Evolution 2 (chap 3)

    Braid écoutait attentivement le rapport de ses émissaires. Il semblait sceptique.
- Finalement, finissait le mutant à écailles, il nous a juste dit qu’il savait pas, et qu’il s’en foutait de nous.
- Mouais... Pour le moment. Mais il n’a pas tort. Ces terriens vont revenir. Il leur faudra environ un mois et demi pour l’aller, autant pour le retour... En gros, dans trois mois, on sera de nouveau envahi. D’ici là, il va falloir s’armer, et lourdement cette fois.
- Il faut prévenir Titan ch... Euh, Braid.
- Je sais. Le seul vaisseau qu’on va avoir de disponible, il est prévu pour la dauf’.
- On pourrait le lui emprunter.
- Surtout pas ! Je veux qu’elle quitte la planète au plus vite ! C’est une gamine, qui n’a aucun recul sur la situation. Elle agit par instinct. Alors c’est très bien quand il s’agit de recueillir des infos rapidement, mais pour agir avec sagesse... J’avoue que j’ai du mal à comprendre son comportement parfois.
- Bon... On fait quoi alors ?
- On la retrouve d’abord, ensuite, on la colle dans ce foutu vaisseau, avec un foutu message pour Titan, ensuite, je lui souhaite bon vent !
- On dirait que vous ne l’aimez pas beaucoup.
- C’est pas ça... Elle me rappelle quelqu’un c’est tout.
- Ah...
- Bon, au lieu de me regarder avec ces yeux de Bratz grillés, allez prévenir les services de sécurité. Il nous faut des armes lourdes, et nous préparer à une invasion. Il faut prévenir Titan et les autres planètes de la colonie, on a besoin d’aide cette fois !
- Oui ch... Braid ! Firent les deux hommes en sortant en courant.

    Braid s’enfonça dans son fauteuil, voulut poser son coude et manqua de tomber. Il jeta un regard navré à l’accoudoir cassé. Encore un souci tiens ! Il n’en avait pas assez comme ça ! Le faire réparer. Retrouver Androucha. Elle était volontaire cette petite...
- Moi aussi j’y ai cru, la dauf’ murmura-t-il pensif. Mais rêver de paix pour le moment... Ce n’est pas possible, on a une guerre à gagner.

***

    Les explications du colonel firent l’effet d’une bombe dans le coeur d’Androucha. Ce n’était pas possible ! Ce terrien mentait ! Elle tentait de retenir ses émotions, tachant de garder la tête froide. Réfléchir...
- Tu mens !
- Je vous jure que non Androucha. Je ne tiens pas à mourir maintenant vous savez.
- Et maintenant, il est où ?
- Je ne sais pas.
- Vous l’avez tué ! N’est-ce pas ?
- Je n’en sais rien, je vous le jure. Mais... Il y a peut-être un moyen de le savoir. Vous avez bien un centre de renseignements ?
- … Oui... Et ?
- Etant donné la situation... Ils doivent en savoir plus que moi. Je n’étais qu’un simple colonel.
- Je dois y aller.

    Androucha fit volte face pour sortir et s'arrêta devant les hommes armés. Le colonel leur fit un signe, et ils baissèrent leurs armes. Androucha marqua un temps d’arrêt.
- La planète 51 hein ?
- C’est l’information que j’ai, répondit le colonel.
- Je dois en savoir plus. Je dois vraiment tout savoir. Il faut que j’y aille. Je ne peux pas y croire.
- Je pourrais vous prêter un chasseur, mais...
- Vous en aurez besoin pour vous défendre, je comprends.
- Androucha... Je voudrais t’accompagner.
- T’en fais pas pour moi l’humain, répliqua la mutante, je suis une grande fille. Je m’en sortirais très bien toute seule. Protège les civils ici. Je pense que le moment venu, les mutants vous aiderons aussi.
- Bien... Tu feras quoi après ? Quand tu sauras ?
- On verra bien.

