Encre magique
elisabetha
Écrire comme elle ne l'avait jamais fait. Léa voulait d'autres mots, d'autres émotions, d'autres objets pour exprimer sa ferveur nouvelle. Alors elle jeta tous ses stylos à bille, ses crayons, ses feutres couleurs et elle prit le stylo à plume de son enfance, le trempa dans son encrier. Elle imagina que l'encre était encre marine et aussitôt des méduses envahirent la page.
Alors elle comprit que l'encre était une encre magique et elle voulut connaître les fleurs mauves de son Imaginaire.
Ce fut une hymne de couleurs éclatantes, de mots enchevêtrés, un souffle de tous les éléments. L'eau, l'air, le feu se mélangeaient. Les cascades chantaient, les volcans fleurissaient.Les oiseaux avaient quitté les nues et se promenaient dans les rues. Le ciel et la terre se touchaient.
Au contact de cette encre magique, Léa oubliait le sens des mots et leur syntaxe. Elle ne laissait monter en elle que la saveur enivrante des petites fleurs venues de l'âme. Fleurs du silence. Fleurs de la nuit. Fleurs de la vie.
Dommage, les fleurs du Mal c'était déjà pris!
Alors elle eut envie de pleurer. Elle ne pouvait pas tout inventer, car elle avait déjà un passé et la mémoire qui l'enfermait dans son écrin tragique.
Car le passé ne change pas et tout ce qu'on imagine dépend de ce qu'on a vécu.
Odeurs, goûts, chairs, éclats, caresses, interdits. Tout ce que l'on croit imaginer on le sait déjà.
Elle se disait"Ton style tu le portes en toi. C'est ta couleur. Celle qui entre toutes t'attirera. "
Elle, aimait le rouge. Le sang. Pas le sang de la mort, mais le sang de la vie. Le sang des règles, le sang sur son corps, celui du nouveau né.
Rouge, elle voyait rouge les feux verts et se faisait écraser. Mais elle n'en avait que faire. Elle traversait les rues comme s'ils étaient des champs. Elle avait décidé de vivre sans bannière de sécurité.
Alors, il lui fallait tout faire sauter. La corde, les hommes, la poule, les œufs. Sauf les fleurs. Ah voilà bien qui la gênait. Comment faire sauter les fleurs?
Et les idées se bousculaient sur ses mots enivrés. Ils voulaient tout ouvrir, tout offrir.
Elle écrivit ainsi des jours et des nuits.
Puis l'encre magique s'arrêta. Ce ne fut plus que l'encre de ses larmes.
Alors elle jeta le stylo à plume et l'encrier vide.
Il était temps de retrouver François, ses bras enveloppants qui la protégeaient de sa folie, et d'accepter ce qu'il demandait sans cesse: Être pleine de leur amour, créer à deux l'Histoire de leur vie.
C’est grâce à l’encre que certains rêves valent la peine d’être vécus. A un tel point que l’on écrit pour que la vie lève l’ancre et nous emmène loin dans l'imaginaire.
· Il y a environ 9 ans ·erge
Je te rejoins sur l'imaginaire, où nous sommes tels qu'en nous même, loin des tabous, des interdits, et de la monotonie quotidienne. Il n'y a que dans l'imaginaire que je trouve une réponse à mon ennui.
· Il y a environ 9 ans ·elisabetha
J'aime ce style d'écriture qui ouvre toutes les portes de l'imaginaire, puis les referme doucement afin de pouvoir revenir dans le monde réel, pour le créer, le recréer, le vivre
· Il y a environ 9 ans ·Anne Marie Lejeune
merci pour ce beau commentaire.
· Il y a environ 9 ans ·elisabetha
J'aime ces petites fleurs qui viennent de l'âme et le partage des rêves. Nos rêves comme bouée de sauvetage quand la réalité se fait dure. A bientôt Elisabetha !
· Il y a environ 9 ans ·ade
Merci Ade!
· Il y a environ 9 ans ·elisabetha
Moi, ça me parle cette encre de magie et de larmes.
· Il y a environ 9 ans ·Erge n'a pas tord : la photo que nous choisissons a son importance. Même si quelquefois, seuls les mots comptent. Et pour toi ils t'ont quelquefois pris tant d'énergie pour nous les faire partager que l'illustration devient moins importante.
julia-rolin
j'ai même pas vu à cause de celui d'après que je n'avais pas répondu. Mais de toute façon les mots ont déjà été dits, l'espace vibre de ton amitié, et c'est aussi riche que les mots qu'on écrit.
· Il y a environ 9 ans ·elisabetha