EXPÉRIENCE

lyli

PRÉSENTATION DES 10 ÉPISODES

 

1.Un couple de chercheurs part en vacances avec ses deux fils, Robin et Lukas, laissant Lya, l’ainée, à la maison. La jeune fille organise une fête pour son anniversaire mais des évènements étranges viennent perturber ce moment. Pendant ce temps, sur la route, le reste de la famille Arty fait une pause pour déjeuner dans un relais sur l’A666, au moment de repartir le père de famille est introuvable…  

2.Lya  a rejoint sa famille accompagnée de sa meilleure amie, Maïlan. Coline, la mère de famille, explique à ses enfants pourquoi elle refuse d’appeler la police. Ils travaillent sur des dossiers classés secret défense. Ne sachant à qui faire confiance, ils décident de dormir sur place. Robin se sent mal pendant la nuit. Au petit matin des hommes tentent d’enlever Lya mais la confondent avec son amie Maïlan.

3.Robin pourchasse le groupe d’hommes et sauve Maïlan. Il met en doute les explications de sa mère. Il veut en savoir plus au sujet des facultés que Lya et lui ont développées. Leur mère leur révèle qu’ils ont été exposés à des substances chimiques au laboratoire.

4.La famille décide de se cacher dans la maison prévue pour passer les vacances, personne ne connaît leur destination. Coline aide ses enfants à se servir de leurs nouvelles facultés. Des hommes débarquent à la villa.

 

5.Ils réussissent à s’échapper. Maïlan leur apprend que son père, Louis Format, savait où ils allaient. Robin veut se venger de Louis Format, il sait ce que vit Maïlan et découvre que ce dernier les espionne pour le compte du laboratoire.

 

6.La famille décide de tendre un piège aux membres du laboratoire. Ils obligent Louis Format à leur fixer un rendez-vous. Lya et Robin apprennent des informations capitales sur leurs origines et sur les véritables intentions de leurs parents.  Les hommes ne libéreront leur père que s’ils acceptent de se soumettre aux tests.

7.Lya et Robin ont enregistré la conversation, ils envoient une copie de l’enregistrement sur Internet pour que l’histoire éclate au grand jour. La police est forcée de se rendre sur place mais il ne reste rien du laboratoire, l’endroit est désert.

8.En dernier recours Coline contacte le professeur Rassel son enseignant quand elle était étudiante. C’est aujourd’hui un vieil homme mais elle pense qu’il saura quoi faire. Il leur donne rendez-vous. Coline s’y rend seule, il réclame les enfants, la menace et la blesse.

 

9. Vaincu, il dévoile à Robin et Lya qu’ils ont été adoptés. Il leur explique qu’ils ne pourront jamais s’en sortir car tout le monde les recherche. Ils ne pourront jamais faire confiance à personne. Lya et Robin décident de se rendre et de subir les tests pour que tout s’arrête enfin.

10.Transférés dans un nouveau laboratoire ils se montrent dociles et craintifs, mais ce n’est que pour tromper la vigilance des scientifiques. Ils sont là pour libérer leur père. Ce dernier est grièvement blessé durant la fuite. La famille est contrainte de changer d’identité et quitter le pays.

EPISODE 1

Lya pouvait apercevoir les rayons du soleil à travers ses volets, ce premier jour de vacances s’annonçait splendide. Son téléphone sonnait sans arrêt depuis ce matin pour signaler l’arrivée d’un sms, d’un tweet ou d’un quelconque message en rapport avec la fête de ce soir. Tous ses amis s’impatientaient de célébrer ce qui leur semblait être la soirée du siècle : ses 20 ans.

Connue pour être une rebelle au grand cœur, Lya était déterminée dans tout ce qu’elle entreprenait. A l’université ses résultats relevaient de l’excellence. Certains l’enviaient car ils n’avaient pas sa force de caractère ni son charisme, mais la plupart l’admiraient. Jolie petite brune loyale et drôle, elle profitait pleinement de sa vie d’adolescente insouciante.

