Eponyme (essai de roman)

humanoide

Un essai de nouvelle. La première fois que j'essaye, une envie ce matin. Juste pour savoir si cela se lit, si c'est intéressant, chiant, bien écrit, confus.... etc. bref, si je continue ou j'arrête.

Le Jour

9,999,999… 10,000,000

Le nombre tant attendu s'affiche en rouge vermillon sur l'écran. Un frisson d'espoir me paralyse avant de me faire sauter de joie. Le bouchon de la bouteille de champagne s'écrase sans bruit sur le mur capitonné. J'ai eu beaucoup de mal à trouver ce liquide ancien au marché noir. Ca m'a couté, quelques blessures et une partie de mes économies. L'occasion de l'ouvrir est unique et de toute façon, ça ne sert plus à rien de la garder. Je ne ferai pas de plus-value sur cet investissement. Je le sais à présent, le cours du champagne va s'écrouler. Je m'allonge dans mon fauteuil imitation cuir et je déguste les bulles que je sens exploser dans mon gosier. Une larme de joie coule pendant que j'avale la première gorgée. Je goute chacune des senteurs dégagées par cet alcool devenu trop rare. J'allumerai peut être même une cigarette tout à l'heure. Le jour de gloire est arrivé. Sans aucune goutte de sang cette fois. Une future fête nationale peut être ? Je verrai bien. Ne rien décider à la hâte, l'autosatisfaction ne mène à rien de bon. Soyons prudent. Jusqu'à présent, tout s'est passé comme prévu mais ce n'est pas fini, j'appuie sur la touche "envoyer", le message est parti. Il n'y a plus qu'à attendre.

Un nouvel ordre

Depuis 15 ans mon métier consiste à vendre de l'argent et à essayer d'en tirer le meilleur profit possible. Je suis éleveur d'agios. Un métier étrange où l'on vend, au choix, ce qui n'existe pas ou alors ce qui ne vous appartient pas. Ce sont les banquiers qui ont inventé les mondes virtuels. Les réseaux sociaux  ne sont finalement que de pales copieurs. Par principe de précaution, le secret bancaire a été inventé en même temps que les banques, c'est bien la preuve du peu de confiance accordé à cette profession. On peut tout savoir sur les gens en regardant leurs comptes. Je sais donc beaucoup de choses et savoir cela ouvre la porte des pouvoirs. Ce n'est pourtant, pas pour cela que je suis banquier, c'est un des seuls métiers qui a résisté confortablement aux différentes crises des dernières décennies. Croquemort aussi se développe plutôt bien mais moi je préfère l'argent à la mort. J'ai donc choisi banquier.

Dépenser sans compter reste aujourd'hui un des seuls vices encore autorisé sur notre planète. Etre banquier est donc finalement assez jouissif, un peu comme le gérant d'un bordel sous contrôle. Les dépravations, bassesses, tout ce qui peut nous faire du mal, tous les mirages sournois accessibles à notre libre arbitre ont été bannis, éradiqués pour notre plus grand bien. Il n'en existe plus beaucoup. Nous sommes protégés de nous mêmes par nos élites, même le droit de vote source de malaise social a été supprimé. Il nous a fait faire trop d'erreurs par le passé. Il ne faut plus choisir. Une vaste supercherie que le mot liberté. Tout est décidé pour nous, pour notre bonheur. Notre vie est sur un rail tranquille. Laissons nous guider.

Humanoide

"Ensuite, j'ai pensé que l'intrusion des humanoïdes dans le système d'éducation allait entraîner la démission des parents et la dislocation de la cellule familiale."

Depuis ma tendre enfance, je vis dans cet univers protégé. Déjà quand j'étais dans le ventre de ma mère, mes parents vivaient dans ce monde bulle, eux même dans le ventre de leurs mamans respectives et ainsi de suite depuis si longtemps que personne ne se rappelle vraiment comment c'était avant. Pas de stress,  pas de maladie, pas  de  responsabilités, pas de revendications.  Tous ces problèmes qui ont rongés nos ancêtres et qui n'ont trouvé de solution que lorsque l'on a fini pas briser le tabou ultime : La liberté est elle un droit fondamental ou une chimère ? C'était donc une chimère.

