Entre rêve et réalité

vanesse

Elle ne pouvait détourner le regard de l’écran comme hypnotisée. Elle aurait payé cher pour être à la place de l’actrice que l’acteur tenait dans ses bras et à qui il promettait un amour éternel. Emilie adorait aller voir au cinéma ces films à l’eau de rose. C’était une inconditionnelle fleur bleue mais elle préférait ne pas le montrer. Aucun homme n’avait réussit à faire battre son cœur et il s’était endormi. Elle aimait croire que son âme sœur viendrait un jour frapper à sa porte. A peine sortie de la salle de cinéma, elle se rendit chez le premier marchand de journaux qu’elle trouva. Elle prit tous les magazines féminins qu’elle affectionnait. Ensuite, Emilie rentra illico chez elle et dévora tous ces magazines. Un article retint plus particulièrement son attention. Il parlait d’un jeune héritier, à la tête d’une fortune colossale suite aux décès de ses parents. Il œuvrait beaucoup pour des associations caritatives surtout en faveur des enfants. Oui, il aspirait à une vie de famille et espérait secrètement qu’un jour son âme sœur vienne frapper à sa porte.

Emilie fut émue en lisant cet article, une petite voix lui disait qu’il était son homme idéal. Dommage qu’il vive à des milliers de kilomètres. Elle aurait bien voulut le rencontrer. De toute façon un homme comme lui ne pouvait pas s’intéresser à elle. Il ne faisait pas parti du même monde. La photo qui illustré l’article la troubla encore plus. Peut-on tomber amoureuse à partir d’une simple photo ? Assurément non, pensait Emilie. Mais là, elle devait reconnaitre que son charme ne la laissait pas indifférente. Emilie rechercha sur Google des informations complémentaires. Elle trouva une biographie complète et quelques articles de presse. Alexander Carlson avait de nombreuses prétendantes mais ces filles n’étaient que de passage. Regarder ces photos de lui accompagné de jolies filles, lui fit ressentir un petit pincement au cœur. Elle décida d’arrêter et de télécharger la bande originale du film qu’elle venait de voir. Tout en écoutant la musique, elle découpait une photo d’un des magazines et elle le colla sur son armoire. Ainsi, elle le verra en se couchant et en se réveillant. Emilie caressa du bout des doigts l’affiche, caressa les contours de son visage. Elle frissonna, que se passait-il ? Elle n’avait plus quinze ans depuis un certain temps. Mais cet homme était plus qu’une image sur du papier glacé.

Tout à coup épuisée, elle décida de s’allonger quelques minutes alors que la musique continuait de résonner dans son appartement. Emilie sombra dans le sommeil sans s’en apercevoir. Des images un peu floues s’imposèrent à elle mais Emilie le reconnu, Alexander. Ils riaient ensemble jamais Emilie ne s’était senti aussi heureuse. Surtout lorsqu’il l’embrassa, elle fut transportée dans un monde rempli de douceur. Elle voyait sa vie avec lui et elle lui semblait agréablement parfaite. C’est lorsqu’elle vit deux amants dont elle ne pouvait distinguée les visages en plein acte d’amour, qu’elle se réveilla en sursaut. Sa respiration était saccadée et lorsqu’elle posa sa main sur son front, elle constata qu’il était trempé de sueur. Aucun rêve ne lui avait procuré autant d’émotions. C’était comme si elle l’avait vécu réellement. Elle soupira et regarda l’heure. Il était presque minuit et elle n’avait pas diné.

Emilie mangea un morceau de pain et un yaourt puis elle se mit au lit. Elle dormit d’un sommeil sans rêve et se réveilla plusieurs fois dans la nuit. Lorsqu’elle dû se lever pour aller travailler, elle eu l’impression de ne pas avoir dormi. Emilie prit une douche froide pour se réveiller. L’effet fut immédiat. Quand elle arriva à son travail, la jeune femme avait l’impression d’avoir oublié le beau milliardaire. Emilie travaillait comme agent d’accueil dans la plus grande entreprise des environs. Son travail ne la comblait pas totalement mais il lui permettait de payer ses factures. Et puis, répondre au téléphone et accueillir les clients ne lui étaient pas si désagréable. Au bout de quelques heures, le bienfait de la douche froide s’estompait. La fatigue regagnait du terrain. Elle se laissa tenter par l’idée de mettre sa tête entre ses mains et de fermer les yeux quelques minutes. Cela devrait être suffisant pour se reposer. Mais à peine avait-elle fermé les yeux qu’elle entendit une voix. Celle-ci était d’abord lointaine puis elle devint de plus en plus claire. C’était sa voix, celle d’Alexander. Elle ne l’avait jamais entendu mais elle en était certaine. Malheureusement Emilie ne comprenait pas ce qu’il disait. Il parlait anglais et la jeune femme ne comprenait pas tous les mots qu’il prononçait. Il parlait beaucoup trop vite. Sans s’en rendre compte, Emilie se mit à parler à voix haute.

-        S’il te plait, parle moins vite. Je ne comprends pas tout ce que tu me dis.

Tout à coup, la voix stoppa net.

-        Non attend !s’écria Emilie en se redressant brusquement.

C’est alors qu’elle se trouva nez à nez avec un client qui la regardait comme si elle était complètement folle. Ses jambes ne pouvaient plus supporter son corps écrasé par le poids de la honte. Emilie réussit à s’assoir sur sa chaise. Elle ravala sa salive pour bredouiller quelques mots.

-        Je…que…vous aviez rendez-vous ? réussit-elle à lui demander.

-        Oui, j’ai rendez-vous avec monsieur Leroy, lui répondit-il avec un air supérieur.

-        Je le préviens tout de suite, lui dit-elle avec son plus beau sourire pour essayer de lui faire oublier son moment de folie.

Un rendez-vous avec le grand patron, c’est peine perdu se dit-elle. C’est sûr, demain elle sera au chômage. A la pause déjeunée, Emilie se rendit à la cafétéria et y rejoignit une de ses collègues. Carole était secrétaire au service ressources humaines.

-        Salut Emy, t’as pas l’air en forme. Tu es un peu pâle, lui dit Carole.

-        Oui, j’ai dû attraper un petit virus, lui expliqua-t-elle.

