Exil

Caïn Bates

Ce que j'fais là moi, je sais pas. Je voulais juste marcher tout droit. Ce que j'fais là moi, je sais pas mais je pense à toi depuis mille ans.

Je suis arrivé à Turnov il y a quelques jours, je suis censé y rester encore un bon moment. La ville est paisible, les gens sont plutôt accueillant. Elle a un petit air de village bien que son centre ville ressemble à celui de Roubaix, je suis sûr que ça te plairait. Qui sait, peut être que tu m'y accompagneras la prochaine fois, quand tout sera réglé. Il fait assez doux pour un mois d'octobre, même pour moi qui ne suis pas d'ici, et ça leur fait rire de me voir en t-shirt en fin de soirée quand ils sont envellopés dans leurs manteaux. Sincérement je ne voudrais qu'une chose, que tu lache tout pour me rejoindre, ne serait ce que quelques jours. Je voudrais t'expliquer tout ce qui se passe, pourquoi tu n'auras peut être plus jamais de nouvelles de moi, pourquoi tu devras m'oublier. Vous me manquez toutes les deux, ils ont encore fait de moi un orphelin qui a perdu sa seule famille.
Les nuits sont longues ici malgré les concerts et les soirées festives, les sédatifs fonctionnent par intermittence et quand je parviens enfin à m'endormir, je vous entends. Ils pensaient que me priver de tout moyens de communications non controlés et de tout les objets vous appartenant me raménerait peu à peu vers la voie de la guérison, c'est de pire en pire. Je n'arrive plus à croiser les jolies filles sans me mettre à trembler, elles ont toutes ton regard, ton sourire et les gamines qui s'amusent dans les rues ont son visage. Et toi, je sais qu'en ce moment tu me déteste de ne pas t'avoir donné la moindre raison de mon silence, de t'avoir abandonnée au moment où tu avais besoin de moi mais, c'est comme ça, malgré tout l'espoir que tu plaçais en moi, j'ai merdé.

C'est pas avec un orgue de barbarie que je vais pourrir leur pays. C'est pas avec la bombe atomique, c'est pas avec le tour de France qu'ils nous mettront de leur côté quand on aura fini notre croissance.