Esquisse du temps qui passe

redstars


Calfeutrée dans les bras d'une mélancolie rassurante, je me laisse doucement bercer, parce que j'en ai terriblement besoin. Maternelle, elle ne fait aucun bruit, et je sens son corps chaud réchauffer le mien. La solitude tisse consciencieusement mes cheveux de feu tandis que résonnent dans mes écouteurs quelques mélodies dramatiques au goût sucré. Allongée dans ce lit trop grand pour moi, je regarde un plafond que je connais par cœur, que j'ai fixé des heures. Dehors enfin brille un soleil timide et le ciel bleuit par endroits. Je ne saurais où aller, de toute façon, alors à quoi bon me relever. Je voudrais juste m'enivrer dans des alcools forts, des mélanges de cachets variés et colorés, des substances illicites ou dangereuses. Survoler le sol, les bras écartés, marcher sur des nuages saupoudrés de glace, vider ma tête trop pleine de soucis et de travaux en inspirant très fort les drogues interdites. Oui, si seulement je pouvais tout mélanger et m'envoler loin d'ici. Loin de tout. Et de tous... Du haut de ce pont qui hante jusque mes rêves. Déployer mes ailes en toc, et tel un rapace, fondre vers le sol dur qui romprait alors le moindre de mes os... lors du choc. Le temps apaise certaines souffrances, les miennes sont encore à vif, sales et boueuses. L'espoir, dit-on, reparait toujours. Mais je suis lasse, moi, et l'espoir n'est qu'un vilain défaut. Je veux juste me glisser sous la couette dans le noir, et attendre que file le temps, direction l'éternel repos. Car ce jour viendra, heureusement, l'immortalité m'aurait été bien dure à digérer. La solitude me faisait peur, auparavant, j'en avais une trouille bleu-noir. Mais désormais, je dois dire que j'en suis amoureuse et que je ne saurais me passer d'elle. Sa présence dans mon dos me rassure. Je sais qu'elle sera toujours là. Où que j'aille. Qu'elle sera la dernière, d'ailleurs, à la toute fin... la dernière, oui, pour me tenir la main.


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