Parmi tous les invités du soir prompts à faire la fête, il y avait Maïlan, une jeune fille taciturne sur laquelle Lya avait jeté son voile protecteur. Voisines depuis plusieurs années, elles avaient eu très peu d’occasion de discuter car Maïlan était souvent enfermée chez elle. Sa personnalité était à l’opposé de son amie, aussi renfermée que Lya était expressive. Sa présence pouvait passer totalement inaperçue. Les filles ne se quittaient plus depuis ce jour où un groupe d’étudiants avait trouvé amusant de pousser la jeune fille discrète du haut des escaliers de la faculté. Lya était allée l’aider à se relever en passant recadrer sèchement la bande d’idiots, et en expliquant à l’enseignant sur lequel elle avait atterri ce qui s’était réellement passé.  Sa réputation aidant, un mot de sa part et l’affaire était entendue, personne n’y trouvait rien à redire. Depuis ce jour là, Maïlan se réfugiait chez Lya chaque fois que ça allait mal chez elle. Elle avait des problèmes avec son père, toute la ville connaissait les problèmes d’alcool de Louis Format depuis la mort de sa femme et son fils, tout le monde savait qu’il lui arrivait de lever la main sur sa fille. Personne n’imaginait en fait de quelle manière. Pas même Lya.

Vers 11h les premiers invités arrivèrent pour commencer à tout installer dans la maison. Les parents de Lya se préparaient à partir pour les vacances, sa mère n’était pas très rassurée à l’idée de laisser sa fille seule. Elle aurait aimé passer cette semaine avec la famille réunie au complet. Tous les deux chercheurs au CNRS, Coline et son mari consacraient une grande partie de leur vie à leur profession qu’ils jugeaient passionnante, ils n’avaient malheureusement que peu de temps libre à accorder à leurs enfants. Les vacances étaient une belle occasion de se retrouver. Lukas 6 ans était trop jeune pour rester à la maison avec sa sœur, mais Robin 17 ans, avait tenté de négocier un premier été sans ses parents. En vain. Le lycée appelait souvent ces derniers temps pour signaler ses absences ou pour convoquer ses parents à un rendez-vous en raison d’un nouveau débordement. Pour une raison qui leur échappait complètement, et qu’ils mettaient volontiers sur le compte de la crise d’adolescence, Robin était passé du garçon gentil et attentionné avec ses parents, studieux en classe, à l’état de jeune révolté contre sa famille, l’école, et le monde en général. Il n’y avait guère que Lya qui trouvait toujours grâce à ses yeux. Il vouait un respect sans faille à sa sœur ainée. Même ses rapports avec son petit frère avait changé. Alors qu’il était extrêmement câlin et protecteur avec lui, il l’ignorait maintenant la plupart du temps.

Aux alentours de 12h toute la famille se mit en route, Coline, Paul et leurs fils quittèrent la maison en promettant à Lya de l’appeler.

Sur la route, la mère de famille était silencieuse. Son mari le remarqua.

–      Ne t’inquiète pas Coline, tu connais notre fille.

–      Tu sais comme moi que ce n’est pas aussi simple, dit-elle discrètement.

–      Je sais oui, mais nous avons étudié ça plusieurs fois, il y a peu de chance que cela arrive maintenant.

–      J’ai un mauvais pressentiment.

–      C’est normal ma chérie, c’est la première fois que nous laissons Lya toute seule à la maison. Mais je crois vraiment qu’il n’y a rien à craindre. Détends-toi et commence à respirer l’air des vacances.

–      Je vais me détendre, mais pour ce qui est de respirer « l’air » des vacances je vais attendre que nous ayons quitté l’autoroute 666, dit-elle en riant.

Dans la vaste maison les jeunes s’affairaient de toutes parts : préparation de cocktails dans la cuisine, mise en place de la sono sur la terrasse face à la piscine, condamnation des pièces du haut, protection des objets les plus fragiles.

Vers 15h les deux amies décidèrent d’aller se préparer. Debout dans sa chambre, Lya s’observait dans le miroir vêtue de sa nouvelle robe quand elle fut prise de vertige. Ses jambes fléchirent, elle tomba au sol. Maïlan qui était assise sur son lit se précipita pour la relever.

–      Lya ! Ça va ? Qu’est-ce qui t’arrive ?

–      J’ai mal à la tête, c’est horrible, j’ai l’impression qu’elle va exploser !

–      Calme-toi, respire, j’appelle les secours…

–      Non ! attends, la fête…je vais me remettre, n’appelle pas s’il te plaît.

