Et si tout recommence

lzarama

J'ai reconnu, je crois, le même costume qu'il portait sur les photos de leur mariage. Je n'avais pas remarqué  avant son dos un peu voûté et j'en imaginais le chagrin forcément responsable. Leur petit garçon était habillé tout de blanc et malgré ses cris déchirants, il représentait l'espoir, l'avenir, la vie. Il y avait des torrents de larmes et encore plus d'amour charrié pour celle disparue bien trop tôt.

Il y avait cette main amie que je serrais très fort dans les moments les plus douloureux. Dehors, le soleil caressait les feuilles des arbres et les pierres tombales polies par les années. Ces rayons automnaux, des doigts aimablement repliés sur les miens, tout était bon pour supporter un peu l'inadmissible. Dans ce cadre solennel, la tristesse et la paix étrangement se mêlaient, et j'espérais, menaient à une forme de sérénité.

Il était nécessaire de dire adieu, de dire bravo. J'aime penser qu'elle a entendu l'écho de nos applaudissements, un tonnerre pour elle, pour souligner sa force et son incroyable courage. Qui sait ?

Nous sommes lundi et après six mois, tout a recommencé : je suis retournée travailler, j'ai emprunté les mêmes allées, la même rame bondée, un peu plus j'aurais pu songer: "tout est pareil". Mais sa disparition et mon enfant sont à mes yeux les marques frappantes de cette croyance erronée. Les lignes ne sont pas figées.

Ce soir, je suis allée chercher mon fils, j'ai couru vers cet amour encore neuf mais déjà si fort. Définitivement, les choses avaient changé. Restait à voir si elles pouvaient bouger encore davantage.

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