Ferme les yeux et ouvre la bouche

       Lola m'avait montée la tête comme un soir de Saint Valentin, la main crispée autour du  cou j'aimais la regarder jouir avant la fin. J'ai cru la perdre parfois, envolée avec sa bouche grande ouverte et mes deux doigts au fond de sa gorge. J'ai vu la terre là-bas, et puis un jour plus rien.

         Lola me voulait fort et violent, je faisais de mon mieux pour ne pas faire semblant. Elle m'embrassait à grand coup de gueule, Lola ne voulait rien d'autre qu'un orgasme interminable. J'aimais la voir se déshabiller alors qu'elle n'avait même pas fini de pleurer, j'aimais la mettre à genoux et penser à toutes celles qui l'avaient été avant elle. Ma vie s'enflamme à grands pas et je m'en vais sans un bruit. Fuir ces dames et jouer au loup, deux trois rêves de gamin dans un monde à crétins.

        Et moi qui croyais que tout ça ne compterait pas. Et moi qui pensais qu'avec toi elle serait là.

        J'ai ramassé mon histoire sur un trottoir mal bétonné, j'ai voulu y graver mon nom, me montrer moins con, pour enfin me faire oublier. J'avais honte quelque part, la mort est hilare au pays des amants, en amont de mon art je m'y suis frotté sans jamais jouer au méchant. Il était une fois une petite conne, qui ne suçait que moi pour passion maladroite. Je crois que finalement c'est elle qui avait raison, à quatre pattes le monde change, et avec lui l'horizon. Un jour peut-être l'aiderai-je à se relever, l'écouter me raconter ses envies et lui tendre la main sans pour autant la gifler. Un jour peut-être retrouverai-je la mémoire, un frisson de plus au service de sa majesté.

       J'ai croisé des lettres et bouffé des Q, j'ai joué au maître dans un coin de ma rue. C'était plus facile à dire qu'à écrire, je crois que je m'en tape comme de ma première fois.