Enfance

Comme il est dur de devenir un enfant. D'apprendre à regarder le monde comme il tient. Par la queue de la racine. Là où la lumière n'éclaire que les regards posés sur des imaginaires. 

Comme il est dur d'aimer à nouveau comme quand on avait seize ans. Retrouver cette barrière de la peur qui poussait aux non-dits en arrosant toute l'imagination. Ne plus chercher à être comme on essaierait de se coller un masque sur la figure du devenir. 

Et pourtant ne pas savoir. 

Comme il est difficile d'imaginer la nuit. Déposer une image sur un mot sans en connaître le sens. Faire de l'autre le centre de son être car l'autre c'est être soi. Comme il est difficile de pleurer. 

Comme il est difficile d'avoir l'innocence naïve de croire que tout est important. Du regard au souvenir en passant par la traînée que laisse le parfum dans le couloir des rêves. Et de prendre à plein coeur tous les corps qui défilent dans l'esprit. 

Et pourtant j'aimerais revoir cette époque.