A 5 ans, je n'avais jamais connu la moindre maladie, la moindre blessure, même superficielle, mieux que cela, je crois que n'avais ni pleuré, ni exprimé la moindre angoisse à la grande satisfaction de mes parents qui n'avaient du coup jamais à s'occuper de moi. Ils pouvaient exercer leur travail d'antiquaire avec un maximum de productivité en amassant un maximum d'argent pour les comptes de la république qui s'en trouvait fort reconnaissante.

Leur travail consistait à rénover, désinfecter, dépoussiérer, retaper d'anciens meubles achetés pour des sommes modiques et de les revendre pour des sommes astronomiques en cultivant un des derniers mauvais sentiments humain encore toléré par notre gouvernement : La nostalgie. Bien entendu, cette émotion étant quand même classé de niveau 5, du coup mes parents étaient soumis à de nombreux contrôles et devaient chaque année renouveler leur  licence pour pouvoir exercer cette  profession.

Je passais mes mercredi à les observer de loin, affairés à rénover de vieux objets, un coup de peinture par ci, de ponceuse par là, tout se finissait par un zéro en plus sur l'étiquette prix qui parfois n'avait jamais été enlevée par le propriétaire précédent.  L'objet se retrouvait alors prêt à décorer un intérieur bobo. Mon plus grand plaisir était de fouiller dans les objets que mes parents mettaient de coté car impropre à la rénovation ou à la vente. Ces objets classifiés étaient destinés à la destruction sous peine d'être radié de l'ordre des antiquaires, là dessus le gouvernement était intraitable. Juste entre l'arrivée au dépôt et l'inventaire de livraison, il y avait pourtant moyen de discrètement récupérer quelques uns de ces biens. Ces instants délicieux où je venaient subtiliser ces trésors pour ma réserve personnelle faisaient battre mon coeur tellement fort, que je me demande encore aujourd'hui pourquoi le détecteur de stress ne s'est jamais déclenché. Si cela avait été le cas, le monde n'aurait sans doute pas eu la même destinée.

Je m'était constitué au fil des ans un bric à broc essentiellement composé de vieux livres d'aventures jaunis, de films d'actions en anglais, de jeux vidéos violents, de tableaux représentant des créatures dénudées dans des postures acrobatiques, de petits robots à forme humaines contrôlés à distance et parlant anglais avec un fort accent chinois. Tout un univers déniché par mes parents dans ces greniers de maisons abandonnées. Des trésors qui auraient normalement du être détruits lors du grand triage comme l'imposait la commission sanitaire. Mais à 12 ans, ces breloques  d'un autre temps avaient animées mes Mercredi et mes rêves d'enfants. Des escapades buissonnières qui m'avaient permis de collecter un nombre considérable de ces reliques culturelles et qui avaient forgé ce que je serai une fois adulte : Un spécialiste de  Bruce Willis, un expert littéraire des écrits de Brussolo et un véritable pro de GTA et Rayman, bref un dépravé selon la définition de l'administration nationale.  C'est à 13 ans que je commençais à écrire mon journal, j'y inscrivais toutes les émotions découvertes dans ce musée des horreurs, d'abord sur un vieux carnet pour imiter mes héros interdits de jadis,  puis sur un Blog Internet à accès privé. C'est aussi à cette époque que je pris le nom que je porte encore aujourd'hui : Humanoide.

  • J'ai lu cet essais jusqu'au bout sans m'ennuyer une seconde, je confirme donc que de mon point de vue 1)facile à lire, 2)intéressant, 3)bien écrit
    Conclusion : oui continue,perso j'ai hâte d'être projeté d'un coup de plume à trois cent ans d'ici,histoire de vérifier si l'homme est toujours la créature la plus imparfaite de la création universelle..

    · Il y a presque 13 ans ·
    St barth 052

    jb0

Signaler ce texte