-        Tu te soignes au moins ? lui demanda Carole.

-        Oui, soupira Emilie.

-        Tu l’as vu le nouveau gros client ? Avec ce nouveau contrat, il parait qu’on assure la survie de l’entreprise pour au moins trente ans, lui expliqua Carole.

-        Oui, je l’ai vu. Il a signé le contrat alors ? demanda Emilie inquiète.

-        Oui, c’est Annie du service financier qui me l’a dit tout à l’heure, lui répondit-elle.

Emilie fut soulagée, au moins elle n’avait pas compromis l’avenir de la société. Elle avait entendu des voix, sa voix. Etait-elle entrain de devenir folle. La jeune femme se demandait si elle devait consulter un psychiatre le plus rapidement possible.

Le soir en rentrant chez elle, Emilie fila directement sous la douche. Elle y resta un bon moment pour essayer de se relaxer. Ensuite, la jeune femme décrocha la photo qu’elle avait accrochée la veille et rangea tous les magazines qu’elle avait achetés. Elle les rangea tout au fond de son armoire. Il fallait qu’elle l’éloigne d’elle, qu’elle oublie son visage voire son existence. Emilie espérait qu’après une bonne nuit de sommeil, cette affreuse journée ne serait plus qu’un mauvais souvenir. Et c’est plus ou moins serein qu’elle plongea dans un sommeil agité.

Emilie se trouvait dans un endroit sombre dont elle ne pouvait voir les contours parce que c’était flou. Toutefois, elle pouvait entendre sa respiration haletante. Le lieu où se trouvait Emilie devint de plus en plus clair et elle pu distinguait une forêt sombre et effrayante. Emilie courait ou plutôt, elle fuyait quelqu’un ou quelque chose. Les branches des arbres lui fouettaient les bras et le visage sur son passage. Et les racines manquaient de la faire chuter à chacun de ses pas. Emilie voulut reprendre son souffle quelques secondes mais elle sentait le danger se rapprochait. Elle cherchait autour d’elle le moyen de sortir de cette forêt vivante. C’est alors qu’elle vit cette lumière éclatante. Elle semblait loin mais c’était la seule porte de sortie qui s’offrait à elle. Emilie reprit sa course vers cette lumière et au fur et à mesure qu’elle se rapprochait, la lumière devenait plus grande et plus brillante. Emilie était tellement pressée de quitter cette forêt que dans ses derniers pas, elle ne vit pas la grosse branche morte sur le sol. Elle trébucha tout en réussissant à plonger. Emilie glissa en s’étalant de tout son long mais enfin elle était saine et sauve.

Emilie resta allongée à terre sur cette pelouse. Elle ignorait totalement où elle se trouvait. Mais Emilie se sentait si épuisé qu’elle ferma les yeux. La jeune femme ne vit donc pas qu’un homme l’avait vu tombé et venait vers elle. Il s’agenouilla près d’Emilie.

-        Mademoiselle, vous m’entendez ?

Il n’obtint pas de réponse. En effet, Emilie restait totalement immobile. Même si elle n’arrivait pas à bouger, Emilie entendait sa douce voix grave. Elle la trouvait si rassurante. Emilie finit par soupirer.

Le jeune homme fut soulagé, « elle respire, elle est vivante ». Mais en regardant ses vêtements déchirés et ses pieds écorchés, il se demanda à voix haute :

-        Bon sang, que vous est-il arrivé ? Je vais prévenir les secours, ne vous inquiétez pas, lui dit-il en lui caressant les cheveux.

Emilie réussit à ouvrir ses yeux pendant qu’il prenait son téléphone portable dans la poche de son pantalon. Mais Emilie s’agrippa à lui.

-        Non, pas l’hôpital… je ne veux pas aller à l’hôpital, s’il vous plait.

Le regard suppliant d’Emilie le convaincu.

-        D’accord, calmez-vous. Je vais vous emmenez chez moi et j’appellerai un médecin pour qu’il vous ausculte.

-        Merci, soupira Emilie.

Il la prit dans ses bras pour la transporter jusqu’à sa voiture. Emilie s’accrocha à lui et enfouit sa tête contre son torse. Elle sombra à nouveau dans l’inconscience.

Lorsqu’Emilie ouvrit à nouveau les yeux, elle ne reconnut pas la pièce où elle se trouvait. Mais elle entendit deux hommes discuter.

-        Sa vie n’est pas en danger, il lui faut juste beaucoup de repos, dit l’un.

-        Merci docteur, je vous raccompagne, lui répondit l’autre.

La porte de la pièce se referma et Emilie décida de se lever. Tout son corps était douloureux, le moindre de ses mouvements la faisait souffrir mais elle réussit tout de même à se lever. Emilie voulait rentrer chez elle mais elle se rendit compte qu’elle ne savait pas chez qui elle se trouvait ni d’ailleurs dans quelle ville. Pourquoi avait-elle traversé cette forêt ? Quel jour était-elle ? Tout cela n’avait aucun sens pour la jeune femme. Tout ce dont elle se rappelait c’était de s’être endormi dans son lit. Emilie fut prise de vertige et dû se rassoir sur le bord du lit. Elle se rendit alors compte qu’elle était vêtue d’un large t-shirt. Elle y sentit une odeur masculine. Elle aimait bien cette odeur. Emilie entendit des pas dans l’escalier, puis la poignée de la porte tourner et enfin la porte s’ouvrir doucement. C’est Alexander qui apparut dans l’embrasure de la porte. Simplement vêtu d’un jeans et d’un t-shirt, les cheveux encore mouillés par la douche qu’il venait prendre, il lui souriait. Il était magnifique. Emilie pensait qu’elle était entrain de rêver et se pinça la cuisse pour vérifier.

-        Aïe, dit-elle.

-        Vous vous sentez mieux ? Que vous est-il arrivé ?

Il s’arrêta de parler quelques secondes, Emilie n’avait pas bougé d’un pouce et ne put prononcer un seul en seul mot.

-        Excusez-moi, je ne voulais pas vous effrayer. Je ne me suis pas présenté, Alex Carlson, lui dit-il en tendant sa main droite.