Elles restèrent un moment sur le sol, Maïlan était pétrifiée à l’idée qu’il arrive quelque chose de grave.

–      Respire doucement

Elle lui caressait le front tendrement en se disant qu’elle devait appeler les secours. Peu à peu, Lya commençait à rependre des couleurs.

Elle ouvrit les yeux, se redressa, sa tête lui causait moins de douleurs, elle réussit à se remettre sur pied.

–      Je ne suis pas rassurée, on devrait tout annuler et aller voir un médecin, dit Maïlan.

–      Mais non ne t’en fais pas, tout va bien aller, je vais mieux et tout le monde attend ce moment avec impatience. Et puis il est trop tard pour annuler.

En effet, les premiers essais avec la sono et les cris de joie qui retentissaient sonnaient le coup d’envoi des festivités. Il était hors de question de faire partir tout le monde.

Mais bien que remise physiquement Lya se sentait vraiment dans un état second.

La famille Arty avait déjà parcouru plus de 400 kilomètres. L’Audi filait sur la route au milieu d’autres vacanciers pressés d’arriver à destination. Les garçons chahutaient gentiment à l’arrière, Paul était heureux de voir ses fils jouer ensemble, ces moments devenaient si rares. Sa femme allait commencer à s’assoupir, c’est ce moment qu’il choisit pour faire une pause déjeuner. Il avait repéré la pancarte annonçant le prochain relais routier. La voiture arriva finalement sur un parking encore plein à cette heure. Quittant la climatisation confortable de l’habitacle, ils se rendirent compte qu’il régnait une chaleur accablante à l’extérieur. L’atmosphère était pesante.

–      Oh non ! Maman ! ça me reprend ! se plaignit Robin en se tenant la tête.

–      Les bourdonnements ? dit-elle en s’approchant de son fils. Venez, rentrons à l’intérieur du restaurant, tu vas te rafraîchir et manger un peu.

Il était difficile de trouver une place encore libre. Quand enfin ils furent installés et prêts à manger, Coline se dit qu’il était temps de prendre des nouvelles de sa fille, l’heure de sa naissance approchait. Elle consulta son portable et constata que le signal ne passait pas dans le restaurant. S’assurant que Robin allait mieux, elle se leva pour aller téléphoner à l’extérieur.

–      Allo Lya ? Bon anniversaire ma chérie ! Est-ce que ça va ?

–      Merci maman, oui tout va bien, euh… en fait j’ai juste eu un léger malaise tout à l’heure mais…

–      De quelle sorte, qu’as-tu ressenti ? Une forte migraine ? Tu t’es évanouie ?

–      Euh, oui c’est ça mais comment le sais-tu ? Tu as planqué des caméras ? plaisanta Lya.

–      Je préférerais que tu mettes un terme à ta petite soirée et que tu te reposes ma chérie.

Elle sentit l’angoisse dans la voix de sa mère.

–      Mais pourquoi maman ? je me sens bien mieux maintenant, je n’aurais pas dû t’en parler, dit-elle implorante.

–      J’ai peur qu’il se passe des choses que te dépassent ce soir.

–      Des choses ? Quel genre de choses maman ? Tu veux me faire peur ?

–      C’est compliqué, je ne peux pas tout t’expliquer par téléphone, nous rentrons.

–      Non ! Vous ne pouvez pas me faire ça ! Pas ce soir !

Paul qui avait vu par la fenêtre le visage apeuré de sa femme était déjà près d’elle pour savoir ce qui se passait. Elle entendit ses parents échanger mais elle ne parvenait pas à comprendre ce qu’ils se disaient.

–      Ecoute ma fille, son père avait pris le téléphone, profite de ta soirée d’anniversaire, nous ne rentrerons que  la semaine prochaine comme prévu. Lya ?

–      Oui papa.

–      Fais bien attention à toi.

Elle sentit une profonde inquiétude chez son père aussi mais ne comprit pas pourquoi. Ils devaient redouter que la soirée ne dégénère à cause de l’alcool pensa-t-elle.

