Engrenage (exercice de style)

Daniel Macaud

-C’est toi ? … Tu as changé...
-Tu attendais qui ?
-Qu’est-ce que tu fais là ?
-Ca fait dix ans que je te cherche.
-Je voulais pas qu’on me retrouve.
-C’est pour ca que tu pourris ici ?
-... Faut pas que tu restes là, si il revient...
-Je suis là pour lui aussi.
-Pourquoi ?
-C’est un braqueur petite soeur, et moi, je suis flic !
-Ah... T’as réussi alors ?
-Oui... Tu comptes me laisser à la porte de ta caravane ? Tout le camping nous regarde.
-... Rentre... Pas longtemps.
-Pourquoi t’es avec ce mec ? Après ce qu’il a fait...
-Parce qu’il a pris soin de moi, voilà pourquoi.
-Soin de toi ? Il t’as violée ! Il t’as enfermée ici !
-Oui, il m’as violée, oui, il a fait de moi une femme quand je n’étais qu’une enfant, et alors ? Qui te dit que je le voulais pas ? Hein ?
-Papa...
-J’en ai rien à foutre de papa ! Il m’a pas cherchée plus que ça quand je suis partie !
-Au contraire... Et moi, c’est à cause de toi que j’ai cette carte maintenant.
-Tu me cherchais ?
-Oui.
-Et Alain ?
-J’enquête sur cette série de braquage depuis 6 mois. C’est le hasard.
-Il faut que tu partes.
-Tu viens avec moi.
-Non.
-Je vais le coffrer, et toi avec, tu viens !
-Non ! Casse-toi ! Tire-toi ! Dégage !
-Petite soeur... J’ai jamais voulu ça... Je suis désolé.

***

-Salut.
-Salut.
-C’est la première fois que je te vois.
-Et alors ?
-C’est quoi ton nom ?
-Et pourquoi je te le dirais ?
-Parce que j’aime bien savoir le nom des filles avec qui je couche.
-Et qui t’as dit que je dirais oui ?
-Qui t’as dit que je te demanderai ?
-... Euh...
-Viens... Fais pas cette tête, on va juste prendre un café. On peut au moins faire connaissance, non ?
-... Ok...

***


-Va la chercher !
-Mais papa...
-Ta gueule, espèce de sale morveux, tu vaux pas mieux que cette traînée !
-Je sais pas où elle est partie...
-Va la chercher, où je te démonte la tête !
-Non... S’il te plaît...
-Je vais t’apprendre la vie, moi, branleur !
-Arrêtes, s’il...

***


-Qu’est-ce que t’as ? Pourquoi tu chiales ?
-Pour rien.
-Ben voyons. allez, crache.
-Ta gueule.
-Hey ! Tu me parles pas comme ça ok ?
-Tu me fais mal.
-Pourquoi tu chiales ?
-C’était ma première fois ! Voila pourquoi ! Sale con !
-Putain... Mais t’as quel âge ?
-16 ans...
-Merde... Bon, casse-toi.
-Hein ? Mais...
-Laisse tomber. Je veux pas finir en taule à cause de toi. Rentre chez toi.
-Mais je peux pas...
-Va pas me dire que tu prefère la rue ! Ça se voit que tu as fait une fugue, alors rentre chez toi !
-Je peux pas... S’il te plait...
-Putain...
-S’il te plait... Quelques jours... Le temps que je trouve un squat...
-Ben voyons, pour que tu finisses droguée et pute ? Redescend sur terre gamine, la rue, c’est l’enfer !
-Alors je reste ici.
-... Y’a du café dans le placard... Et tu fous pas le bordel dans la caravane.

***


-Inspecteur Buet, on en est où de l’enquête sur les braquages de bijouteries ?
-Ça avance Monsieur. On a des preuves, on a un suspect. On le surveille. dès qu’il repasse à l’action, on le coffre, ça fera pas un pli.
-Trois braquages en un mois, ça commence à faire beaucoup, vous avez intérêt à avoir des résultats mon vieux. Depuis le début de cette affaire on a piétiné beaucoup ! Et depuis six mois, j’ai le ministre qui me casse les...
-Oui Monsieur. Je vous promets qu’on va les coffrer.
-Les ?
-Il a une complice. On la surveille aussi. Ils vivent dans une espèce de caravane dans un terrain de camping.
-Et pourquoi vous les coffrez pas ?
-Pas de commission rogatoire. On doit les chopper en action.
-Font chier avec leurs réformes de merde les politicards !
-Oui Monsieur.

***


-Et tu vas faire quoi avec cette carte hein ?
-Je penserai que tu serais fier de moi, papa.
-Abruti. T’as jamais retrouvé ta soeur ! On sait même pas si elle est encore vivante, et toi, tu deviens un bleu !
-Avec cette carte, je pourrais la chercher plus facilement. Je suis flic maintenant. Inspecteur.
-Aide-moi, remet mon oreiller en place, et va me chercher des clopes.
-Papa... Faut que tu arrêtes...
-Me dis pas ce que je dois faire ! Obéis !
-... Tu nous as jamais aimé en fait, hein ?
-Mon oreiller !
-Ça suffit. Je te dois plus rien. Et si je retrouve Carine un jour, compte pas sur moi...
-Mon oreiller ! Et les clopes !
-Adieu papa. J’espère que ton cancer te feras pas trop souffrir...
-Reviens... Sale morveux... Reviens !

