femmes du monde
Bernadette Dubus
Femmes du monde
Au-delà des montagnes, sinistres dans la brume glacée, il est peut-être un monde. Peut-être un monde pour toi, pour moi. Femmes du monde, derrière des pans de foulards de soie aux couleurs criardes, des dessous affriolants pastels et dentelés, regardez au-delà des montagnes, traversez la brume sûrement pas si froide, ne rentrez pas chez vous ce soir. Vous voilà torrents égarés, fleuve sauvage, cascades de pieds nus, vos pieds devenus eau nourricière, colère éclatée, dévastatrice, flots d'amour et de rage rentrée.
Femmes, ne rentrez pas chez vous ce soir. Offrez-vous le monde. Monde de couleur moirée, blonde, rousse comme les feuilles d'automne, couleur de peau sombre ou claire au hasard des chemins qui se sont croisés il y a si longtemps que la terre a oublié la genèse de vos mélanges.
Au-delà des montagnes, le fleuve femme bondit, ravage, se calme, enfante, nourrit et se jette dans les bras de la mer.
Sous la pluie, un couple se déchire. Elle s'en va rejoindre l'eau qui lave la terre des hommes, va crever les nuages, rejoindre tous ces pieds nus dansant au gré du lit du fleuve indompté. Femmes, ne rentrez pas chez vous ce soir, rejoignez ce fleuve qui gronde, votre soif de changer le monde et de l'offrir à vos enfants, clair comme au premier jour.
Femmes, offrez-vous le monde, ne rentrez pas chez vous ce soir.
Au revoir chaînes et à jamais.
Un très beau texte !
· Il y a environ 5 ans ·nyckie-alause