Et moi avec

dreamcatcher

Photographie: Maxime Collin

Quand j'vois notre putain de monde - actuellement les casseurs qui n'en ont strictement rien à foutre de défoncer un Hôpital (pour enfants), ou les hooligans, ou les homophobes qui applaudissent la tuerie d'Orlando, et si je commence à citer tout ce qui ne va pas, j'aurais pas assez d'un statut - j'me demande si l'univers du bouquin que j'ai enfin réussi à finir (après de longues heures à relire plusieurs fois les mêmes phrases), c'est-à-dire 1984 de G.Orwell, serait pas finalement meilleur. C'est dire à quel niveau de pessimisme j'en suis arrivée.

J'en suis arrivée à me demander si j'avais les épaules. Si j'ai les épaules pour ce que je fais. Pour ce que je m'apprête à faire. Ou ce que je m'apprêtais. J'ai réussi mes examens. J'ai vraiment bien réussi mes examens ce semestre, avec même quatorze de moyenne. Mais qu'est-ce que ça veut dire au final? Ce ne sont pas les notes qui déterminent qui vous êtes. J'aurais tellement été contente que ce soit le cas.

Alors pendant que tout le monde cherche un stage, je fais mine de regarder les métiers qui pourraient m'intéresser. Et je m'y intéresse, vraiment. Mais il y a toujours cette question qui revient, est-ce que j'aurais les épaules? Si je me retrouve face à un gamin, qui a vu ses parents se faire tuer; une fille de 14 ans qui s'est faite violer; un homme qui vient de perdre son fils dans un attentat; ou des flics qui n'en peuvent plus de voir le monde s'éteindre. Si je me retrouve seule, toute seule, face à toute cette misère, toutes ces larmes alors que moi, je n'aurais pas le droit de pleurer. Je n'aurais même pas le droit de me plaindre, de ce monde qui tombe en ruines. 

Comment on s'en sort? Qui pourrait me répondre? 
Pas mes amies, pas ma famille. Ils seront toujours là à me dire qu'il faut que je suive mon instinct, qu'il ne faut pas que je fasse un métier que je n'aime pas, que si quelque chose d'autre me plaît, il faut que je fonce, que je ne dois pas gâcher ma vie, et blablabla. Je ne veux pas qu'on me sorte tout ce que je sais déjà. Je ne veux pas qu'on me demande ce que je ferais si je ne fais pas ça. Si j'abandonne. Je ne veux pas qu'on me dise que j'ai des bonnes notes, que la vocation viendra après. Je vois tout le monde trouver sa vocation. Tout le monde trouve sa voie et moi j'suis à côté, complètement à côté de tout ça.

Le monde tombe en ruines et moi avec.

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