Emilie n’arrivait pas à en croire ses yeux, il se tenait là, juste devant elle et il était entrain de lui parler. Voyant qu’elle ne réagissait, le jeune homme finit par abaisser sa main.

-        Euh, Emi…lie. Mes amis m’appellent Emy.

Pourquoi elle lui disait cela ? Tu es ridicule Emilie. Elle racontait n’importe quoi, ses mains étaient moites et son cœur cognait fort dans sa poitrine. Si fort, qu’elle avait l’impression qu’il allait exploser.

Non c’était impossible, elle était entrain de tomber amoureuse, réellement. Ce qu’elle ressentait était bien réel. Comment était-ce possible ?

-        Vous pouvez vous reposer ici cette nuit et demain je vous raccompagnerai chez vous, lui proposa Alex.

-        D’accord mais…

Emilie se ravisa. Comment pouvait-elle lui expliquer qu’elle habitait à des milliers de kilomètres et ignorait totalement comment elle était arrivée ici. De toute façon, elle était trop fatigué et décida de s’allonger.

Emilie sursauta et s’assit dans son lit en entendant la sonnerie de son réveil. Elle le frappa avec son poing pour l’éteindre. En se levant, Emilie ressentit des douleurs dans les cuisses comme si elle avait effectué plusieurs kilomètres de courses à pieds.

-        Ce n’était qu’un rêve, se dit-elle.

Pourtant en prenant sa douche matinale, elle constata une écorchure sur son bras gauche. Elle resta quelques secondes immobile en laissant l’eau ruisseler sur son corps puis elle finit par tourner les robinets pour arrêter l’eau.

« Je dois être somnambule », pensa Emilie.

En sortant de la douche, elle examina tout de même son écorchure dans le miroir. Emilie en conclut qu’elle avait dû se griffer dans son sommeil. C’était la seule explication logique, c’était donc la seule, tout court.

Sa journée de travail lui semblait si longue. Elle n’avait qu’une envie, rentré chez elle. Pourtant rien de particulier ne l’y attendait, ni enfants, ni mari, ni même un chien ou un poisson rouge. Mais elle avait envie d’une chose, s’allonger sur son lit et partir de nouveau au pays des rêves. Dès qu’elle fermait les yeux, c’était lui qu’elle voyait. Son beau visage, son regard ensorcelant, ses lèvres qu’elle pensait douces. Elle ne put retenir un léger soupir. Le téléphone ne sonnait pas ce qui l’encourageait à se laisser aller à sa rêverie.

Emilie n’arrivait pas à écarter Alexander de ses pensées. Elle profita du calme qui régnait dans le hall pour se connecter avec son ordinateur à Internet. Emilie trouva un site officiel qui lui était consacré. Il était célèbre et apprécié dans son pays. Il y avait beaucoup de messages de jeunes femmes qui déclaraient leur amour pour lui, certaines même lui faisaient des demandes en mariage.

« C’est absurde pensait Emilie, elles ne le connaissent même pas. »

Mais une petite voix au fond d’elle lui dit :

-        Regarde-toi, tu n’es pas mieux. Toi aussi tu en pinces pour lui.

-        Non, c’est faux, lui répondit intérieurement Emilie.

Pourtant quand elle pensait à lui, elle sentait son cœur battre dans sa poitrine. Et quand elle voyait son visage, ses yeux brillaient.

Oui, elle était entrain de tomber amoureuse de cet homme et c’était à la fois absurde et inimaginable pour Emilie. Mais lorsque la nuit arrivait, elle avait hâte de se glisser dans ses draps et de sombrer dans le sommeil.

Lorsqu’elle se réveilla, tout en gardant les yeux fermés, Emilie comprit qu’elle ne se trouvait pas dans son lit. L’odeur des draps était différente des siens et les bruits qu’elle entendait n’avaient rien à voir avec ceux de son appartement. Un large sourire éclaira son visage, elle avait compris où elle se trouvait.

De peur de se tromper, Emilie garda encore quelques minutes les yeux fermés. Mais l’impatience finit par l’emporter et elle ouvrit grand ses yeux. Emilie ignorait l’heure qu’il était mais il faisait jour et les rayons du soleil essayaient de se frayer un chemin dans la pièce où elle se trouvait. Il y avait une coiffeuse près du lit et sur la chaise était posée une robe de chambre en satin. Emilie sortit du lit, diverses douleurs dans son corps se réveillèrent. C’était vraiment étrange, l’expression rêve éveillé prenait tout son sens. Emilie prit la robe de chambre et l’enfila. Elle était parfaitement à sa taille (les rêves sont magiques). Emilie fit le tour du lit, se dirigea vers la fenêtre. Elle tira les rideaux, la lumière inonda la pièce. Un peu éblouie, elle découvrit que les portes fenêtres donnaient sur un petit balcon. Elle ouvrit les portes, l’air était un peu frais mais agréable. Emilie sortit sur le balcon et vit un petit coin de verdure. En fait, c’était un grand carré de pelouse, quelques arbres plantés ici et là. Sous l’un d’eux, il y avait un banc. Cela devait être agréable de s’y assoir et bouquiner. Elle posa ses mains sur la rambarde et en se penchant un peu, elle vit un parterre de fleurs de toutes les couleurs.

Emilie fut interrompue de sa rêverie par un bruit qui venait de la porte d’entrée. La jeune femme se précipita dans la chambre. Elle y découvrit une femme d’un âge mûr qui lui dit :

-        Bonjour, mademoiselle, voudrez-vous prendre un petit déjeuner ?

Emilie ne s’était pas rendu compte qu’elle avait faim mais à en parler, elle en avait l’eau à la bouche.

-        Oui, avec plaisir, lui répondit donc Emilie.

Elle avait remarqué l’accent britannique de la femme et d’après sa tenue vestimentaire, Emilie supposa qu’elle devait être une gouvernante ou quelques choses dans ce genre.

-        Je vais vous conduire à la cuisine. Monsieur Carlson vous y attends, lui expliqua la femme avec un sourire qu’Emilie ne savait pas comment interpréter.

