Equilibre

Clement Billaux

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Petit papier sorti de mes tiroirs virtuels, dépoussiéré et remis au gout du jour.
Je ne saurais que trop vous conseiller d'écouter cette musique en même temps, les arts sont fait pour s'entremêler et fusionner...Ceux qui veulent faire prévaloir leur unique branche n'ont, à n'en pas douter, rien compris =)

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Equilibre.
Ce mot autrefois banal résonne aujourd'hui à ses oreilles comme la consécration d'une vie. Plus, ses consonances évoquent l'espoir dans l'esprit de millions de gens !
Il a une nouvelle définition dans le Larousse, un sigle, une âme, et une image. Son image.
Equilibre, c'est la formidable structure qu'il a crée. Voilà plus d'années qu'il n'en avait comptées... Il y avait pensé pour la première fois, avant même qu'on le considère comme un adulte. Car si il en avait été un, peut être cette idée ne lui serait-elle d'ailleurs jamais venue ! Il fallait résolument une part d'inconscience et d'immaturité pour penser que le projet était viable.
De déraison, dirons-nous.

Il avait tout d'abord commencé par tenir un blog, dans ce formidable torrent d'informations qu'était entrain de devenir le net. Petit pas timide, innocent et impuissant, mais petit pas quand même... Il l'avait fait pour voir si les gens pouvaient être réceptifs à ses idées. L'expérience avait été en soit, plutôt concluante : Il y avait rencontré des personnalités prometteuses, et avait inscris dans ses carnets le nom de quelques uns de ceux qui seraient plus tard appelés à l'épauler.

Il avait en parallèle écrit un livre, dont le genre importait peu, dans le but de commencer à se faire connaître et d'améliorer son style d'écriture. Avoir un Nom est, c'est triste à dire, nécessaire pour faire prévaloir ses idéaux. Il y avait aussi placé quelques des préceptes qu'il défendait, de manière assez occulte, juste pour commencer à annoncer la couleur aux yeux inconscients de ses lecteurs.

Il avait fait des études de sciences politiques, autant pour éclairer sa vision du monde que pour fuir une filière scientifique qu'il ne portait pas dans son cœur, acquérir l'étiquète qui lui permettrait de faire de son CV le bon choix, et satisfaire des exigences maternelles aussi hypocrites qu'élitistes.

Puis il L'avait fondé.
Il avait premièrement utilisé le net pour atteindre un maximum de personnes, avait utilisé les économies apportées par son nouveau boulot pour embaucher des gens, choisit un siège, récolté des fonds, et crée son réseau. L'idée était simple, en fait :
Dans un monde ramifié autour de la consommation et l'argent, il n'y avait qu'à infiltrer la sève pour être à même de plier même les plus grandes branches...
Il avait ainsi d'abord réuni des dizaines d'individus, puis des centaines, des milliers... et enfin, des dizaines de milliers de gens. Il se rappelait avoir été lui-même surpris par le déroulement des choses ! A tous égards, c'était comme si la machine s'était emballé : plus Equilibre avait de succès, plus les médias en parlaient, plus le bouche à oreille fonctionnait, et plus Equilibre s'instaurait.
Il faut croire que l'opinion publique était prête.
Une fois son Nom établi, Equilibre avait cessé de dépendre de la générosité de donateurs particuliers, pour plutôt faire fonctionner son image de marque : Les entreprises considérées comme supérieurement avancées dans les domaines sociaux et environnementaux avaient le droit de s'afficher à ses côtés, et en retour, elles finançaient ses activités. Donnant-donnant, gagnant-gagnant, c'était là la plus pure des rentes.... 
Les autres, celles qui se basaient toujours sur le système archaïque et destructeur du profit à outrance pour le seul intérêt de quelques oligarques débraillés, étaient soumises à des boycotts. Voilà le seul et unique moyen d'action d'Equilibre ! Pas d'assassinats, de traduction en justice ou bien encore de papiers véhéments dans les journaux. Juste des boycotts. Des dizaines de boycotts internationaux... Equilibre avait réuni des centaines de millions de membres, juste afin de pouvoir donner un choix simple aux branches pourries du système. S'adapter, ou disparaître...

Equilibre avait réussit ce qui paraissait encore impensable il y a quelques décennies : Détourner la loi de l'offre et la demande afin de mener le capitalisme sur une voie plus viable, dont l'objectif est le bien commun.
Equilibre avait des cohortes d'experts tous minutieusement profilés psychologiquement par ses propres soins, et des Sapiens qu'il savait de confiance. Il connaissait personnellement tous les principaux dirigeants des branches continentales d'Equilibre, et aucune décision de boycott n'était prise sans une profonde concertation. Le but n'était pas le pouvoir.
Equilibre avait pour objectif que les hommes prennent conscience que c'étaient eux, et non leurs dirigeants, qui présidaient à leur destiné. Que le bonheur était pleinement entre leurs mains, du moment que celles ci agissaient avec réflexion et raison.

Equilibre avait un seul objectif : Devenir inutile, et disparaître.

Mais en attendant que les hommes apprennent, Equilibre les guidait, et leur enseignait patiemment comment vivre durablement dans le bien-commun. Comme un professeur patient, aimant... et seul.

-=[Texte écrit le 22 janvier 2009]=-

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