Faites Entrer L'accusé (L'écraseur De Cagoles)

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Nous sommes le 16 septembre 2015 dans la petite bourgade de Sainte Marie De Perpette Les Bains, un endroit paisible peuplé de vieux, sur, et sous terre, ainsi que de moins vieux mais qui ressemblent tout de même à des vieux. 
C'est le cœur serré que Jean Luc vient rendre visite à sa grand mère mourante, Mireille Tasseur, qu'il a plus communément l'habitude d'appeler je cite: Mamie Oseille. Le cœur serré car oui, Jean Luc déteste quitter la ville de Paris et enfiler ses bottes pour aller voir les "provençaux", d'ailleurs au cabinet quand ses collègues lui ont demandé pourquoi avait il pris trois jours de congès il a tout bonnement indiqué qu'il partait à Saint Barth pour le mariage d'une cousine afin de ne pas instaurer un climat de peur quant à la peste et autre choléra qu'il serait susceptible de ramener de ce no man's land et puis aussi pour impressionner Caroline de la compta à qui il dédie régulièrement une feuille de Lotus la solitude du soir venu. Pourtant, l'aversion pour la consanguinité et les parties de pétanque n'a pas toujours été présente dans la vie de Jean Luc, il fut un temps où lui aussi violait des chèvres aux pis chauds et se prosternait devant la statue de Jean Pierre Pernaud sur la place du village, mais à l'âge de 21ans, alors aguerri d'un BTS vente et commerce et persuadé que le monde ne pourrait se passer de lui, il décide de faire comme ses deux principales sources d'inspiration dans la vie, à savoir Michel Onfray et Jean Marie Bigard, et quitte son trou pommé muni d'un sac à dos bourré d'ambition pour aller croquer la plus belle ville du monde à pleines dents. 
Il s'y installe et découvre les joies de la pollution, des aisselles qui puent dans le métro et des gens qui font la gueule, au contact des gens pollués il devient toxique et en oublie les mots bonjour, merci et pardon pour les remplacer par des onomatopées telles que avance connard, saloperie de suicider j'vais être à la bourre au taf ou encore vade retro sale provençaux.
Il en oublie petit à petit ses racines et le point de non retour est atteint ce fameux matin où il rentre dans une boulangerie et demande un PAIN AU CHOCOLAT à la boulangère. Après cela rien ne sera plus jamais pareil.
Seulement voilà, Jean Luc n'étant pas aussi drôle que Michal Onfray et intelligent que Jean Marie Bigard, il a du mal à se faire une place et son accent lui joue des tours. Pour noyer le poisson, il martèle qu'il est québécois, mais ne dupe personne, il est victime de discrimination raciale et est contraint d'accepter le poste de Jardinier que lui propose l'ambassade de Catalogne où il entretiendra tous les jours le tombeau d'un poète disparu nommé Manuel Valls. Il vit dans un studio de 9m2 à 1300euros par mois et à du mal à joindre les deux bouts. Mais le coup de grâce tombe quand les sarrasins envahissent la Catalogne et destituent le Roi, l'ambassade ferme et devient un sex-shop altermondialiste pour végans transgenre et le profil de Jean Luc n'intéresse pas les nouveaux actionnaires. Il se retrouve à la rue. Mais dans cette sombre descente au royaume des ténèbres, un dénommé Paul Emploi vient à lui et lui montre le bout du tunnel, il lui accorde pieusement son aide et c'est le cœur sur la main à l'instar de l'Abbé Pierre que ce mystérieux bienfaiteur lui dégote un job de récureur de chiottes dans un cabinet d'avocats. Il sort un temps soit peu la tête de la cuvette mais est toujours dans le besoin...
Alors le soir de ce coup de fil reçu où il est question de la fin proche de Mamie Mireille de Sainte Marie De Perpette Les Bains, il apparaît dans la tête de Jean-Luc une lueur d'espoir et cette chance-là, il est bien décidé à la saisir. Ni une ni deux, il réserve en ligne un billet d'avion pour rallier la contrée de son enfance.
Arrivé à la chambre d'hôpital, il est surpris de voir mamie oseille allongée le dindon à l'air sur son lit d'hôpital.
Bordel j'arrive trop tard, ils l'ont déjà momifiée... s'écrie Jean-Luc d'un air abattu.
- Vous êtes?
Jean-Luc se retourne et tombe sur l'infirmière.
- Jean Luc. Jean Luc Tasseur.
- Pardon?!!
- Jean Luc Tasseur! Son petit-fils!
- Mais pour qui vous vous prenez à vouloir enc...

- Jean Luuuuuuuuuc!!!
- Mamiiiiiiiiie!!!!!

Les retrouvailles sont émouvantes et ça redonne un peu de couleur à la peau nue de Mamie à qui le violet va à ravir. Elle n'a beau ne plus rien voir elle reconnaît l'odeur de son prétentieux tas de merde de petit-fils et ça lui donne un regain de vie. Alors Mamie, pourquoi on irait pas se balader dehors en fauteuil toi et moi? Avec plaisir gros tas d'merde.
Dehors, sous le soleil qui chante et les cigales qui slament, les deux âmes retrouvées rattrapent tout le temps perdu. Mamie Oseille raconte cette fameuse journée où Jean Luc encore tout bébé s'était fait baptiser au Pastis 51 maison, il montre la marque de brûlure qui trône sur son torse depuis tout ce temps et tous deux rient aux éclats, où encore cette fois tonton Pascal avait confondu Jean Luc avec ce Jeune veau au galbe évocateur et au poil soyeux et... 
Bref! Pourquoi t'es à poil mamie?
- Tes cousins sont venus chercher mes biens pourquoi? Tu voulais que je te garde les draps?
- Les ordures!
- Bah fallait se dépêcher, je vais bientôt crever tu sais.
- Tu saurais me dire quand à peu près?
- Oh t'as pas fini de récurer tes chiottes toi. J'envoie des bobards pour mettre un peu de piquant dans ma vie, tu sais, j'ai vu tous les Derrick une trentaine de fois et à part faire de l'art abstrait sur mon matelas et jouer au yoyo avec mon clitoris je me fais plus que chier ici.

À ces paroles le corps de Jean-Luc se crispe et une violente envie de meurtre traverse son esprit, il est à deux doigts de commettre l'irréparable.

- Alors j'y suis j'y reste, allez vous faire enculer les Tasseur!

Ce sont les paroles de trop, Jean-Luc se dirige vers une pente et pousse le fauteuil de sa grande mère de toutes ces forces, il écrasera une dizaine de cagoles en train de bronzer, trois d'entre elles exploseront au contact des roues sur leurs faux seins, le bilan matériel aussi sera conséquent puisque le feu se propagera et brûlera une bonne partie de la Camargue, contraignant des tribus entières d'indiens à migrer vers le Dakota du Sud.

Jean-Luc sera jugé pour Strike sur cagole, une pratique passible de trente ans d'emprisonnement dans le sud de la France, il prendra la sentence maximale. Il se verra aussi contraint de verser au peuple Indien des indemnités de départ et devra effectuer des travaux d'intérêts généraux dans toute la région de la Camargue à sa sortie de prison.

Il est à ce jour encore en prison et même si les chaumières de France peuvent encore couler des nuits paisibles, il reste encore des questions qui demeurent sans réponses.

Pourquoi les Parisiens sont cons? 
Qu'est devenu Manuel Valls?
Qui a volé l'orange du marchand?

Des questions qui, soyez en convaincus, demeurent en secret dans les adages du temps.

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