EN THERAPIE XXXII

- Docteur, je me suis réveillé ce matin, avec la tête d'un homme sur l'oreiller.

- Vous aviez changé de sexe dans la nuit ?

- Non, sur l'oreiller à côté, la tête d'homme. Il dormait paisiblement. Je l'ai bien regardé à le dévisager et là, j'ai eu le déclic, La Révélation. «  Mais, je ne l'aime pas, lui ! »

- On ne peut pas aimer tout le monde, non plus.

- Certes ! Mais le lendemain de votre nuit de noce, c'est contrariant.

- Faites semblant de l'aimer, les hommes le font bien aussi. Puis à force, on se trompe soi-même.

- Mais pourquoi, se marier, alors ?

- Bien sûr, vu sous cet angle, dans ces mariages de dupes, on pourrait y voir la culotte des filles. Mais heureusement, le divorce est là pour réparer les incohérences. Vous, vous avez eu la lucidité de vous en apercevoir tout de suite, alors que d'autres mettent dix ans pour avoir « La Révélation ».

- Chez nous, on ne divorce pas, monsieur !

- Bien, c'est votre choix. Mais si le destin vous en proposait un autre que vous aimeriez au-delà de votre propre vie, au-delà de vous-même, au-delà de l'au-delà ? Un  amour de légende.

- Je dirais NON ! J'ai déjà fait une connerie une fois, je ne vais pas en faire une seconde avec Tristan.

-  Vous avez raison. Avec Tristan, la fin est triste.

- Je garde mon mari, moche, vieux et con, mais c'est le mien. Puis il est très riche, aussi.

- 150 euros, s'il vous plait !

- Attendez, je ne l'ai pas encore tué, je le laisse mourir de mort naturelle.

- Bon, 80 alors. Mais vous me préviendrez pour la valeur ajoutée à mes prestations.