Et puis voilà que tout bascule.
Christophe Hulé
Écrire m'amuse c'est vrai, on ne sait pas où ça commence, on ne sait pas où ça finit, pour parodier Georges Moustaki.
Prendre le train en marche ou partir de l'attente sur le quai.
Se perdre dans les détails ou faire dans le sommaire, tantôt métaphorique, tantôt cabalistique, mais pour rire évidemment.
L'important est aussi que le lecteur s'amuse et le plus souvent il adore qu'on le mène en bateau.
Comme un tour de manège, pour le fun.
Une chute inattendue et travaillée, c'est bien, mais multiplier les fausses pistes et surprendre à chaque virage c'est mieux.
Faire croire que le cadre est conforme, ah, voilà du romantique, du gothique, de l'insolite, de l'absurde, et rebattre les cartes en cours de route.
Comme la définition du genre fantastique, on se croit dans le réel, le quotidien, et puis voilà que tout bascule.
Croire que l'auteur est fin psychologue, qui se perd dans ses post-it et ses mémos, pour surprendre il faut être surpris soi-même, laisser faire la plume jusqu'à ne plus du tout la contrôler, comme ces voitures sans chauffeur, mais sans point d'arrivée paramétré.
Sans tomber dans les excès de l'écriture surréaliste, qui n'a pas fait que de bonnes choses, c'est le « laisser aller », le « laisser faire » qui marche à tous les coups.
La seule chose qu'il faut maîtriser, c'est le style.
Comme comparer Corot avec Gauguin, ou Millet avec Van Gogh.
Et pourquoi cet arbre ne serait-il pas rouge ou bleu ?
Le plaisir d'écrire c'est le vrai dilemme, se laisser aller sans contraintes et jeter la mouche, la pêche sera ou ne sera pas.
Les poissons mordront peut-être, si le leurre n'est pas trop clownesque.
Il y a la théorie, les figures de style, ou les techniques en peinture, et il y a ce qui s'apparente à l'alchimie, sans doute quelques pincées de savoir ou de savoir-faire ici et là, mais surtout le hasard, si l'on ne s'obstine pas à raturer ou reprendre sans cesse.
Un tableau n'est jamais fini, c'est bien connu, de même qu'on peut s'échiner à reprendre un texte à l'infini.
Brassens : « Mais sans technique , un don n'est plus qu'une sale manie ». (OK, il faisait référence à bien autre chose), mais la technique à l'excès peut tuer aussi le don.
D'où la différence entre artiste et artisan d'art.
Une œuvre d'art jamais ne pourra être reproduite, copiée certes, mais c'est pas pareil.
Michel Berger, qui nous a quitté trop tôt, chantait avec sa muse « Laissez passer les rêves ».
Moi je crois qu'il faut essayer de les capturer au contraire et d'en faire des œuvres d'art.
« Métro, boulot, dodo » pour ceux-là qui se sont résignés, car chacun d'entre nous peut quitter un de ces cercles de l'enfer à peu de frais.
Avoir cette prétention de modeler sa vie en créant à sa manière un monde intérieur pour soi-même.
Les différences sociales ou de salaires sont hors sujet ici, faire de son temps libre un paradis que l'on aura construit avec ou sans les autres.
Je l'ai déjà dit ailleurs : faire de sa vie une œuvre d'art, c'est à la portée de chacun.
Il suffit de savoir ce que l'on aime vraiment, et même si on a peu de temps pour s'y adonner, à cause de ce putain de boulot qui paie le loyer, et pire encore pour les chargées de famille, et oui, je l'ai mis au féminin, pardon à la minorité masculine qui fait quelques efforts.
Deux métiers dans la journée, et un salaire de misère, et je fais comment Monsieur ?
Mais c'est un autre sujet.
Pendant longtemps la technique et moi ça faisait deux en peinture jusqu'à ce que je suis tombée sur un paysage vénitien où l'architecture tient une grande place. J'ai râlé à un moment parce que je n'y arrivais pas, et ma prof m'a montré comment m'y prendre. Je ne sais plus ce qu'elle m'a dit, je me souviens de repères, d'observation, bref la technique va au-delà de ce terme qui pour moi résonne toujours comme un terme barbare.
· Il y a plus d'un an ·aile68
Comme j'aimerais voir tes tableaux!
· Il y a plus d'un an ·Je te conseille les tutos de Nelly Lestrade, qui m'ont redonnés envie de peindre et surtout de progresser.
Christophe Hulé
Chacun sa façon, de mon côté je trouve paradoxalement ma liberté dans la contrainte !
· Il y a plus d'un an ·yl5
Une jolie remarque toute philosophique.
· Il y a plus d'un an ·La contrainte est une matière première qui jamais ne manquera .Moi c'est sans doute pour y échapper que je fais n'importe quoi.
Christophe Hulé