    Androucha quitta la tente. Les deux humains se regardèrent. Ils se sentaient mal-à-l’aise tous les deux. Ils se sentaient responsables des exactions de leurs semblables, exactions qu’ils avaient cautionnés tout ce temps, sans jamais chercher à en savoir plus, confiants du bien fondé de leur combat. Mais maintenant, qui pouvait affirmer qu’il se battait dans le bon camps ? Et qu’est-ce que ca voulait dire, maintenant, se battre dans le bon camps ?

    Androucha sortit de la ville d’un pas décidé. Elle se dirigea vers la sortie qu’elle avait empruntée un peu plus tôt, pour sortir des tunnels de la communauté des mutants. Elle devait parler à Braid. Autour d’elle, la nuit avait fait son retour, la plongeant elle et ses sentiments dans l’obscurité totale. Tout ceci n’était-il qu’un cauchemar ? Ce terrien pouvait-il avoir raison ?
- Devoncha, murmura-t-elle, qu’est-ce que tu as fait ? Et pourquoi ?

    Rapidement, elle se retrouva devant l’entrée et l’ouvrit. Un comité d’accueil particulièrement musclé l’attendait, ce qui la surprit.
- Doucement, c’est moi ! Androucha !
- La dauf’ bordel ! Cria un des mutants armés qui la tenaient en joue. On a bien failli te trouer la peau ! Signales-toi la prochaine fois ! D’ailleurs, Braid veut te voir en urgence !
- Ca tombe bien.

    Elle alla directement au bureau du Roch. Celui-ci n’avait pas l’air tout-a-fait ravi.
- La dauf’ ! T’as failli nous mettre dans une merde noire ! On aurait fait quoi si t’avais tué les terriens, hein ?
- Je sais Braid. J’ai eu de nouvelles informations de la part de ce terrien justement. Je dois partir pour la planète 51.
- Avant, tu vas aller à la base Titan demander de l’aide ici ! Dans trois mois, les terriens seront de retour, et je te parie ce que tu veux qu’ils seront bien mieux armés.
- Je sais. Je pars quand ?
- Dans deux jours. On t’amènera le vaisseau. Faudra y faire attention. Il n’est pas armé, et il ressemble plus à une pétrolette à pédale qu’un vaisseau, mais il devrait t’amener à bon port.
- Merci Braid.
- De rien. Bon vent à toi.
- Tu ne m’aimes pas beaucoup hein ?
- C’est pas ça. Mais tu agis sans réfléchir, et tu as mis toute la communauté en danger. Si tu reviens parmi nous après tes affaires, saches qu’ici, il y a un chef, c’est moi. Et qu’on doit tous veiller les uns sur les autres. Il n’y a pas de place pour les cavaliers solitaires.
- C’est bien compris... Chef.
- Allez file gamine ! Quoi que t’ai à faire, bonne chance.

    Androucha referma la porte du bureau avec un demi-sourire. Bourru, mais franc. Elle l’aimait bien dans le fond. Il avait raison sur toute la ligne. Si elle avait agi sans attendre, elle aurait tué les humains, et elle l’aurait doublement regretté ensuite. Heureusement que Braid avait envoyé les hommes mutants. Ils étaient arrivés juste à temps. Il ne restait plus qu’à attendre, encore... Elle detestait attendre. Ses réflexions la ramenèrent à ce que lui avait révélé le colonel humain. Même Merks avait eu un choc en l’apprenant. Elle désactiva son armure et se rendit à sa chambre. Là, elle posa le cube à terre, se coucha en travers du lit, et l’observa longuement. Il venait de la planète 51. C’est ce que lui avait dit le colonel. Mais le reste de ses révélations paraissait si incroyable... Elle devait y aller. Elle devait etre sûre ! Faire le lien définitif entre son frère, ce cube, la défaite de la commission.
- Devoncha... Qu’est-ce que tu savais ? Pensa-t-elle.

***