Être différente.

emmyfalardeau

Parce qu'on prône la différence, mais quand ça devient un peu trop «non-commun», là c'est plutôt quelque chose que l'on tente de nier, de cacher... (En correction)

Je vais toujours me souvenir, du haut de mes 17 ans, l'événement qui a sans doute affecté de beaucoup la perception de qui j'étais et de mes limitations personnelles. C'est beau croire que rien nous arrivera, que nous sommes forts, que des défis que la vie nous envoie, nous nous en relèverons toujours, mais il faut prendre conscience que souvent s'en est autrement. Mieux vaut le réaliser d'avance, parce que sinon quand ça frappe, ça fait mal, très mal.


Août 2014,

Au tournant de ma vie de jeune femme autonome, un événement particulier s'est produit. Plus exactement, le 20 août 2014, une journée dans mon calendrier que je marquais de mon départ, a été bousculée par trois épisodes de convulsions. 

Le premier épisode, je ne savais pas trop ce qui venait de se passer. La seule certitude que j'avais était d'avoir fait une crise vu les blessures que j'avais qui s'apparentait à de l'épilepsie. Dès ce moment, mon désir d'indépendance a pris un coup et soudainement j'aurais bien voulu me blottir contre les bras de maman.

Comme plusieurs symptômes restèrent, l'angoisse d'une nouvelle crise a pris jour, et sans que je puisse y faire quoi que se soit, j'étais à nouveau en train de faire une crise. Je n'avais plus la maîtrise de mon corps, je combattais mes propres émotions, je combattais mes propres peurs. Mon conscient est devenu à ce moment, le pantin de mon inconscient, l'instrument de mesure de mon corps. Jusqu'à ce que je cèdes et que j'en perdes connaissance. Cette journée s'est gravée en moi comme nulle autre ne l'a fait en séquelles. Mon corps a fait la leçon à lui-même qu'il avait besoin de repos, qu'il avait besoin d'être entendu. Le combat s'est finalement arrêté le lendemain matin, lorsque toute perdue, je me suis réveillée, épuisée, dans un lit d'hôpital où on m'a annoncé que j'avais été gardé sous surveillance vu la situation inhabituelle.


Mes certitudes ont vites tombé à l'eau. On m'a donné des rendez-vous avec des neurologues, des pédiatres, d'autres spécialistes, en gros, «mon cas» un peu plus particulier s'est trimbaler entre les mains de personnes un peu perplexes. Le verdict? Aucune activité épileptique, mais en échange, un trop plein d'irrégularités qui s'y apparente. Donc pour un temps, des médicaments pour contrer les convulsions, et un vent de renouveau qui se frayait, dans ma vie, du nouveau que je refusais, du nouveau auquel je ne voulais pas accorder d'attention.

Avant toute autre chose, il faut savoir que je déteste ne pas avoir le plein contrôle de ma vie, mais en même temps, je pense que c'est un sentiment que plusieurs ont. 

Pas d'alcool, des étourdissements et des maux de coeurs à volonté, sans compter l'état de déni profond dans lequel je me suis embarquée. De savoir, que maintenant, il faut éviter les situations trop stressantes, que pendant les six mois qui suivent une crise il est interdit de prendre un bain, de se baigner, de conduire, que certaines complications pourraient voir le jour à cause de la prise de médicaments et j'en passe... On m'a mis sous le nez ce que je redoutais le plus. Et qui pourtant ne s'apparentait pas à un futur si proche... Les fameuses grossesses...


Je dois admettre que je suis hyper maternelle comme personne. C'est pas pour rien que mon premier emploi étudiant a été auprès des enfants. Alors ce n'est pas tant le fait qu'on me dise que j'étais soit disant épileptique qui me dérangeait... c'est plutôt le fait qu'on me dise, que par la faute des médicaments, que mes enfants, il faudra les prévoir, que ce sera tout qu'une épreuve, que d'autres médicaments devront être pris pour éviter toute carences ou anomalie... Ça m'a rentrée dedans disons... 


Je sais qu'il y a des choses bien pire que cela dans la vie, mais en réalité, ce qui me dérange, c'est de ne plus suivre le même rythme qu'avant et ce n'est pas par manque de volonté. Je sais qu'il n'y a pas que du négatif, que je me suis aussi prouvée que ce n'est pas une angoisse mal gérée qui allait m'arrêter, mais n'empêche que quand ça survient, cela me met hors de moi.


Oui j'ai un égo mal placé, je l'admets. J'ai un fichu gros égo par rapport à ça même. Ce qui me dérange ce n'est pas d'être différente d'une majorité de personne ( sincèrement, ma vie serait platonique si je m'en tenais à faire pareil comme les autres) ... Ce qui me dérange réellement c'est de me sentir différente de celle que j'étais avant cela, ce qui me dérange c'est de ne pas être en mesure de m'expliquer à moi-même ce qui me cause cela. Je suis limitée à ne pas avoir d'explications valables quant à ces satanés crises, et ça je ne l'accepte toujours pas.


  • L'incertitude est le plus difficile à gérer. J'espère que l'avenir t'apportera des réponses, et la sérénité.

    · Il y a presque 8 ans ·
    Ananas

    carouille

    • Cet incertitude est certes difficile à gérer, mais n'est pas impossible, un jour à la fois ! :) merci beaucoup!

      · Il y a presque 8 ans ·
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      emmyfalardeau

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