QUE LA TERRE EST BASSE

Edgar Fabar

À chaque moment se dément cette folle envie d'être à deux. Croire et boire cette douce folie, vivre, seulement vivre et sourire, qui vivra crèvera, verra les amas des âmes lasses parqués dans le noir et l'égalité qui s'en va au fond d'une poche trouée, sans cesse se perdre, perpétuer la sensation tâchée que ceux qui ont vu la lumière s'éteindre aujourd'hui auront encore froid demain dans les isoloirs de gravas, de tôle et d'oubli. Que la terre est basse. 

Seuls devant le jugement de nos cruelles pitiés, ils ne regagneront aucune île ce soir, seuls sur leurs bateaux, ivres d'un vie qui saigne leurs veines, leur corps et leur raison. Suspendus à l'écrasement, à l'épuisement, ils meurent des instants glacés de la vie jamais assouvie, à jamais prisonniers d'un chemin estompé.

Des errants, petits hommes de papier jetés en boule dans les quartiers poubelle des citadelles. La misère est la cicatrice qui les amoche comme le désert flambe la pluie. Leur existence s'évapore, les tueurs en chemise les broient sans un bruit, leurs voix restent sans écho dans les églises du capital cannibale, sans résonance ni clémence. Ces éclats d'humains marchent sur les mains, pieds de nez à des jours sans lendemain.

Alors à chaque moment, l'espoir en la vie s'enfuit. Et lorsque une enfance s'achève ainsi, c'est un rayon qu'on enlève au soleil.

  • Tu as décidément des formules que j'aime bien!
    "Lorsqu'une enfance s'achève ,c'est un rayon qu'on enlève au soleil"

    · Il y a plus de 9 ans ·
    Oeil

    anne-onyme

    • merci d'avoir pris le temps de me lire, sweet.

      · Il y a plus de 9 ans ·
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      Edgar Fabar

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