La jeune femme suivit la « gouvernante » à travers la maison. Elles descendirent les escaliers et traversèrent un petit couloir pour ouvrir une porte qui débouchait dans une cuisine. Une superbe cuisine aménagée, et surtout il y avait une bonne odeur de… pancakes ! Ça y est Emilie était affamé, tellement obsédé par cette nourriture qui semblait l’attendre, elle ne vit pas l’homme assis à la table.

-        Bonjour Emy, lui dit-il.

Emilie eut un sursaut et porta sa main à son cœur.

-        Bon… (elle s’éclaircit la voix) bonjour monsieur, lui répondit Emilie.

Il lui sourit.

-        Oh non, je vous en prie, appelez-moi Alex. Asseyez-vous, Cathy nous a préparé un petit déjeuner copieux. J’ignorais si vous seriez affamé ou non…

Emilie n’écoutait déjà plus ce qu’il lui disait mais elle le dévorait des yeux. Il ne portait qu’une paire de jeans et un simple tee-shirt. Mais son goût vestimentaire simple voire peut-être négligé n’égrenait en rien son charme. Il était beau, Emilie ne voyait pas d’autres mots pour le décrire. Elle observait son visage si expressif bien qu’une barbe naissante lui en mangeait une bonne partie. Les doigts de la jeune femme brûlaient d’envie de le caresser. Elle voyait ses lèvres remuaient mais ne comprenait pas vraiment ses paroles. En revanche, le son de sa voix parvenait à ses oreilles. Grave mais douce, Emilie trouvait ce timbre apaisant. Elle aurait pu l’écouter pendant des heures mais quand Emilie s’aperçu que les lèvres d’Alex ne bougeait plus et qu’il la regardait avec étonnement, elle se sentit gênée. Elle tira la chaise qui se trouvait près d’elle, et s’assit rapidement.

-        N’hésitez pas à vous servir, lui dit Alex.

Emilie s’exécutait avec plaisir. Elle se servit un verre de jus d’orange et prit quelques pancakes qu’elle beurra de sirop d’érables. Emilie n’osait plus regarder son hôte alors elle se gavait tout en gardant les yeux baissés.

-        D’où venez-vous Emy, lui demanda-t-il.

La jeune femme leva les yeux et avala sa bouché un peu bruyamment. Elle n’avait pas réfléchi à l’éventualité de cette question. Que pouvait-elle répondre ? Qu’elle ne faisait qu’un rêve, que tout ceci n’était pas réel, c’était impossible de lui expliquer. Elle ne voulait pas non plus prendre le risque que tout s’arrête, qu’elle se réveille. Il fallait qu’elle gagne un peu de temps.

-        Je ne sais pas, lui répondit-elle.

-        Vous voulez dire que vous ne vous souvenez pas où vous habitez ni ce que vous fuyez dans le parc hier soir ? la questionna Alexander

-        Euh, non… vraiment… je ne me souviens pas, lui répondit Emilie en secouant la tête.

-        D’accord, ne vous inquiétez pas. Vous devez avoir une amnésie passagère, le médecin m’a prévenu de cette possibilité. Mais j’ai une petite idée sur votre nationalité, vous avez un joli accent français (étrange pensait Emilie, il la comprenait dans sa langue maternelle). En attendant, vous pouvez rester ici, si vous le souhaitez bien sûr, lui proposa Alex.

Emilie ne put répondre, elle était émue par sa gentillesse. Elle ne l’avait jamais rencontré et portant cet homme lui offrait le gîte et le couvert. C’est un véritable prince charmant, pensait la jeune femme.

Emilie était enfin rassasiée et elle avait réellement envie de prendre une douche.

-        Je vous remercie pour le petit déjeuner. Si ça ne vous dérange pas, je souhaiterai me changer et prendre une douche.

-        Bien sûr, je vais appeler Cathy pour qu’elle vous conduise à votre salle de bain.

Emilie et Alexander se levèrent de table tous les deux et atteignirent en même temps la porte de la cuisine. Emilie avait déjà posé sa main sur la poigné quand Alexander posa sa main sur la sienne. Emilie ressentit un picotement à ce contact, un frisson remonta le long de son bras et la fit trembler. Emilie ne sut pas que ce ressentit fut partagé car Alexander ne lui laissa rien paraitre et s’excusa même de ce contact. Emilie ressentit une pointe de déception mais n’en montra rien à son hôte. Elle suivit encore une fois Cathy qui la conduisit à ladite salle de bain, sûrement réservé aux invités puisqu’elle se trouvait près de la chambre où elle avait dormi. Mais au moment où Cathy allait la laisser, Emilie réagit qu’elle n’avait pas de vêtements de rechange.

-        Excusez-moi mais je n’ai aucuns vêtements de rechange, lui expliqua Emilie un peu gênée.

-        Ne vous inquiétez pas, monsieur Carlson a appelé une amie qui devrait apporter des vêtements propres à votre taille. Je les déposerai dans votre chambre. En attendant vous pouvez utiliser le peignoir qui est suspendu derrière la porte, lui expliqua Cathy.

-        Merci, lui répondit simplement Emilie.

Cathy laissa donc Emilie et cette dernière ferma la porte à clé derrière elle. La jeune femme voulait juste prendre une simple douche mais c’est une baignoire qu’elle vit. Elle se dit donc qu’un bain ferait aussi bien l’affaire. Elle fit couler l’eau pendant qu’elle se déshabillait. Emilie blottit encore contre elle, le tee-shirt que lui avait prêté Alex. Emilie tourna les robinets pour stopper l’eau et plongea dans l’eau à bonne température. Elle s’allongea dans la baignoire, son corps était immergé dans l’eau seule sa tête dépassait. Elle voulut un peu fermé les yeux mais elle finit par sombrer dans un trou noir.

Emilie se réveilla en sursaut mais dans son propre lit. Oh non, pensa-t-elle. Vite rendors-toi, se dit-elle. Mais c’était impossible son réveil se mit à sonner et elle ne pouvait se permettre de se porter malade à son travail. Sa nuit était bel et bien finit. Cependant, une chose la rassura, c’était vendredi donc à partir de ce soir, elle aurait autant de temps qu’elle le souhaitait pour rêver et de profiter de l’homme dont elle était entrain de tomber amoureuse, Alexander Carlson.