***


-Encore toi ?
-Carine... Il faut que ça s'arrête...
-On peut pas... Et reste pas là, je te suivrais pas, je te l’ai dit !
-On sait que vous préparez un autre casse... Ça va mal finir ! Je risque ma place en venant ici tu sais...
-Je t’ai rien demandé !
-Écoutes... Papa est mort il y a une semaine. Il avait un cancer depuis trois ans. Je l’ai appris parce que les collègues ont été appelé à cause d’une odeur... Je l’avais pas revu depuis deux ans... Il est mort seul.
-C’est tout ce qu’il méritait ce salaud.
-Dix ans ! Carine, quand tu es partie... J’ai vécu un enfer moi ! Mais toi, tu t’en fous ! T’as pensé à moi un peu ? Hein ?
-Arrêtes...
-Non, j'arrête pas ! Toi, cesse de fuir ! T’as fui toute ta vie, et maintenant, je suis encore obligé de subir les conséquences de tes conneries !
-S’il te plaît... Sébastien... Va t’en... Je sais que ça va mal finir... Mais je peux pas venir avec toi... Il a besoin de moi tu comprends ?
-Non je ne comprends pas. Et moi alors ? Hein ?
-Tu t’en sors bien toi. Moi, c’est fini...
-... Tu vas me laisser tomber alors, une deuxième fois ?
-... Au revoir Sébastien... Je n’ai pas été une bonne grande soeur... Pardon...
-Je n’ai jamais eu de grande soeur...

***


-Alain.. Qu’est-ce c’est ?
-Du plastic... Le coffre fort de la bijouterie est différent. On pourra pas l’ouvrir comme les autres. Faut le faire sauter.
-C’est dangereux.
-Tinquiètes, je sais ce que je fais.
-On devrait pas le faire... J’ai un mauvais pressentiment.
-Bébé... C’est le dernier ok ? Après, on se casse de là, on va vivre au soleil. Je t’ai promis la belle vie, et je tiendrais parole, ok ?
-Alain... Faut pas... Les flics nous cherchent, je suis sûr qu’ils nous surveillent !
-Ouais, je sais... C’est pour ça que j’ai tout changé, on va se faire une autre bijouterie. Et on y va ce soir !
-Hein ?
-Fais-moi confiance, ça ira...
-Alain...
-Hey ! tu me fais confiance ok ! On est ensemble, jusqu’au bout ! Compris ?
-... Oui... D’accord...

***


-Qu’est-ce que tu fous bon dieu ? Ça pèle !
-Voila, c’est bon, le système d’alarme est HS.
-Pas trop tôt ! Allez entre...
-Putain...
-Nom de... C’est quoi cette sirène ?
-Je sais pas...
-T’as pas éteint l’alarme !
-Si... Y’en avait une deuxième !
-Bordel ! On a pas le temps, on se casse !
-Merde, les flics !
-Tire bordel ! Tire !

***


-Inspecteur, ça bouge chez les suspects. Les collègues en planque nous disent qu’ils viennent de quitter leur caravane.
-Merci. On y va et on les suit et discrètement. Dès qu’ils passent à l’action, on les coffre. Je veux pas de bavure ok ? Si ils tirent, visez les jambes !
-Oui Inspecteur.
-C’est parti.

***


-Faut aller à l'hôpital !
-Non !
-Il faut se rendre, tu perds tout ton sang ! Ça va pas...
-Lâche-moi...
-Y’en a partout dans la bagnole ! Tu vas y rester !
-J’irai pas en taule !
-Je veux pas te perdre...
-Putain, mais tu me fais chier ! Casse-toi ! J’ai pas besoin d’une conne !
-Pourquoi tu dis ça ?
-Mais t’a rien compris ou quoi ? Si ce casse avait marché, je t’aurais descendu, et je me serais cassé tout seul ! T’es qu’une pute tu piges ?
-Arrêtes !
-Tu crois quoi ? Ca fais dix ans que tu me fais chier, c’est toi qu’as voulu rester, alors maintenant, tu fermes ta gueule, j’irai pas en taule !
-Alain... Non...
-Quoi ?
-...

***


-Inspecteur... On les a retrouvé. La voiture en flamme, c’était la leur.
-Bon. Ils sont en bas ?
-Avec le légiste, il est en train de les examiner.
-On est sûr que c’est eux ?
-C’est l’immatriculation qu’on a relevé dans la course poursuite.
-...
-Tout va bien ?
-... Oui... il est long cet ascenseur... On sait ce qui s’est passé ?
-L’un des deux a descendu l’autre, et a ensuite tiré dans le réservoir depuis l’habitacle.
-Le fumier...
-Pardon ?
-Il a préféré la mort à la taule.
-Dommage pour la fille...
-Ouais... Peut-être...
-Ah, vous voilà.
-Bonjour docteur, alors ?
-Bon, y’en a un qui est bien mort avec une balle dans la tête. L’autre, elle est morte brulée vive.
-Elle ?
-Oui, c’est la femme qui a tiré.
-...
-Inspecteur ? Ca va ?
-Oui... Ca va mieux.

FIN

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