Etre

Etre la meilleure version de soi-même, la nuit contempler les étoiles, l'imaginer cet avenir prochain, des gens simples en toile de fond. Le retrouver cet ami oublié, perdu au fin fond d'années séculaires, juste une photo me rappelle à lui, une photo figée dans un temps lointain qui rappelle les vieilles maisons poussiéreuses des grises campagnes. Arriver en retard au rendez-vous, jamais à l'heure, toujours pressé, dévaler les vieux escaliers quatre à quatre pour se retrouver face au soleil du matin déjà haut dans le ciel. Retrouver mes proses d'antan dans un vieux cahier blanc, d'anciennes rédactions sur un papier jauni, mes pattes de mouches sur des feuilles quadrillées.

Etre la meilleure version de soi-même, avoir son portrait dans le reflet d'un miroir moucheté, fin visage paisible des jours heureux. L'imaginer cet avenir, se raconter la vie qu'on aurait plus tard en souriant, être confiant. Partir de sa campagne, retrouver les couleurs de la ville, son animation, sa foule, son brouhaha et là se réaliser, vivre une autre vie. Apprendre le nom des grandes rues, et des grandes places, le numéro des bus, les noms des arrêts. Etre autonome dans la ville qui évolue avec ses règles, ses lois.

Se souvenir d'un marché, enfant, les légumes abîmés jetés sur les pavés, de vieilles personnes ne se faisaient pas prier pour les ramasser, ma mère m'apprenait ainsi la pauvreté et la débrouille des gens qui galèrent. J'avais de la peine pour eux, j'avais peut-être dix ans. Qu'est-ce qu'on a acheté ce jour-là? Peut-être des pommes, de la salade... Le marché couvert il s'appelait, il se trouvait près de l'Italien où l'on achetait la bonne mortadelle qui sentait si bon. Avec un rien, ma mère nous faisait un festin. Une amie lui a appris à s'orienter dans le centre ville, plus tard elle partirait travailler tôt le matin en écrasant la neige de décembre sous ses pas de femme battante.