Et si jamais

aile68

Et si jamais le ciel se déchire comme une toile à laquelle on tient, il faudrait tout refaire, tout recoudre, reconstituer les quelques nuages blancs, le bleu d'un ciel azur comme dans le sud. Et si la pluie brouille la mer comme le teint d'une vieille dame qui lutte encore contre le temps, il faudrait qu'elle cesse pour que l'on retrouve une nappe d'eau étale, calme comme le chat sur la margelle du puits. J'ai toujours aimé cette image empruntée aux livres de lecture, heureuse jouissance de l'école primaire, comme la cour et ses platanes, les jeux pendant la récréation. Refaire mes journées comme dans les livres que j'ai aimés, qui m'ont fait sentir libre, rouvrir un roman au hasard, feuilleter les pages pour me retrouver au bon endroit, comme quand on retourne dans une ville qu'on a aimée et qu'on revisite avec un oeil nouveau. Continuer l'aventure seule ou accompagnée, répéter les mots, les gestes qui m'ont construite, amour, tolérance, sympathie, bilingue, richesse culturelle, jeux de mains, les gestes qui ont un sens linguistique, les jeux de mains, les poignées de main... Venir à bout de la liste dressée dans un cahier, enfin, et comme la vieille dame lutter contre le temps toujours... Profiter encore de la lumière du jour pour oeuvrer comme je le veux et si le soir m'enferme dans un sommeil profond, que ce soit pour rêver d'un ciel bleu comme dans le sud et d'une mer chaude comme la caresse d'une mère aimante toujours soucieuse.

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