Floraison mortuaire

la-rouquine

Ce matin, j'ouvris les yeux, taraudée par un idée fixe, une idée sombre, lancinante, percutante, que le jour n'arrive pas à faire taire. Cette idée que malgré toutes les chaleurs, toutes les douceurs et même les bonheurs, la vie partie, ne reste que l'odeur pestilentielle que la mort exalte fièrement comme une triomphale victoire aussi puérile que futile. Un triomphe que la vie dissimule médiocrement par ses bouquets de pensées, inutiles à parfumer la pestilente persistance de l'acharnement qui décompose, et décorant partout du blason fleuri et coloré de celle qui vainc la détermination par l'usure; comme mourront, vidées de leur essence, les compositions recouvrant telles un linceul coloré les pierres froides qui dissimulent, en les exaltant, les restes décharnés dévorés par les vers, sangsues des tombeaux. Celle qui, de la fécondation à la floraison des cimetières, habille le monde de son omniprésence car de la vie, il ne reste jamais que la mort.

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