Après avoir raccroché Coline et Paul se regardèrent un long moment sans oser se parler. Mettre des mots sur la situation aurait pour conséquence de la rendre plus réelle, plus concrète. Tout ce qu’ils ne voulaient pas. Silencieusement, ils rentrèrent dans le restaurant rejoindre leurs enfants. Coline remarqua tout de suite que Lukas n’était plus à table avec son frère.

–      Où est ton frère ? dit-elle affolée.

–      Hé pas si fort maman, tout le monde nous regarde !

Effectivement, elle avait crié tellement fort que la foule avait cessé de grouiller pour les observer.

-Il doit être aux toilettes, ou il sera venu vous rejoindre, je sais pas moi, dit Robin en finissant son repas.

-Tu ne sais pas ? Il a 6 ans ! Il s’en va et tu ne sais pas ! hurla-t-elle.

Paul n’avait pas attendu, il courait dans le relais en appelant son fils. L’agent de sécurité alerté par des clients qui avaient compris la détresse de la mère de famille vint à leur rencontre. Il tenta de rassurer les parents en leur expliquant que cela arrivait très souvent durant les vacances.

-Il y a tellement de monde vous savez. On va faire un appel au micro et votre petit bonhomme sera de retour aussitôt.

Coline était fébrile, son mari la réconfortait. Robin commençait à s’inquiéter, il n’aimait pas voir sa mère dans cet état. Paul décida d’aller guetter à l’extérieur. Il mit sa main sur l’épaule de son fils qui comprit aussitôt qu’il devait veiller sur sa mère.

On entendit résonner dans le relais et sur le parking la voix de l’agent de sécurité : « Le petit Lukas Arty est demandé par ses parents à l’entrée du restaurant. Je répète, le petit … »

La fête avait débuté plus tôt que prévu avec les amis déjà présents, et ceux qui débarquaient au fur et à mesure. La musique faisait vibrer toute la maison, les jeunes avaient pris le bar et la piscine d’assaut, l’ambiance était survoltée, tout le monde riait, dansait. Les filles avaient pris part à la fête aussi. Lya arrosait ses 20 ans entre fous rires, champagne et baignade. Maïlan pourtant très réservée n’avait pas hésité non plus à se jeter dans la piscine. Mais soudain, des hurlements de colère retentirent. Un attroupement commençait à se former à l’entrée de la maison. Surprise, Lya se précipita pour voir ce qui pouvait causer ce vacarme. Elle réussit à se frayer un chemin à travers la foule, et se retrouva face avec un groupe de garçons qu’elle n’avait jamais vu et qui tentaient de s’incruster brutalement dans la petite fête.

-C’est quoi ce bordel ? Qu’est-ce que vous voulez ? Vous êtes chez moi, sortez d’ici !

Elle n’avait pas fini sa phrase qu’un des garçons s’avança vers elle rapidement et la poussa violemment au sol. Elle tendit sa main vers lui pour tenter de l’agripper mais ne parvint pas à le toucher, pourtant, le garçon fut en un instant projeté dans les airs. Un éclair fendit le ciel et illumina les yeux de Lya. Le corps du garçon retomba au sol plusieurs dizaines de mètres plus loin dans un bruit sourd. La foule ahurie s’écarta de Lya. Personne ne comprenait ce qui venait d’arriver. Le reste de la bande n’attendit pas que leur ami se remette et déguerpit en courant de la maison.

Lya avait repris un aspect normal, Maïlan et un autre ami vinrent la soulever.

-Qu’est-ce qui s’est passé ? dit le garçon venu l’aider.

-Je ne sais pas, dit Lya encore sonnée, vous avez vu comme moi, tout a été si vite. Mais je ne l’ai pas touché, où est-il ?

-Ne t’en fais pas les autres s’en sont occupés, il ne reviendra pas c’est sûr, pas après ce qui vient de se passer. Tes yeux, dit Maïlan, si tu avais pu voir tes yeux, c’était vraiment  bizarre. Tu as effrayé tout le monde.

-Il faut que j’appelle mes parents ! ma mère m’a parlé de choses étranges qui allaient se produire ce soir. Il faut que je lui parle !

Elle prit son téléphone et rappela sa mère, répondeur. Elle tenta d’appeler sur le portable de son père.

-Allo papa ?

-Oui Lya, je ne peux pas te parler pour l’instant j’ai besoin que la ligne reste libre, je te rappellerai.

