'humour noir », puis ensuite aux garçons sombres et ténébreux qui jamais ne pourraient faire plus qu'esquisser un petit sourire de connivence. Ou alors une rééducation serait longue et difficile. Vous savez, ce genre de type qui pousse des rires sardoniques ou sataniques « Je vais être bientôt, le Maître du Monde ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! ».

Vous voyez, celui-là. Une fois, ça va. Une fois. Parce qu'après, ce n'est plus si drôle. Des fois qu'il ait envie de vous mordre, pour se marrer.

Enfin, avoir de l'humour, savoir faire rire n'est pas donné à tout le monde. C'est un don particulier.

A l'instant, j'ai failli écrire « savoir rire n'est pas donné à tout le monde ». C'est vrai aussi. C'est une arme ou une défense, il faut savoir la lancer puis la saisir.

Rire. C'est tellement bon !