FAST FOOD RAP

Claude Zsurger

Courtisane dans l’âme, bretelles en chute libre, un vrai cadeau pour les voisins, quoi ! – mâtez-moi tout ce monde au balcon – je descends quatre à quatre les marches en priant pour ne pas glisser. Le rat du troisième – déjà le troisième ! - avec son haleine fétide, pas le temps de lui donner le temps de baver de toute façon il n’a rien vu – entendu le verre peut-être au moment de la chute ? – na kache, je m’en fous, pardon, ça y est çà passe, j’en étais où ? Ah oui le paquet qui brûle dans ma main droite, pas celle qui a coupé, celle qui tient les trucs. Juste eu le temps de les flamber au madère, à peine cuits. Ces tongues Kelian, putain ça glisse, mais c’est trop de rigueur, il les déteste ! Il m’a fait mal, le con un pain en pleine poitrine à l’instant où j’ai tranché je suis sur qu’il a cru que j’étais parti pour lui faire une gâterie – tu peux rêver – sa gueule quand il a vu le coupe choux – premier étage, j’espère qu’il n’y aura personne dans le hall. Bingo ! Mon reflet de folle dans le grand miroir – ah merde j’avais pas vu tout ce sang sur mes jambes – je m’en fous, on y est presque. Les rebeus du cinquième qui se garent, non ils se barrent, le grand qui me mate, chuis sure qu’il s’astique quand je me fais bronzer sur le balcon. Je pousse le portail je suis sur la pelouse, il est là, étendu, les bras en croix, comme endormi pour une petite sieste, sauf que son marcel passe du blanc au rouge à partir du nombril et qu’il a le calebard aux genoux. Et puis surtout y a une flaque la où il devrait y avoir son machin. J’ai pas fait de détails, mais le machin il est encore là-haut en fait. Moi, c’était les cojones qui m’intéressaient, et elles sont dans ma main, fumantes, accommodées, flambées dans le paquet d’alu que je défais. Je m’agenouille, j’espère une étincelle de vie – vvvvouiii ! – il gémit et il entrouvre les yeux. Joli môme, petit macho à sa maman, gentil t’as pas bougé depuis que t’as sauté, quatre étages, c’est pas haut, regarde ce que je t’ai apporté, tu vas aimer ! Je desserre ses mâchoires, il râle et souffle, j’attrape ses valseuses et je les introduis une à une dans sa bouche il a les yeux exorbités, ça coule le long de ses joues je me relève, m’arrange un peu, et je souffle enfin, chuis prête pour la réplique finale : "Je te l’avais bien dit connard que si tu me trompais, je te ferais bouffer tes couilles !"

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