Toute la journée, Emilie scrutait l’horloge. Elle n’avait qu’une envie, c’est d’avancer les aiguilles pour que sa journée de travail se termine plus vite. Dans l’après-midi, la jeune femme reçut un SMS de son amie d’enfance. Elle lui proposait une petite soirée entre filles. Emilie hésita seulement deux secondes pour refuser l’offre de son amie. Elle avait réellement hâte de se mettre sous ses draps et de se retrouver près de lui.

Emilie revint peu à peu à elle. C’est alors qu’elle entendit qu’on frappait à la porte ou plutôt on tambourinait.

-        Emy, vous allez bien ?

Emilie sursauta, elle se rendit compte que cela devait faire un certain qu’elle se trouvait dans ce bain.

-        Emy, vous m’entendez ?

Elle bondit hors de la baignoire et enfila le peignoir qui était suspendu derrière la porte. Elle tira le verrou et en ouvrant la porte brusquement, se retrouva le nez contre le torse d’Alexander. Celui-ci la rattrapa immédiatement par les épaules. A ce nouveau contact, Emilie ne put s’empêcher de frissonner.

-        Emilie, vous allez bien ? la questionna Alexander.

La jeune femme perçut une pointe d’inquiétude dans le son de sa voix, elle en fut touchée. Elle aurait aimé lui dire que maintenant qu’elle se trouvait près de lui, tout allait pour le mieux mais elle lui répondit simplement :

-        Oui, je vais très bien.

-        Excusez-moi, c’est juste que cela fait plus d’une heure que vous étiez dans votre bain et Cathy et moi-même commencions à nous inquiéter, lui expliqua-t-il.

-        Ce n’est rien, j’ai dû m’endormir. Je vous remercie de m’avoir réveillé. Je vais aller m’habiller, maintenant.

-        Oui, bien sûr.

Il relâcha Emilie qu’il tenait encore dans ses bras. Celle-ci tourna les talons et s’en alla vers la chambre. Comme le lui avait dit Cathy, des vêtements étaient déposés sur son lit. Même si ce n’était qu’un simple pantalon et un haut brodé, Emilie vit tout de suite la qualité du tissu et la marque prestigieuse sur l’étiquette.

Une fois habillée, Emilie quitta la chambre. Elle ne savait pas où se trouvait Alexander alors elle décida de descendre au rez-de-chaussée. Il semblait n’y avoir personne, cependant Emilie entendait que l’on jouait quelques notes sur un piano. Elle se laissa guida par ce son mélodieux pour en deviner la provenance. Elle arriva dans une pièce où trônait le piano. Le joueur ne vit pas la jeune femme car il lui tournait le dos. Mais Emilie, elle, savait qui il était. De chaque côté de la pièce, les murs étaient tapissé d’étagères sur lesquelles étaient posés des livres. Emilie jeta un coup d’œil aux livres. Aux vues de certaines couvertures, certains livres semblaient être anciens. Il y avait une grande diversité d’auteurs, Emilie reconnut le nom d’écrivains français, anglais, américains et peut-être espagnols mais elle n’en était pas sûre. La jeune femme ne s’était pas aperçue que la musique s’était arrêtée. Le joueur l’observait et Emilie sentit son regard posé sur elle, ainsi elle se retourna et lui dit :

-        Excusez-moi, je ne voulais pas vous déranger.

-        Non, vous ne me dérangez pas Emy. Les vêtements que vous as apporté Anna vous vont parfaitement.

La jeune femme sentit ses joues rougir.

-        Oh, merci. Vous avez une bibliothèque très fournie, dit Emilie pour détourner la conversation.

-        Vous pouvez prendre celui qui vous plait, lui proposa Alexander.

-        Merci Alex, pas seulement pour le livre mais pour votre accueil. Je ne sais pas comment vous remercier, ni comment je pourrais le faire.

-        Je ne manque pas d’argent donc ne vous inquiétez pas de ce côté-là. Mais si vous tenez à me rendre un service en échange, j’ai besoin d’une cavalière pour un bal de charité.

-        Une cavalière pour un bal ?

-        Oui, une des associations pour laquelle je suis bénévole organise un bal de charité pour récupérer des fonds. Mais ne vous sentez pas obligez de m’accompagner, je trouverai une autre solution.

-        Non, l’interrompit Emilie. C’est juste que je ne suis pas une très bonne danseuse.

-        Et bien, je ne suis pas moi non plus un très bon danseur. C’est parfait, lui répondit Alex en plaisantant.

Emilie ne put s’empêcher de sourire. C’est définitif, la jeune femme avait complètement craqué pour cet homme à la fois séduisant, drôle et généreux.

-        Je demanderai à Anna de vous trouvez une robe digne de ce nom. Elle est doué pour cela, mais c’est son métier, elle est styliste.

Emilie ressentit une petite pointe de jalousie, qui était donc cette femme dont il semblait proche.

-        Je ne voudrais pas être impoli mais qui est Anna pour vous ?

-        Anna est une amie d’enfance. Nos mères étaient amies. Je crois qu’elles auraient voulut nous voir marier ensemble.

-        Et pourquoi ne l’avez-vous pas fait ? demanda Emilie.

-        Parce que malgré le fait que j’adore Anna, je n’ai jamais eu de sentiments amoureux envers elle, lui expliqua-t-il.

-        Oui bien sûr.

Tout en examinant les couvertures des livres, Emilie se demandait ce que cette Anna, elle, ressentait pour Alexander. Il fallait qu’elle la rencontre et le jeune homme lui donna la bonne occasion.

-        Je vais appeler Anna, le bal a lieu après demain. Je pense qu’elle viendra vous faire essayer une robe demain.

-        D’accord, lui répondit la jeune femme.

Alexander sembla hésiter quelques secondes puis il quitta la pièce laissant Emilie à sa réflexion. La jeune femme choisit enfin un livre et décida de sortir dans le jardin par la porte fenêtre. Elle trouva le banc qu’elle avait vu de la fenêtre de sa chambre. Emilie s’assit et commença à feuilleter le livre. La chaleur des rayons du soleil commençait à la faire somnoler, elle s’allongea sur le banc et ferma les yeux.

