Entendre et écouter

Sylvie Paréra

Le chemin entre ce que l'on pense vouloir et ce que l'on veut vraiment. Quand les conseils nourrissent nos choix au point de se découvrir d'autres envies.

Pas facile de dire ce que je voulais, alors je prenais le problème à l'envers : dire ce que je ne voulais pas. Et à force de retirer ce qui ne me plaisait pas, je trouvais ce que je voulais, enfin dans la limite de mes propres options. Parce que mes goûts ne devaient pas être à la mode, pas question de choisir en fonction de ce qui se fait parce que demain ce sera déjà défait. Il me fallait un mélange de tout, de rien. Il me semblait que cet endroit était moi, puisque faute de ne pas tout aimer, je ne détestais rien. Je voulais que l'ambiance soit plus forte que la déco, même si la déco permettait l'ambiance. J'étais surprise de cette mode qui s'invitait partout. De ces choix que les autres faisaient pour nous. Je voulais garder cette impression d'être maître de mes jeux, de mes yeux, de mes vœux. Et mon seul vrai vœux était d'avoir chaud. J'ai vécu quelques hivers, il y a des années ou le froid me donnait l'impression de n'être qu'un frisson, les vitres semblaient être glaçon. Alors le premier confort fut le chauffage, ça je ne sais pas, je peux choisir mes rideaux, mon carrelage mais le chauffage ? Je ne voulais qu'une chose:ne pas avoir froid. Les flammes dansent dans mon insert, c'est facile quand on sait pour toi. Je rêvais d'une maison en pierre, pour y peindre, écrire. Mais le rêve n'habille pas une maison. Si je n'ai pas besoin des autres pour donner l'ambiance, je dois bien le reconnaître j'ai besoin de l'autre pour que ma maison existe. Petits magiciens de l'électricité, de l'eau, la chaleur, la structures...Tous ces mondes qui feront que ma maison sera mon endroit. La passion des autres fait que l'on oublie parfois de rester maître, tout simplement parce eux savent et moi pas. Je ne peux pas avoir ce que je veux parce ma maison deviendrait biscornue, ils me le prouvent, ils ont raison et je souris parce que ma maison naît de l'échange. Ma maison dans les nuages ne tiendrait pas sur terre, elle deviendrait poussière. Ma maison sera en fonction de mes envies et surtout de leurs savoirs.

Tous ces métiers sont le sang, les os, les muscles de ma maison. Je n'avais pas compris.

Parfois quand je ne dors pas, je pense, comment est ce possible ? Je voulais une maison en pierre et j'ai une maison cube au milieu d'arbres. Comment cette femme m'a convaincu que mon bonheur était plus loin que dans ma tête. L'histoire d'amour que l'on attend pas. La rencontre, le moment ou le projet que l'on avait devient petits morceaux de papiers déchirés. Je n'ai pas adopté ma maison, je l'ai portée. J'ai écouté, j'ai entendu, et à force de mots, j'ai compris que je voulais que les choses soient simples, légères. Et on m'a fait comprendre que si je n'étais pas capable de dire ce que je voulais et seulement ce que je ne voulais pas. C'est que ce que je cherchais au mauvais endroit. L'éducation, les souvenirs d'enfants font que l'on construit d'étranges battisses.

Ma maison est d'abord ma révolution, laisser vivre mes vrais envies, celles d'un endroit ou l'on vit et surtout on respire. Parce qu'au final, mes enfants ont souri en voyant ce projet se métamorphoser.

Sans les autres j'aurais continué à ne pas savoir ce que je voulais parce que les choix que je me donnais n'étaient pas les bons. Écouter, entendre, être écouté, être entendu...il y a des projets des rêves qui ne trouvent leur respiration que dans le concret, la technologie, le savoir de l'autre.


J'ai choisi mes couleurs et entendu ce que vous voulait ma famille. Et à force de voir ce drôle de tableau choisi par ma fille, je le vois autrement. Par ce que ce rêve n'était que le mien avant de devenir le notre, enfin !


J'ai entendu dire que nos maisons étaient ce que l'on est. Il était une fois, moi, biscornue, compliquée, avec des couloirs à n'en plus finir, des lumières sombres. Et puis un jour, les couloirs sont tombés, la lumière est passé. Je cherchais dans un méandre de complications, la maison simple que j'étais. Je m'étais simplement trompé de jeux d'images et sans les « autres » je serais encore dans ce labyrinthe. J'ai grandi avec ma maison, j'ai appris que je pouvais savoir ce que je veux juste en laissant la parole aux autres. J'ai appris que l'on change, nourri par d'autres savoirs, par d'autres pensées. Peu importe le maquillage de ma maison, les coussins, les couleurs, la seule chose à comprendre et que cette maison avant d'être ma maison de tête, elle est ma maison de cœur.

  • Une maison où vous êtes simplement bien avec vous-mêmes !

    · Il y a environ 8 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Vous auriez pu faire le concours avec ce joli texte !

      · Il y a environ 8 ans ·
      Louve blanche

      Louve

    • merci, je pensais l'avoir fait ! et non...Merci

      · Il y a environ 8 ans ·
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      Sylvie Paréra

    • De rien !

      · Il y a environ 8 ans ·
      Louve blanche

      Louve

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