Et il raccrocha.

Assis en tailleur dans un recoin de la librairie, Lukas n’accepta pas tout de suite de suivre la dame qui lui expliquait que ses parents le cherchaient partout. Il se méfiait des étrangers, ses parents l’avaient mis en garde. Mais dans leurs histoires ils avaient aussi parlé de bonbons, et cette dame n’en avait pas. Il décida d’abandonner la BD dans laquelle il était plongé depuis un moment pour l’accompagner là où elle voulait aller.

A sa vue, Coline fondit en larmes, elle le serra dans ses bras aussi fort qu’elle le put.

-Nous avons eu si peur, où étais-tu ?

-Je lisais ma BD, dit-il simplement.

-Nous te cherchions partout Lukas, tout le monde était inquiet, tu ne peux pas partir sans prévenir. Ton père te cherche encore. Robin, va le prévenir s’il te plait, il doit être dans tous ses états.

-Pardon maman, je ne voulais pas que tu sois triste.

-Tu es là à présent, et il ne t’est rien arrivé de grave c’est le principal. Dès que papa et Robin seront là nous repartirons tous les quatre tranquillement.

Au bout d’un moment qui lui parut interminable, elle vit son fils revenir seul. Il était pâle.

-Où est ton père ? sa voix tremblait. Réponds-moi Robin ! Où est ton père ?

-Je ne sais pas maman, je ne le trouve pas, et …

-Quoi ?

-La voiture, elle n’est plus à sa place.

-Il a dû faire un tour sur le parking pour voir s’il trouvait Lukas, dit-elle surtout pour se rassurer. On va attendre ici, il va revenir bientôt.

Prostrés à l’entrée du relais, Coline et ses enfants n’osaient plus bouger. Le point de rendez-vous était là, Paul le savait, pourquoi mettait-il autant de temps à revenir ?

Au bout d’environ trois quarts d’heure, surpris par l’attitude de la famille, l’agent de sécurité s’approcha.

-Est-ce que tout va comme vous voulez Madame ?

La mère de famille se sentait gênée, elle ne savait pas si elle devait signaler l’absence soudaine de son mari. Il va me prendre pour une folle se dit-elle.

-Vous allez croire que je me moque de vous, mais mon mari qui était parti attendre mon fils à l’extérieur n’est toujours pas revenu, et, et je commence à m’inquiéter. Pourriez-vous jeter un œil sur les enfants le temps que je sorte l’appeler ?

L’agent resta un instant dubitatif, puis, il se ravisa. Il était là quand le père de famille était sorti, c’était il y a bientôt une heure maintenant.

-Allez-y, je m’occupe des garçons, s’il ne répond pas au téléphone nous passerons un appel au micro.

Elle appuya frénétiquement sur l’écran de son portable pour joindre Paul, après plusieurs sonneries, elle tomba sur le répondeur, elle recommença plusieurs fois son geste sans résultat. L’angoisse montait. Avant de retourner près de ses enfants, elle fit le tour du parking pour trouver la voiture.

-Il s’appelle Paul, Paul Arty, dit-elle en revenant à l’agent de sécurité.

 L’agent se dirigea vers le micro.  Mais Paul ne revint pas.

La panique s’empara de Coline, mille choses lui traversaient l’esprit : joindre Lya, appeler le laboratoire, rester calme, surtout rester calme et protéger les enfants.

-Où est papa ? Il faut appeler la police !

-Ecoute-moi Robin, il faut d’abord appeler Lya et lui dire de venir nous chercher. Nous allons continuer d’attendre ton père ici. Sors appeler ta sœur et dis-lui de nous rejoindre le plus vite possible.

-Je ne te fais pas confiance tu sais des choses que tu ne veux pas nous dire. Pourquoi tu ne veux pas qu’on prévienne la police ? Papa a disparu c’est grave maman, réagis !

-Fais ce que je te dis pour l’instant, dit-elle sèchement, appelle ta sœur et dis-lui de nous retrouver ici. Vas y vite, ne parle à personne, mets-toi contre un mur pour que personne n’arrive dans ton dos et que tu puisses voir venir.