Emilie se réveilla dans son lit encore une fois, frustrée. Pourquoi ses rêves ne duraient-ils pas plus longtemps. Surtout qu’elle était en week-end donc elle avait deux jours entiers pour l’avoir rien que pour elle. Emilie essaya donc de se rendormir mais rien ni fit. Après avoir tournée en rond dans son lit, elle était beaucoup trop énervée pour s’endormir à nouveau. Résignée, Emilie décida de se lever et de vaquer à ses occupations habituelles tout en gardant l’image d’Alexander dans un coin de son esprit. Pour dormir plus longtemps, Emilie cherchait un moyen de s’épuiser rapidement. C’est un panneau routier qui lui donna la solution. Plusieurs longueurs à la piscine devraient assez la fatiguer pour avoir une bonne nuit de sommeil. La jeune décida d’y rester une bonne partie de l’après-midi. Elle se doutait que le lendemain, elle aurait certainement des courbatures mais pour elle, il en valait la peine.

Après avoir dîné, effectivement, Emilie avait des difficultés à garder les yeux ouverts. C’est fatigué mais heureuse qu’elle s’allongea sur son lit pour sombrer dans sa douce rêverie.

Emilie se retrouva brusquement dans une pièce qu’elle ne connaissait pas encore. Elle distinguait deux voix féminines. La jeune femme en reconnu une, celle de Cathy mais l’autre lui était totalement inconnu. Emilie eu l’impression d’avoir grandi de plusieurs centimètres. Lorsqu’elle baissa un peu la tête, elle vit cette jeune femme s’activer sur la magnifique robe qu’elle portait. Pourtant cette robe, Emilie n’aurait jamais osé la porter en temps normale parce qu’elle avait un décolleté un peu trop plongeant pour elle.

-        Evite de bouger, s’il te plait Emy.

La conversation qu’elle avait eue avec Alexander lui revint en mémoire. Cette femme devait être Anna.

-        Euh, désolé Anna, bredouilla Emilie.

La femme ne la corrigea pas donc elle avait vu juste. Emilie resta immobile durant tout l’essayage. Après avoir posé sa dernière épingle, Anna semblait satisfaite de son travail. Pendant ce temps, la jeune femme observait Anna. Elle ne pouvait le nier Anna était une belle femme. Mais apparemment Alexander restait froid devant sa beauté. Emilie fut interrompue dans sa réflexion.

-        J’ai terminé. Je vais faire les retouches nécessaires à mon atelier. J’enverrai un coursier vous rapporter la robe demain, lui expliqua Anna.

Emilie vit entrer Alexander dans la pièce. Sa présence éclipsait les autres, surtout quand il la regardait dans les yeux.

-        Vous êtes magnifique Emy, lui dit-il.

-        Merci, lui dit-elle en rougissant un peu.

-        Tu devrais sortir Alex. Emilie doit se déshabiller, lui dit Anna.

Emilie eu une drôle d’impression. Anna voulait-elle éloigner Alex d’elle ou voulait-elle réellement protéger sa dignité ? Emilie avait surtout l’impression qu’elle serait un obstacle entre elle et Alex. Et le sourire satisfait d’Anna lorsqu’il quitta la pièce ne rassurait pas Emilie. Mais la jeune femme se dit que c’était son rêve donc c’était elle qui aurait le dernier mot. Emilie ôta la robe avec l’aide d’Anna. Elle se sentait beaucoup plus à l’aise dans un jean et un T-shirt. Alors qu’Anna s’apprêtait à partir Emilie ne voulut pas entrer dans son jeu et restait tout de même polie.

-        Je vous remercie de votre aide, lui dit-elle.

-        De rien, Alexander est mon ami et je ne voudrais pas que la personne qui l’accompagne lui fasse honte, lui répondit Anna avec un sourire forcé.

Nous y voilà pensa Emilie. Le message est clair, Anna n’appréciait pas qu’Emilie accompagne Alexander à cette soirée. De manière générale, Anna ne devait pas apprécier toutes les femmes qui cherchaient à s’approcher d’Alexander. Maintenant les hostilités étaient clairement déclenchées et Emilie avait bien compris qu’Anna ne la laisserai pas conquérir le cœur d’Alexander.

-        Bien sûr, lui répondit donc Emilie avec ce même sourire forcé.

Anna tourna donc les talons et quitta la maison. Emilie se retrouva seule. Ne sachant pas où se trouvait Alex, elle se mit à errer dans la maison pour finalement atterrir dans la cuisine où se trouvait Cathy.

-        Excusez-moi, je cherchais monsieur Carlson. Vous ne l’auriez pas vu ? la questionna Emilie

-        Non mais je suppose qu’il doit être dans son bureau probablement au téléphone avec son gestionnaire de biens ou le président d’une des associations pour lesquelles il s’investit beaucoup, lui expliqua la gouvernante.

-        Je suppose qu’il doit avoir du travail. Je ne vais pas le déranger. Je vais retourner dans ma chambre.

-        Votre mémoire vous revient-elle ? lui demanda gentiment Cathy.

Emilie avait presque oublié ce détail, elle est censée avoir perdu la mémoire. Il fallait qu’elle continue à jouer le jeu en tout cas pour l’instant.

-        Non toujours rien de concret parfois quelques images me reviennent mais cela ne me dit toujours rien.

Emilie se souvenait d’avoir vu des films sur ce sujet, elle s’en inspirait et Cathy semblait la croire sincère. Elle s’en voulait tout de même de mentir aussi facilement à cette femme qui voulait simplement l’aider.

-        C’est une chance que monsieur Carlson vous ai trouvé dans ces bois.

-        Oui c’est vrai, il m’a sauvé la vie. Dès que j’aurai retrouvé la mémoire, je pourrai ne plus lui imposer ma présence parce que je ne voudrais pas abuser de son hospitalité.

-        Oh non mademoiselle votre présence ne le dérange pas du tout. Je pense même qu’il l’apprécie, lui révéla Cathy.

-        Que voulez-vous dire Cathy ? lui demanda Emilie qui sentait que la gouvernante allait lui faire une révélation importante.

-        Je ne l’ai pas vu sourire comme cela depuis le décès de ses parents. Vous semblez lui redonner un certain goût à la vie. Votre présence lui fait le plus grand bien et je crois que vous l’appréciez aussi, lui dit Cathy tout en souriant.

