Fable d'une affable fée de fête
lavadrouille
Fable d’une affable fée de fête
Voir le clip: http://www.youtube.com/watch?v=VhjcqFxASzs
Une encre bleue marine creusait sur le papier
D’une plume volage des sillons réguliers.
Aucune ombre enchantée n’aurait séduit vos yeux
Car de plates pensées obscurcissaient ce lieu.
La lumière des bougies s’éloignant sans retour
Et leur cire blanchâtre s’allongeant tout autour
Faisaient en cette soirée, à tout autre semblable,
Vivre un cruel supplice à un auteur de fables
La princesse était bête, voleuse et sans humour
El’ coulait mollement en lettres prétentieuses
Dans un carnet sans âme, aux feuilles capricieuses
A donner du tonus à son héros balourd.
Quand le trait se fait dur, le papier se fait cri
Maudite page blanche que l’on ne peut remplir
D’un héros qu’on fait naître et que l’on fait mourir
A force de trop user la main sèche de l’écrit
Dans la mansarde grise, la servante est joyeuse
El’ vient de temps en temps, le regard polisson,
Verser quelques fayots dans une assiette creuse
Au banal écrivain en mal d’inspiration.
Mais la princesse est bête, et le héros balourd
Comment les faire grandir dans cette histoire véreuse
Quelle fée bienvenue pourrait en bon secours
D’une simple étincelle la rende merveilleuse.
Mais la servante est faite pour les curieuses amours
Comme une fée coquine, une fée qui fait des tours
Comme la fée Clochette ou la fée Carabosse
Qui font d’une pastèque le plus beau des carrosses
La bonne, en fée de fête pour un conte charmant,
Vint mettre à cette histoire un peu d’enchantement.
Tout en s’agenouillant devant le mirliton
Elle se transforma en admirable fée Lacion.
Gilles BUTIN