Robin fit un pas de recul, il ne reconnaissait plus sa mère. Elle l’effrayait. Mais il s’exécuta. Il se dirigea vers la sortie, s’appuya contre le mur comme sa mère lui avait recommandé et guetta les passants pendant qu’il composait le numéro. Lya décrocha aussitôt.

-Allo Lya ?

-Ah Robin, enfin, je commençais à paniquer, il s’est passé un truc bizarre ici, je dois parler aux parents.

-Ici aussi ça débloque complètement. C’est pour ça que je t’appelle. Il faut que tu viennes nous chercher.

-Vous avez tous décidé de me faire peur ? C’est une blague ? Une très mauvaise blague pour mon anniversaire. Dans une minute tu vas crier « surprise ! », et tout va reprendre normalement ?

-Je suis désolé soeurette, j’aimerais te dire ça, mais c’est très sérieux Lya. Viens-vite nous chercher, on se trouve dans un relais routier sur l’A666 à environ 400 kilomètres de la maison.

Elle comprit à sa voix que son frère n’était pas en train de plaisanter.

-Ok, je pars tout de suite.

Après l’incident avec la bande de garçons Lya et Maïlan avaient mis tout le monde dehors. Certains étaient partis d’eux-mêmes terrifiés par ce qu’ils avaient vu. Elles remettaient de l’ordre dans la maison quand Robin avait appelé et Maïlan avait décidé d’accompagner son amie.

Les filles sortaient la voiture du garage quand la silhouette d’un homme apparut dans le rétroviseur. Il fit le tour de la voiture, ouvrit la portière et extirpa la passagère en la tirant par les cheveux.

-Viens par ici espèce de garce ! Où crois-tu aller comme ça ?

Lya avait reconnu Louis Format, le père de Maïlan.

-Lâchez-la ! cria-t-elle en tentant de protéger son amie.

L’homme la repoussa d’un violent coup de poing. Sonnée pendant quelques secondes, elle reprit conscience alors que la jeune femme se débattait toujours. Elle s’approcha à nouveau.

-Je vous dis de la lâcher !

Et tout à coup, la même lumière éblouissante que tout à l’heure réapparut, le même éclair, les yeux de Lya qui s’illuminent. Elle tendit ses mains vers l’homme. Et cette fois encore, sans le toucher, l’homme fut propulsé dans les airs et disparut derrière la maison.

-Vite, rentre dans la voiture.

Maïlan resta figée, totalement abasourdie par ce qui venait de se produire. Lya la releva et l’installa sur le siège.

-On n’a pas de temps à perdre, dit-elle, je suis comme toi, je n’ai aucune idée de ce qui m’arrive. Je crois que mes parents pourront répondre à mes questions mais pour l’instant ils ont besoin de moi. Mets ta ceinture.

Elles n’échangèrent pas un mot durant le trajet. Elles ressassaient chacune dans leurs coins les évènements de ces dernières heures. Deux fois de suite, se disait Lya. Les éclairs, les yeux qui brûlent, les corps qui décollent. Et puis les mots de sa mère… Que se passait-il ? Et pourquoi avaient-ils besoin d’elle ? Maïlan, elle, était encore sous le choc. Abattue à la fois par la violente agression de son père et stupéfaite de l’étrange métamorphose que subissait son amie.

Elles arrivèrent au relais en début de soirée. Devant la porte, adossé au mur, Lya reconnut son frère, elle se jeta dans ses bras.

-Je suis content de vous voir, dit-il soulagé.

-Nous aussi, si tu savais ! il faut absolument que je parle aux parents !

Coline serra sa fille dans ses bras, Lukas lui sauta au cou. Lya jeta un œil autour d’elle.

-Où est papa ?

Robin et sa mère échangèrent un regard.

-Tu ne lui as rien dit ?

-Dire quoi ?

-Papa a disparu, dit Robin résigné.

-Quoi ? Mais comment ça « papa a disparu » ? Comment c’est possible ? Répondez-moi ! Et la police ? Vous avez appelé la police ?

Coline resta  muette.

-Maman a pété les plombs, tu as raison je préviens les flics on a déjà attendu trop longtemps !

Il prit son téléphone.

-Ne fais pas ça Robin ! supplia Coline en s’emparant du portable. Son visage était déformé par la peur. Je ne vous ai pas tout dit…

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