Emilie se sentit rougir jusqu’aux oreilles, Cathy l’avait percé à jour. Est-ce qu’Alexander avait aussi deviné ses sentiments ? Et surtout est-ce qu’il ressentait la même chose pour elle ?

La jeune femme ne savait pas quoi répondre à Cathy et le silence commençait à devenir gênant.

-        Je suis désolé mademoiselle Emy, je ne voulais pas vous embarrassez, s’excusa la gouvernante.

-        Non ce n’est pas grave. Vous êtes tombé juste mais j’aimerai que cela reste entre nous, lui demanda Emilie.

-        Vous pouvez compter sur ma discrétion.

Emilie la remercia par un sourire et décida de quitter la pièce. Un petit mal de tête commençait à la gêner. Elle gravit tranquillement les escaliers en se demandant où pouvait se trouver le bureau d’Alexander. Emilie renonça à chercher et entra dans sa chambre. Elle se dit qu’elle pourrait s’allonger quelques minutes et fermer les yeux pour faire passer son mal de tête.

Emilie émergea d’un épais brouillard qui rendait sa vue floue et son mal de tête ne s’était pas apaisé. Emilie se leva et fouilla dans l’armoire de sa salle de bain. Elle prit des comprimés pour stopper son mal de tête. Emilie ressentait maintenant les conséquences de ses efforts physiques de la veille. Mais elle s’en remettrait bien vite. Cependant Emilie n’arrivait pas totalement à sortir de ce brouillard, elle avait l’impression de n’être pas vraiment réveillé. Mais elle n’arrivait pas à trouver le sommeil non plus. Toutefois l’après-midi, elle décida de faire une petite sieste et elle finit par retrouver les bras de Morphée.

Lorsqu’Emilie vit posé sur le lit la hausse contenant sa robe pour la soirée, elle comprit que c’était le grand soir. Elle fit glisser la fermeture éclair et admira le travail d’Anna. La jeune femme n’avait rien à lui reproché de ce côté-là. Son travail était parfait. Emilie ôta son peignoir et enfila la robe.

Bien que la robe fût ajustée à sa taille et que le tissu était confortable, Emilie ne se sentait pas à son aise. C’est le genre de robe que l’on admire sur les mannequins en vitrine mais que l’on n’ose jamais porter. Au pied du lit, il y avait une boite contenant des chaussures assortis à sa tenue. Sur la commode, près du miroir était posé une paire de boucles d’oreilles et un collier de perles. Les boucles d’oreilles étaient en or et les perles étaient sûrement vraies. Emilie aurait bien voulu avoir un grand miroir pour pouvoir se voir et admirer le résultat. Elle décida de se contenter du miroir de la salle de bain en se mettant sur la pointe des pieds. Le reflet que le miroir lui renvoyait était étonnant. Emilie avait même du mal à se reconnaitre mais cette métamorphose lui plaisait. C’est avec un sourire satisfait qu’elle sortit de la salle de bain. Elle était sur un petit nuage et fut surprise lorsque Cathy lui adressa la parole.

-        Avez-vous besoin d’aide mademoiselle Emy ?

-        Oh ! vous m’avez fait peur Cathy. Merci mais je crois que je suis prête.

-        Monsieur Alexander vous attend dans l’entrée. N’oubliez pas de prendre la petite veste que j’ai posée sur votre lit, les nuits sont froides.

-        Merci beaucoup, je vais tout de suite la chercher.

Emilie prit rapidement la petite veste noir posé sur le lit et descendit les escaliers. Elle retrouva Alexander qui l’attendait patiemment dans le hall d’entrée. La jeune femme sentait battre son cœur battre plus fort au fur et à mesure qu’elle se rapprochait de lui. Dans ce costume, il avait l’air d’un prince et Emilie ce soir se sentait un peu comme une princesse.

-        Vous êtes magnifique Emy.

-        Vous aussi Alex.

-        Alors nous sommes parfaitement assortis, lui dit-il.

Un couple, voilà un mot qui faisait rêver la jeune femme. Une voiture avec un chauffeur les attendait devant la maison. Pendant le trajet relativement court, Emilie et Alexander ne prononcèrent pas un seul mot. Emilie espérait que son compagnon serait plus bavard pendant le trajet du retour. La voiture stoppa devant un bâtiment prestigieux. Un homme ouvrit la porte de la voiture pour permettre à Emilie d’en sortir. Alexander lui proposa son bras pour gravir les quelques marches. Lorsqu’ils entrèrent dans le hall, la jeune femme fut impressionné autant par le décor que par les personnes présentes. Emilie en était sûre, ces gens baignaient dans le luxe vingt quatre heures sur vingt quatre. Il y avait un gouffre énorme entre leurs mondes et celui d’Emilie, entre le monde d’Alexander et le sien.

La jeune femme s’efforça tout de même de garder le sourire et ses bonnes manières. Alexander la présenta aux personnes qui venaient le saluer. Ces personnes voulaient toujours savoir d’où elle venait ou ce qu’elle faisait dans la vie. Ses problèmes d’amnésie était donc une bonne excuse pour éluder les questions et Alexander en parfait chevalier servant volait sans hésiter à son secours.

Un dîner fut servi et Emilie fut soulagée d’être placée à côté d’Alexander. En revanche, Anna était placée à une autre table et au vue de l’expression de son visage, elle semblait ne pas apprécier. Emilie n’avait pas pensé que sa rivale serait présente à cette soirée. Tant pis, elle devra faire avec.

A la fin du repas, Emilie se rendit aux toilettes. Elle n’était pas pressée de danser avec Alexander parce que ses chaussures neuves commençaient à la faire souffrir et surtout parce qu’elle était une mauvaise danseuse. Emilie eu la désagréable surprise de retrouver juste à côté d’elle entrain de se laver les mains, Anna. Celle-ci la regardait par le reflet du miroir et elle affichait son sourire forcé.

-        Vous passez une bonne soirée ma chère Emy ?

Emilie pensait que l’ignorance aurait été une bonne leçon pour Anna mais elle ne put s’empêcher de lui répondre.

