Est-ce que tu peux ?

Cædrik San

Est-ce que tu peux m'apprendre la lumière ? Mon âme est un encrier dans lequel je plonge mes doigts. Pour tracer sur ton corps des tas de mots vulgaires. J'y enfonce les ongles et j'y griffe mes insanités. Je te lacère. Je te déchire. Et tu ne m'en veux pas. Tu es lumière, tu es inconditionnel. Et tu me couvres de ton aile meurtrie tachée d'obscurités. Des taches. Des tas. Je suis ton cancer.
Est-ce que tu peux m'apprendre la neige ? Mon âme est le bleu d'un feu. Je te consume, tu n'es qu'une petite fille aux allumettes que j'ai craquées.
Tu te souviens, la nuit, sur un toit ? La fraîcheur de l'air. Il avait plu. Il avait plus rien.
Pourquoi est-ce que le bonheur décrit ne se contente que d'une phrase sujet verbe complément ? "Je suis heureux." Il n'a pas besoin de compliment : le bonheur doit être parfait. Il n'y a rien à ajouter, non ? C'est tout ce qu'on peut y dire. On le nomme. Il n'a pas besoin de justification : il est là, il est près.
Et tu es loin ? Je te vois loin.
Est-ce que tu peux m'apprendre les sourires ? Une dernière personne pour un dernier sourire. Être de bonne humeur. La tête froissée comme l'oreiller de la veille. Le visage contre ton cou, même s'il fait chaud, même si c'est étouffant. Les bruits de griffes d'un chien qui grimpe l'escalier et la sonnerie du réveil qui ne devrait plus tarder... quelques minutes, quelques secondes. Mais encore cette chaleur, un peu. Juste un peu. Avant que tu ne t'effaces. Avant que tu disparaisses. Faisons semblant, tu veux ? Jouons le jeu !
Est-ce que tu peux m'apprendre la rédemption ? Je t'offre le crucifix. Tu peux m'y coudre. Je resterai pendu pour toi, toute ma vie. Je resterai juste là, au dessus d'une porte. Je voudrais bénir chacun de tes passages sous mon arche. Je serai de cire, je serai éternel. Nous le serions tous les deux, d'une certaine manière. Et, peut-être, pourrons-nous en garder quelque chose de bon ? Ou simplement en garder quelque chose. Lorsque tu t'envoleras. Lorsque tu refermeras la porte pour de bon, moi je resterai suspendu aux clous et au bois.
Tu te souviens ? La première fois. La première chose que j'ai fait, c'est de me plaindre. Pourquoi es-tu resté ? C'est tout ce que je sais faire de mon épave, caprices, plaintes. Je gémis sans arrêts. Je chiale. Je gueule. Je cause des problèmes.
Est-ce que tu peux m'apprendre le blanc ? J'ai besoin de bonheur et je veux que tu me l'offres. Je veux que tu me montres comment l'attraper et l'enfermer. Pour de bon. Mais j'ai peur. Il est trop tard. Je vois tes doigts déjà, ils s'embrouillent. Tu es loin. Tu t'éloignes. Pourquoi ne restes-tu pas ? Oh, parce que. J'existe. J'existe trop. Parce que tu n'arriveras pas à me sauver.
Parce que tu ne peux rien m'apprendre. Parce que je ne veux rien apprendre. Et j'en souffre.
Pourquoi je ne peux rien obtenir ? Pourquoi tout ce que tu m'offres sur un plateau d'argent ne goûte que les cendres ? Pourquoi est-ce que tu es mort ? Pourquoi est-ce que mes doigts sont noirs ? Pourquoi est-ce que mon souffle est froid ? Pourquoi est-ce que les plumes de tes ailes sont mouillées ?
Est-ce que tu peux m'apprendre à nager ? Parce que je me noie. Et je t'emporte avec moi, dans l'abysse. Je suis un boulet bien lourd, accroché à tes chevilles. Et je t'entraîne dans les profondeurs de mon malheur. Alors que tu n'as rien demandé. Je voudrais te lâcher, vois-tu. Mais je tiens trop à toi. Alors je me contente de garder les doigts en étau. Et on coule tous les deux.
Et si tu manques d'air, que feras-tu ? Tu te croyais étouffant. C'est drôle. Maintenant, j'ai fait quelques pas en arrière et je me rends compte que c'était moi. Qui m'étouffais tout seul. Et qui te privais de ton air.
Est-ce que tu peux ?
  • Lorsqu'on perd cette bouffée d'oxygène, que nous reste-t-il ? On a besoin d'air pour respirer... Mais c'est une façon de voir les choses oui.

    · Il y a plus de 12 ans ·
    Holdenwlw orig

    Cædrik San

  • J'ai pas lu les autres, j'y reviendrais sans doute plus tard. Mais celui-ci est déjà pas mal. Lu 2 fois.
    L'autre ne doit pas être une drogue pour soi-même, mais plutôt une bouffée d'oxygène.

    · Il y a plus de 12 ans ·
    Nike air zoom brave v id   chaussure de basket ball   6696988 orig

    Pseudo Pseudo

  • Quel beau commentaire pour mon retour sur ce site ! J'espère que tu ne seras pas déçu par mes autres textes !

    · Il y a plus de 12 ans ·
    Holdenwlw orig

    Cædrik San

Signaler ce texte