-        Oui, une très bonne soirée et mon cavalier est charmant, lui répondit-elle avec un grand sourire.

Mais Anna effaça le sien et montra enfin son vrai visage. Elle s’approcha un peu d’Emilie et lui dit à voix basse :

-        Ne vous réjouissez pas trop vite, je doute que vous finirez la nuit dans son lit.

Emilie était prête à lui servir une réplique qui lui aurait cloué le bec mais une femme entra juste à ce moment-là. Emilie décida plutôt de rejoindre Alexander dans la salle. Elle ne vit pas le sourire satisfait d’Anna qui d’une certaine manière avait atteint son but. Mais Emilie comprit la manœuvre d’Anna lorsqu’elle se rassit à table. Elle se rendit compte que quelque chose n’allait pas avec sa robe et lorsqu’elle passa ses doigts au niveau de la ceinture sur le côté droit, elle se rendit compte qu’elle était décousue sur au moins cinq centimètres. Emilie blêmit de rage. Anna en avait fait exprès, elle en était persuadée.

Voyant son malaise, Alexander se pencha vers Emilie et lui demanda à l’oreille :

-        Que vous arrive-t-il Emy ?

La jeune femme lui montra aussi discrètement que possible quel était son problème.

-        Je vais aller chercher votre veste et nous allons rentrer, lui proposa Alex.

Emilie acquiesça. Leur rapprochement dû passer pour autre chose aux yeux des autres invités. Notamment aux yeux d’Anna qui maintenant voyait rouge. A peine son cavalier s’était levé pour aller chercher sa veste qu’Anna s’approcha d’elle et la prit par le bras.

-        Que vous arrive-t-il Emy ?

La fausse inquiétude d’Anna énerva au plus point Emilie qui se leva pour être à la même hauteur que sa rivale.

-        Ne vous moquez pas de moi, vous le savez très bien !

Le ton commençait à monter et les invités commencèrent à s’intéresser à leur conversation.

-        Et qui il croira à votre avis ? Moi son amie de toujours ou une petite trainée comme vous !

S’en fut trop pour Emilie qui ne put se retenir de gifler Anna.

Emilie regretta bien sûr son geste mais c’était trop tard. Un silence pesant régnait dans la salle, tous les invités attendaient la réaction d’Alexander. Celui-ci avait vu toute la scène mais de loin. Et au grand désespoir d’Emilie celui-ci semblait décider à prendre le parti d’Anna.

-        Qu’est-ce qui vous prend Emy ? Je vais vous appelez un taxi, vous allez rentrer.

Alexander ne laissa pas le temps à la jeune femme de s’expliquer. C’était clair, Emilie avait tout gâché. Alexander était en colère contre elle et ne lui pardonnerai sûrement pas d’avoir frappé son amie. La jeune femme arracha pratiquement des mains la veste que tenait Alexander puis lui dit :

-        Ne vous donnez pas cette peine.

Puis elle tourna les talons et s’enfuit en faisant abstraction des dizaines de regards braqués sur elle. Emilie se mit à courir mais ses chaussures à talons la gênèrent très vite. Elle les enleva donc et les jeta derrière elle. Au bout de quelques mètres, elle ne sentait plus le bitume qui lui écorchait les pieds.

-        Réveille-toi, réveille-toi, n’arrêtait-elle pas de se répéter.

Son rêve s’était transformé en cauchemar. Emilie ignorait où elle se rendait, tout ce qu’elle espérait c’est qu’elle allait se réveiller dans son appartement. Sans s’en rendre compte, Emilie se retrouva dans le parc où Alexander l’avait trouvé. Elle se dirigea vers le petit bois et courut en slalomant entre les arbres et à bout de souffle Emilie trébucha et s’effondra.

Elle se réveilla en sursaut dans son canapé et faillit se retrouver parterre. La jeune femme resta assise un moment dans le noir à vider toutes les larmes de son corps.

Le lendemain quand Emilie due se rendre à son travail, elle était d’une humeur maussade. Elle n’avait plus la force de sourire, et accueillir les clients et éventuels visiteurs fut un enfer pour la jeune femme. Elle perdit peu à peu sa joie de vivre et l’appétit. Elle s’était totalement renfermée sur elle-même.

Sa meilleure amie qui n’avait plus de nouvelles d’Emilie s’inquiétait. Un soir elle décida de lui rendre visite. Après avoir sonné et frappé à la porte pendant cinq bonne minutes, Emilie vint enfin lui ouvrir. Son accueil fut un peu glacial, elle ne semblait pas disposée à la recevoir.

-        Alors comment tu vas ?

-        Bien, lui répondit Emilie.

-        On pourrait se faire un ciné samedi, lui proposa-t-elle.

-        Non ça ne me dit rien.

-        On peut faire autre chose si tu le souhaites.

-        Non je n’ai pas envie de sortir.

Son amie comprit qu’elle devait employer un autre moyen si elle voulait la faire réagir.

-        Qu’est-ce qu’il se passe Emilie ? Tu te replis entièrement sur toi-même, tu te laisses complètement aller.

-        Et alors ?

-        Tu t’es regardé dernièrement dans un miroir. Tu as une tête à faire peur. Continue comme ça et effectivement plus personne ne voudra te voir. Tu finiras toute seule !

A ces mots, Emilie s’effondra en larmes et son amie la prit dans ses bras pour la consoler. Après quelques minutes, la jeune femme finit par tout lui confier.

-        Emilie, tu te souviens au lycée tu adorais écrire. Pourquoi tu n’écris pas un livre sur cette histoire ?

Deux ans plus tard.

 

Emilie n’aurait jamais pensé que son livre aurait autant de succès. Tous ces gens étaient venus pour acheter son livre et le faire dédicacer. Elle enchainait les signatures et ne reconnut pas l’homme qui se présenta devant elle.

-        Enfin, j’ai retrouvé la jeune femme qui est venu hanter mes rêves.

Emilie ne trouvait pas les mots pour exprimer son étonnement.

-        J’espère que nous pourrions reprendre là où nous nous étions arrêtés, lui proposa-t-il.

Emilie lui sourit, enfin elle avait retrouvé Alexander, l’homme de ses rêves. Son rêve le plus fou avait rejoint la réalité.

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